Ce week-end, grâce au festival d'un magazine bien connu, j'en ai profité pour voir deux films que j'avais raté cette année. Petite séance de rattrapage, donc, pour le meilleur et pour le pire. On commence aujourd'hui par le pire.
Mommy, Xavier Dolan
Quand il est sorti, je ne savais pas trop pourquoi, mais je n'avais pas plus que ça envie d'aller voir ce film, surtout c'était à une période où d'autres films me bottaient plus. Mais j'en ai tellement entendu (et lu) parler, par des gens de confiance qui plus est, que je me suis dit que c'était trop bête de passer à côté.
Alors, chers amis fans du film, vous resterez quand même mes amis, mais sur ce coup-là, je vous conseille d'arrêter tout de suite de lire cette chronique et d'attendre celle que je consacrerai à Dans la cour, d'ici quelques jours, parce que vous risquez de me détester d'ici quelques instants. En gros, je vais pas être tendre du tout avec ce film, d'abord parce que plein de gens ont été très gentils avec (un avis contraire, des fois, ça fait du bien), mais surtout parce que comme tous les films qui m'énervent foncièrement, il avait tout de même des qualités à mon avis complètement gâchées. Je vous l'avais déjà dit concernant Interstellar, pour moi, ce qu'il peut y avoir de pire qu'un mauvais film, c'est un film décevant.
Et là, je suis tombée de très haut puisque j'ai eu deux réactions assez particulières:
- Pas une seule larme. Oui, moi, la Madeleine des salles obscures, qui ait chialé devant 75% des films vus en salle cette année, je suis restée sèche comme une biscotte au sable devant Mommy. J'ai failli aller voir mon ophtalmo.
- Une irritation progressive qui a fait que j'ai fui la salle dès le début du générique de fin que je suis d'habitude jusqu'au bout, au moins pour connaître les titres des morceaux utilisés, mais là, y'avait pas besoin.
- Pas une seule larme. Oui, moi, la Madeleine des salles obscures, qui ait chialé devant 75% des films vus en salle cette année, je suis restée sèche comme une biscotte au sable devant Mommy. J'ai failli aller voir mon ophtalmo.
- Une irritation progressive qui a fait que j'ai fui la salle dès le début du générique de fin que je suis d'habitude jusqu'au bout, au moins pour connaître les titres des morceaux utilisés, mais là, y'avait pas besoin.
Pourquoi tant de haine, me direz vous? Pour deux raisons: l'écriture du scénario et surtout, surtout, la mise en scène que j'ai trouvée subtile comme un morceau de Motley Crüe.
Je m'explique. En ce qui concerne l'écriture, j'ai tout d'abord eu un problème avec la vraisemblance. Je suis désolée, mais je n'ai cru ni aux personnages, ni aux situations. Un gamin vole un caddie entier de bouffe et s'amuse sur le parking du même supermarché, sans que rien ne se remarque? La rédaction du courrier des cœurs est un job à plein temps (C'est où? Je postule!)? A Montréal, il y a une véritable pénurie de traducteurs français/anglais, au point qu'on soit obligé de faire appel à quelqu'un qui ne peut traduire un bouquin pour enfants sans son Harraps? Sérieux??? Une femme qui a eu un passé très bon chic bon genre se retrouve soudainement à mâcher ostensiblement du chewing-gum, en fumant clope sur clope, en pulvérisant du Wizzard à la gueule des gens (Ben oui, ma bonne dame, c'est ça le prolétariat!)? Dans un futur proche, les ados écouteront Eiffel 66 à fond les ballons? Non, vraiment, je pouvais pas.
Quant aux autres failles du scénario, elles sont nombreuses: la fin annoncée dès le panneau du début, dont l'argument n'est jamais réutilisé... avant la fin (Quel suspens haletant), une succession de scènes à forte tendance émotionnelle, sans réel retour au calme, phénomène TRES accentué par la mise en scène.
La mise en scène, parlons-en, me dire qu'on a simplement hésité avec le parfait Foxcatcher à Cannes pour le prix la célébrant me rend juste complètement dingue. Et si je n'ai pas vu le Godard, le fait qu'il ait partagé avec lui le prix du jury, j'ai du mal à le comprendre. Pour moi, j'ai vu ici une des mises en scène les plus maladroites depuis bien longtemps, pleine de tics arty, de mauvais goût et surtout, d'un truc que je déteste: la sur-signification.
Mais c'est quoi donc la sur-signification?
C'est quand un auteur (ça marche aussi pour les livres, la musique, ou toute œuvre artistique) te prend pour un débile et se sent obligé de tout t'expliquer. Les personnages réagissent à une situation? T'inquiète, ils vont bien prendre le temps de t'expliquer pourquoi ils le font. Une métaphore? Rhalala, et si tu étais trop stupide pour la comprendre? Heureusement, la sursignification est là pour que tu ne passes pas à côté de cette image métaphorique qui vise à désigner quelque chose par autre chose (moi aussi je peux être redondante si je veux).
Un exemple: Un jeune homme avance sur un vélo, en plein milieu d'une rue, bloquant une file de voiture derrière. Aie, difficile de deviner la métaphore, là, comme ça... Indice supplémentaire: il a les bras en croix et la tête rejetée en arrière. T'as toujours pas compris? Y'a de la musique hyper lyrique. Ah mince, tu bloques toujours? Et si le personnage se met à hurler de manière répétitive "Liberté", tu comprends la nuance? Et puis tiens, on aura qu'à utiliser un changement de format si ça suffit pas.
C'est quand un auteur (ça marche aussi pour les livres, la musique, ou toute œuvre artistique) te prend pour un débile et se sent obligé de tout t'expliquer. Les personnages réagissent à une situation? T'inquiète, ils vont bien prendre le temps de t'expliquer pourquoi ils le font. Une métaphore? Rhalala, et si tu étais trop stupide pour la comprendre? Heureusement, la sursignification est là pour que tu ne passes pas à côté de cette image métaphorique qui vise à désigner quelque chose par autre chose (moi aussi je peux être redondante si je veux).
Un exemple: Un jeune homme avance sur un vélo, en plein milieu d'une rue, bloquant une file de voiture derrière. Aie, difficile de deviner la métaphore, là, comme ça... Indice supplémentaire: il a les bras en croix et la tête rejetée en arrière. T'as toujours pas compris? Y'a de la musique hyper lyrique. Ah mince, tu bloques toujours? Et si le personnage se met à hurler de manière répétitive "Liberté", tu comprends la nuance? Et puis tiens, on aura qu'à utiliser un changement de format si ça suffit pas.
Quant au fameux "On ne change pas" qui passe au moment du film où tout semble prendre une tournure plus heureuse? Mais qu'est-ce que ça peut bien présager? Mystère....
Bref, les gros sabots, c'est pas mon truc, j'aime bien qu'un réalisateur ait un minimum confiance en mon intelligence.
D'autres points faibles: la sur-utilisation de la musique, qui en plus de ça, n'est pas toujours très agréable, alliée à des gueulantes incessantes: chez Dolan, on ne rit pas, on éclate de rire et on a les larmes aux yeux, on ne s'engueule pas: on se fout sur la gueule en hurlant des insanités. Au bout d'un moment, on a juste envie d'avoir un peu de silence. J'ajoute le flash-forward révoltant qui est une totale resucée de la dernière scène de Six feet Under, l'émotion en moins, le formidable "mais tout ceci n'était qu'un rêve" en plus. Et puis j'en remets une couche avec le montage alterné "évolution positive des personnages" digne de Team America. Bref, de quoi me faire grincer des dents pendant plus de 2h.
Et malgré cela, il y a des trucs à souligner: des acteurs très bons, hyper impliqués, qui sont les seuls qui puissent nous faire croire à tout ça. Il sont tous les trois fabuleux et s'il y a un prix que le film méritait à Cannes, c'est celui de l'interprétation. On a beaucoup parlé d'Anne Dorval qui est effectivement parfaite dans ce rôle de mère dépassée par les revirements de caractère de son fils, et une situation économique pas très joyeuse. Même si j'ai trouvé le personnage peu crédible et très caricatural, Anne Dorval arrive à insuffler une véritable énergie à celui-ci. Elle est impliquée jusqu'au bout de son nail art et n'hésite pas à donner beaucoup de sa personne. Mais personnellement, j'ai été bluffée par le jeune Antoine-Olivier Pilon, sosie de Macaulay Culkin (la référence à Maman j'ai raté l'avion a d'ailleurs été un de mes moments préférés du film) qui tient un rôle assez compliqué sur ses épaules. Il est tête à claques à souhait, mais arrive tout de même à donner beaucoup de tendresse et d'humanité à ce personnage qui est, en plus, le mieux écrit du film. Le petit génie de l'affaire, je le vois ici, dans ce gamin perdu qui a du mal à contrôler toutes les émotions qui l'assaillent. Quant à Suzanne Clément, je l'ai trouvée excellente dans ce rôle de femme brisée qui retrouve une raison de vivre en se liguant à ces deux largués, même si le rôle en lui-même manque encore, à mon avis, de nuances.
Et puis, ce qui m'énerve le plus avec Xavier Dolan, c'est que sa mise en scène heavy met en péril ses images. Parce qu'il n'y a pas dire, ce mec sait tenir une caméra, il sait construire un cadre, y placer ses personnages au mieux. Il y a une véritable maîtrise photographique et un potentiel de malade. La lumière est juste divine. Le premier plan sur Anne Dorval, c'est une magnifique déclaration d'amour. Mais qui veut trop embrasser, mal étreint...
En résumé, pour moi, Xavier Dolan devrait se mettre à la musique, la vraie, ou regarder 20 000 days on earth et ce pour plusieurs raisons:
- Déjà, ça lui éviterait de nous faire subir, à l'avenir, la super compil des pires titres des années 90 qu'on n'ose même pas aux mariages (en même temps, il a débuté avec un clip d'Indochine...).
- Ca lui permettrait de comprendre que le Fortissimo, ça ne marche vraiment que si il est mis en contraste avec du Piano. Si on a que du Fortissimo tout le temps... ça donne du Mötley Crue.
- Ca lui permettrait de voir que parfois, il vaut mieux se faire bien accompagner que tout vouloir faire tout seul. Il a déjà trouvé ses acteurs. A mon avis, il devrait travailler avec un co-scénariste, il pourrait avoir plus d'assise sur les personnages et avec les acteurs de dingue dont il bénéficie, le résultat serait magnifique.
- Le démonstratif et la virtuosité c'est bien, mais franchement, qu'est-ce qu'on préfère écouter? un solo avec plein de notes ou un beau morceau patiemment composé, équilibré et harmonieux? Perso, j'ai toujours préféré la (fausse) facilité d'un concerto de Mozart aux dissonnances audacieuses d'un opéra de Richard Strauss. Tout comme j'ai toujours été plus partisane d'une mise en scène classique et bien foutue d'un Clint Eastwood que de celle, plus révolutionnaire et tape-à-l'œil d'un Oliver Stone.
Mais ça, ça ne reste que mon avis... Allez, ne vous inquiétez pas, on reparle très vite d'un coup de cœur et je vais être plus sympa...
Et puis, ce qui m'énerve le plus avec Xavier Dolan, c'est que sa mise en scène heavy met en péril ses images. Parce qu'il n'y a pas dire, ce mec sait tenir une caméra, il sait construire un cadre, y placer ses personnages au mieux. Il y a une véritable maîtrise photographique et un potentiel de malade. La lumière est juste divine. Le premier plan sur Anne Dorval, c'est une magnifique déclaration d'amour. Mais qui veut trop embrasser, mal étreint...
En résumé, pour moi, Xavier Dolan devrait se mettre à la musique, la vraie, ou regarder 20 000 days on earth et ce pour plusieurs raisons:
- Déjà, ça lui éviterait de nous faire subir, à l'avenir, la super compil des pires titres des années 90 qu'on n'ose même pas aux mariages (en même temps, il a débuté avec un clip d'Indochine...).
- Ca lui permettrait de comprendre que le Fortissimo, ça ne marche vraiment que si il est mis en contraste avec du Piano. Si on a que du Fortissimo tout le temps... ça donne du Mötley Crue.
- Ca lui permettrait de voir que parfois, il vaut mieux se faire bien accompagner que tout vouloir faire tout seul. Il a déjà trouvé ses acteurs. A mon avis, il devrait travailler avec un co-scénariste, il pourrait avoir plus d'assise sur les personnages et avec les acteurs de dingue dont il bénéficie, le résultat serait magnifique.
- Le démonstratif et la virtuosité c'est bien, mais franchement, qu'est-ce qu'on préfère écouter? un solo avec plein de notes ou un beau morceau patiemment composé, équilibré et harmonieux? Perso, j'ai toujours préféré la (fausse) facilité d'un concerto de Mozart aux dissonnances audacieuses d'un opéra de Richard Strauss. Tout comme j'ai toujours été plus partisane d'une mise en scène classique et bien foutue d'un Clint Eastwood que de celle, plus révolutionnaire et tape-à-l'œil d'un Oliver Stone.
Mais ça, ça ne reste que mon avis... Allez, ne vous inquiétez pas, on reparle très vite d'un coup de cœur et je vais être plus sympa...