dimanche 25 juin 2017

Le petit locataire: sans préavis



Grâce au site Cinétrafic, j'ai pu découvrir en DVD le film de Nadège Loiseau, le Petit locataire, sorti en DVD le 21 mars chez Diaphana

On va pas se le cacher, en matière de comédie, je fais souvent la fine bouche devant la production hexagonale. J'ai tendance à trouver qu'elle a bien du mal à se renouveler, qu'elle ne sait que ressasser depuis des décennies la lutte des classes, ou des sexes, ou des générations comme seul ressort comique, comme si c'était la seule chose qui pouvait marcher (et, malheureusement, au vu des entrées de ce qui se fait dans le genre, les chiffres sont effectivement souvent du côté de la médiocrité). J'ai tendance à me réfugier volontiers vers d'autres clichés, outre atlantique, beaucoup moins distingués, mais beaucoup plus efficaces à mon sens: les grosses dumb comedys, représentées plus ou moins dignement par Will Ferrel, Tina Fey, Ben Stiller, Judd Apatow, Jim Carrey ou Amy Schumer.



Mais parfois, souvent, même, des films viennent me rappeler que ma vision de la comédie, est aussi TRES stéréotypée. Et Le Petit Locataire fait partie de ceux-là.

Le petit locataire en question, c'est l'embryon qui s'invite par surprise chez une femme de quarante neuf ans, Nicole, qui n'est pourtant pas en manque de responsabilités. Elle doit gérer un quotidien pas bien brillant, entre un fils devenu matelot et parti en mer, une fille précoce en ce qui concerne sa maternité, mais pas vraiment pour le reste, une petite-fille au langage fleuri mais au mal-être certain, un mari au chômage complètement découragé, une mère atteinte d'alzheimer à domicile, et un taf pas folichon de caissière de péage pour supporter tout ce petit monde. Alors quand se qu'elle pensait être la ménaupose se révèle être l'annonce d'une naissance à venir, elle ne saute pas de joie en pensant à la baby shower party qu'elle va pouvoir organiser avec ses copines.



Si Le petit locataire est bien une comédie, il reste ancré dans une réalité pas très jouasse, et cette amertume est la bienvenue. J'avoue en avoir franchement marre des comédies françaises qui se moquent des pauvres, parce que les gens qui n'arrivent pas à joindre les 2 bouts, c'est forcément des ploucs vulgaires qui n'ont ce qu'ils méritent. Ben oui quoi, entre la famille Groseille et les Tuche, c'est aussi marrant de rigoler de la grossièreté et la débilité du prolo que de se gausser du cul-serré des bourgeois dans les Visiteurs. Bien heureusement, Nadège Loiseau, qui réalise le film et qui l'a écrit avec Fanny Burdineau et Mazarine Pingeot, cherche avant tout à créer un personnage crédible.

Et avec Nicole, c'est plutôt réussi. Cette femme au bord de la crise de nerf et c débordée par ses responsabilités et ses hormones, on y croit instantanément. C'est en grande partie dû à l'écriture plutôt naturelle des situations et des dialogues, mais il faut dire que Karine Viard, dont je ne goûte pas toutes les interprétations, fait ici un travail plutôt nuancé, qui fonctionne très bien avec celui des autres comédiens, et en particulier celui de Philippe Rebot, qui apporte beaucoup d'émotion à ce père frustré par l'échec. Malheureusement, tous les acteurs ne sont pas à la hauteur, notamment Manon Kneusé, qui joue la fille et mère adolescente, qui échoue à chacune de ses répliques. Il y a là quelque chose qui ne marche vraiment pas, d'abord parce que toutes ses répliques qui veulent "faire jeune" sonnent toutes invariablement faux, et qu'en dehors d'être un personnage pas très aimable, la comédienne ne lui apporte pas vraiment assez d'humanité pour la sauver, chacune de ses apparitions est agaçante. C'est très dommage, surtout dans un film où certains rôles mineurs créent immédiatement de l'empathie: l'infirmier québécois Toussaint (Antoine Bertrand), le collègue du péage Damien (Côme Levin), la coach de gymnastique Jackie (Nadège Beausson-Diagne).


Il y a donc bien un mélange plutôt équilibré ici entre drame social et comédie familiale. Et dans un cas, comme dans l'autre, on ne pousse pas trop vers le caricatural, et on sait atteindre l'émotion dans les petites choses. Il y a tout de même les scènes qui sont là pour susciter l'émotion, les déclarations impromptues, la mort et la vie qui cohabite, les prises de conscience soudaine. Mais c'est dans les scènes les plus quotidiennes que le film fonctionne le mieux. Dans la tragi-comédie d'un remplacement oublié, dans la sexualité matrimoniale contrariée, les repas où l'on rumine...



En dehors du scénario de comédie douce-amère, j'ai aussi apprécié l'aspect esthétique du film. Ben oui, c'est tellement rare dans la comédie, notamment française que quand ça arrive, ça a le mérite d'être souligné. Ici, épaulée par Julien Roux à la photographie, Nadège Loiseau apporte de la couleur à une situation qui pourrait parfois être tout simplement sinistre. Tout comme elle injecte dans une histoire anxiogène beaucoup d'amour et d'humour, elle éclaire un quotidien somme toute assez grisâtre par des touches de pastel, plus ou moins intense (souvent du bleu et du rose, d'ailleurs). Elle crée ainsi une véritable respiration, offre un espace au rêve et à l'optimisme. Et quand les temps sont durs, et ils le sont souvent, cela fait toujours du bien de voir des bulles colorées s'élever.



http://www.cinetrafic.fr/top-film-braquage
http://www.cinetrafic.fr/top-film-de-combat

6 commentaires:

  1. Je suis passé à côté de ce film mais je pense qu'une séance de rattrapage s'impose. =)

    Merci pour la chronique rafraîchissante en tout cas.
    Bonne fin de dimanche

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    1. Merci! Rafraichissant, c'est aussi un terme qui fonctionne parfaitement avec ce joli film

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  2. C'est une comédie plutôt sympa, avec une excellente Karine Viard. Mais j'ai quand même été un poil déçue, je l'attendais plus douce amer que cela :)

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    1. Moi je la pensais plus douce que ça. Mais au final, j'ai bien aimé le côté un peu désespéré de l'histoire

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  3. J'aime beaucoup Karine Viard mais je ne l'ai pas vu celui-ci.

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    1. J'avoue que je suis souvent partagée quant aux interprétations de Karine Viard. Mais dans ce film, je l'ai vraiment trouvée juste et touchante

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