vendredi 14 mars 2014

Le podcast des outcasts


Pour ses trajets quotidiens, chacun ses petites habitudes. Personnellement, comme j'y passe pas loin de 2h par jour, autant que ce soit productif. Du coup, je télécharge des émissions de radio que j'ai pas forcément le temps d'écouter chez moi pour en profiter dans les transports en commun. J'ai l'impression de perdre moins de temps et c'est plus simple à utiliser qu'un bouquin en marchant.

Du coup, j'ai pas mal d'émissions fétiches, et celle dont je voudrais vous parler aujourd'hui, c'est probablement mon émission favorite, bien que trop largement méconnue: Mauvais Genre

Alors là vous allez me dire "France culture, cette radio d'intello qui se la pète avec des lectures d'obscurs auteurs?" Oui, oui, celle-là même. Mais attention, Mauvais Genre, comme son nom l'indique, c'est pas une émission prout prout bien propre sur elle. Non, Mauvais Genre, c'est l'émission des genres dit "sous-genres", de ceux qui fuient l'Académisme et qui sont un rien voyou, de ceux pour lesquels on avouait auparavant du bout des lèvres son goût, comme d'un plaisir honteux et qu'on peut à présent clamer haut et fort: la Science-fiction, le polar, le fantastique, l'horreur, l'érotique, la série B à Z, le western, le manga... Tous ces genres longtemps décriés et qui sont aujourd'hui reconnus à leur réelle valeur culturelle.

Bref, Mauvais Genre est un délice, un trésor pour tous ceux qui comme moi, vénèrent autant Philip K. Dick que Virginia Woolfe et John Carpenter que John Ford. Les émissions durent deux heures et il faut bien ça pour que les participants arrivent à épuiser des sujets aussi divers que "Planète Sade: Le Japon", "L'ouest, le vrai" "Le zéro et la folie", "Noel noir" ou "Un Gabin, sinon rien". D'autant plus que les participants, c'est pas des chroniqueurs de télé, mais des vrais passionnés, parmi lesquels LA REFERENCE en la matière, mon héros, mon Gandalf à moi, Sieur Jean-Pierre Dionnet. Vous vous souvenez peut être de lui si vous avez vu, il y a quelques temps déjà, l'émission Cinéma de quartier sur C+. Ce type est la banque de données la plus incroyable sur les mauvais genres, et il adore en parler longuement, de sa voix hallucinante et ultra radiophonique, qu'on dirait  écouter une bande annonce des années 50. Il y a aussi souvent le nouveau gourou pop Pacôme Thiellement,  un analyste fou qui peut aborder n'importe quel sujet en le rendant passionnant. Il pourrait te faire aimer La ferme des célébrités, en y voyant le Sunset Boulevard des temps modernes, je te jure.

Donc une émission où l'on parle très sérieusement de la fantasy, par exemple, ou de la figure du savant fou, avec des interviews magistrales (si vous avez l'occasion d'écouter celle de Kent Anderson, l'auteur Pas de saison pour l'enfer sur son expérience au Vietnam, c'est saisissant). Pour tous les "geeks" de ces genres auparavant décriés, c'est le bonheur, et ce dès le générique de début, où l'on entend les halètements d'une femme poursuivie, des cris perçants et un rire maléfique. On sait tout de suite qu'on pénètre dans l'antre des délices cachés aux yeux de la bonne société...

Et un frisson pour prendre le métro, une salve de mitraillette en faisant le ménage, un gémissement de plaisir en traversant la rue, écouter Mauvais Genre n'importe où, c'est une petite douceur personnelle assez inégalée...


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