Grâce au site Cinetrafic qui, en cette fin d'année, présente ses coups de cœurs 2015 et les sorties ciné 2016, j'ai eu la possibilité de découvrir, en DVD, le film La Belle Promise, la première réalisation de fiction de la scénariste Suha Arraf (La fiancée Syrienne, Les citronniers).
La Belle Promise (j'avoue y préférer le titre original Villa Touma, beaucoup plus parlant à mon avis, et moins gnan gnan) raconte l'histoire de la jeune Badia (Maria Zreik), une orpheline recueillie dans une belle maison à Ramallah , un peu à contre-coeur, par ses tantes, aristocrates palestiniennes chrétiennes, qui ont pratiquement tout perdu au lendemain de la guerre des six jours, si ce n'est leur maisons et leurs très bonnes manières. Les trois sœurs vivent recluses dans leur maison, portant les mêmes tenues que dans leurs plus jeunes années, et ne laissent rien pénétrer du tumulte du monde qui les entoure. A l'arrivée de Badia et de ses jeans, tout va changer. Badia va devoir devenir une parfaite fille de bonne famille et une promise idéale, et les 3 sœurs vont bien devoir s'ouvrir sur le monde extérieur.
Décidément, avec Mustang et Notre petite sœur, 2015 aura été l'année des frangines, du gynécée et du sista powa, mais les personnages féminins intéressants n'étant pas toujours légion, on ne va pas s'en plaindre. Le scénario La Belle Promise se situe d'ailleurs bien entre les deux films, entre la réclusion et la volonté de marier à tout prix de Mustang et l'arrivée d'une nouvelle sœur dans Notre Petite sœur. Pour moi, le film n'atteint pas le lyrisme du premier, ni la tendresse profonde du second, mais reste un très joli film. Sans être un gros coup de cœur, j'avoue l'avoir apprécié sur de nombreux points.
Tout d'abord, le scénario assez resserré (le film dure 1h22) de La belle promise est assez bien écrit. On a, en très peu de temps, la possibilité de vivre une période avec la famille grâce à une alternance de scènes de la vie quotidienne et de scènes dramatiques, qui nous font percer l'intimité des personnages et leurs conflits. Les personnages sont assez bien écrits, on apprend peu à peu à les découvrir et avec une belle économie du scénario, Suha Arraf nous permet de les approcher, de mieux les comprendre et les apprécier.
Il faut dire que la réalisatrice peut ici compter sur un bon casting: Nisreen Faour campe une Juliette aux allures de gouvernante délicieuse de rigidité, Ula Tabari joue une Violette torturée, la jeune Maria Zreik, pour qui c'est un premier rôle, apporte une belle innocence et fragilité à son personnage et surtout, la belle Cherien Dabis (réalisatrice d'Amerrika et May in the Summer) illumine complètement le film dans le rôle d'Antoinette, personnage solaire à la jeunesse sacrifiée, ressurgissant grâce à la présence de Badia.
Le ton du film est difficile à cerner: on est entre la comédie sociale, le drame familial et la tragédie. On rit parfois de bon cœur (par exemple quand Juliette, avec tout le dédain dont elle est capable, déplore qu'aujourd'hui, tout le monde puisse avoir du diabète, la maladie étant réservée aux seuls aristocrates dans le bon vieux temps) et on peut être aussi très émus. Le souci, c'est qu'on peut avoir un peu de mal à se situer dans ce mélange des genres qui rend l'harmonie générale du film parfois assez bancale.
La réalisation est somme toute assez classique, mais ne manque pas de subtilité, et la lumière est assez belle, mettant bien en évidence l'opposition entre l'univers claustrophobique de l'intérieur de la maison et la clarté de l'extérieur.
Sans être un chef d'œuvre, La Belle Promise reste cependant un joli premier film, et je vais désormais m'intéresser de plus près à Suha Arraf qui fait ici des débuts prometteurs derrière la caméra.
Le DVD
Edité par KMBO Editions, le DVD sorti le 3 novembre se présente dans une belle pochette cartonnée en getfold (oui, je parle en vinyl), un détail que j'apprécie toujours face aux pochettes plastifiées.
Dans les bonus, on peut retrouver une interview de Suha Arraf , très intéressante puisqu'on y découvre comment elle en est arrivée à la réalisation, les difficultés (notamment pécunières) qu'elle a rencontrées, et la génèse du scénario, qui est une belle histoire. Il y a aussi des scènes coupées tout à fait pertinentes. J'avoue même que j'aurais aimé les voir dans le film, car elles apportent pour certaines, plus d'émotion et d'informations, notamment pour le public que nous sommes, pas forcément au fait de la société palestinienne.
La seule chose que j'ai regrettée, c'est que le doublage ne soit proposé qu'en Français, ce qui peut être dommage si l'on souhaite faire découvrir le film à des amis non-francophones. Une version anglaise aurait été bienvenue.
Ton joli billet me donne envie de découvrir ce film. J'en prends bonne note !
RépondreSupprimerMerci, c'est une jolie découverte
SupprimerEncore une totale découverte qui titille ma curiosité.
RépondreSupprimerLa première photo est pleine de ̶p̶r̶o̶m̶i̶s̶e̶s̶ promesses...
Je savais que la vision d'aiguilles à tricoter ne pouvait te rendre indifférente ;-)
SupprimerTotale découverte pour moi aussi, et j'en suis assez contente
Je crois que je vais me laisser tenter!!!
RépondreSupprimerTu peux! C'est un joli film, même s'il a quelques défauts
SupprimerJe ne me souviens pas d'avoir entendu parler de ce film… mais j'aime beaucoup le cinéma oriental (avec une préférence pour l'israélien). il faut que je vois cette Belle promise, elle m'interpelle! des bises
RépondreSupprimerMoi, j'avoue un gros faible pour les comédies musicales égyptiennes des années 40-50, à la grande époque, mais il est très difficile de s'en procurer (j'aimerais tellement que les maisons d'éditions s'y intéressent). Mais je pense que ce joli petit film mérite d'être vu
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