jeudi 14 avril 2016

Summer: l'éveil et l'envol



Grâce au site Cinétrafic (qui le recense parmi les meilleurs films traitant de l'homosexualité et sous les thèmes du cinéma gay et lesbien),  j'ai pu découvrir un film que j'étais très curieuse de voir à sa sortie en salles en 2015, mais que j'avais raté parce que parfois, je suis une sacré flemmarde qui a du mal à se bouger le derche même quand elle sait qu'un film a peu de chance d'être diffusés sur plusieurs semaines (et le pire dans tout ça, c'est que j'habite Lyon et que je suis à maxi 20 minutes à pieds d'au moins 4 cinémas). Bref, j'ai finalement pu voir le film lituanien Summer, d'Alanté Kavaïté.

Summer, comme son nom l'indique, raconte un été, un été très important pour la jeune protagoniste, qui répond au joli nom de Sangaïlé. Sangaïlé ne pète pas la forme: sa mère, une ancienne ballerine, lui reproche d'avoir brisé sa carrière, elle se scarifie, bref, elle ne se sent pas très bien dans sa peau. Et à première vue, ce n'est pas en passant des vacances près d'un lac alimenté en chaleur par une centrale électrique qui devrait y changer quoi que ce soit. Oui, mais pas cet été. Parce que cet été, elle se rend à un show aérien où, en plus d'observer des avions qui l'obsèdent, elle va rencontrer Auste, qui semble être son parfait contraire. Elle vont se lier d'une amitié qui va bientôt se transformer en histoire d'amour.



J'avais entendu parler de ce joli film chez les copains de blogs, qui louaient notamment le charme de l'image d'Alanté Kavaïté et la sensualité de ce long métrage. Sous cet angle-là, j'avoue ne pas avoir été déçue. Alanté Kavaïté sait créer de belles images, souvent poétiques. Pour son second long métrage, elle a su se faire épauler par un chef opérateur qui a déjà souvent fait ses preuves, Dominique Colin, qui a déjà exercé ses talents à plusieurs reprises chez Cédric Klapisch et Caspar Noé. Il trouve ici la lumière juste pour ce film. Une belle lueur d'été, douce, mettant en valeur des pastels bleus et roses, créant une atmosphère intime et délicate pour cet amour naissant, sublimant les grains de peau des jeunes actrices.

Et les images imaginées par Alanté Kavaïté sont souvent très belles, l'attention étant portées à chaque détails présents dans le cadre, et aux décors, souvent naturels: une cantine vide qui accueille un premier échange sucré, un premier baiser au crépuscule dans des robes de fées, une lutte amoureuse dans les bois, des regards autour d'un feu de bois et des cigarettes échangées près d'un lac, une chambre lilas, pleine de trésors et de découvertes, une sobre chambre de bois aux murs esseulés...



L'histoire, si elle n'est pas d'une originalité folle et qu'elle tient sur un quart de feuille A4 (vous savez, le format des interros express surprise) fonctionne plutôt bien, et je pense que c'est surtout dû au deux jeunes actrices qui sont particulièrement investies et absolument charmantes. Julija Steponaitite, frêle et diaphane, campe à la perfection la fragile et secrète Sangaïlé, mal dans sa peau, éthérée comme les cieux qu'elle rêve de toucher et qui, grâce à Auste, va découvrir qu'elle possède la force et la volonté de réaliser ses rêves. Face à elle, la formidable Aiste Dirziuté (c'est dans des moments comme ça que je suis bien contente d'écrire et pas de faire un podcast), sous ses faux-airs de Maggie Gyllenhall, est absolument merveilleuse dans le rôle de la rayonnante Auste. C'est un joli personnage un peu extraverti, très créatif, mais surtout très généreux. On sent que des deux jeunes femmes, l'amoureuse, c'est elle, qui s'investit et donne sans compter. La scène où, patiemment, avec amour et dévotion, elle patronne et coud pour sa bien-aimée m'a réellement émue.

Et en ce qui concerne la sensualité, c'est sûr, elle est bien là. Cela reste assez éthéré et peut parfois manquer de corporalité. Mais Alanté Kavaïté parvient parfaitement à nous faire partager une expérience sensorielle: tout est histoire de peau, de toucher, de soupirs. C'est d'un érotisme peut être un peu suranné, mais assez envoûtant, notamment grâce aux lumineuses actrices qui savent nous faire partager ce trouble adolescent.

 
Le DVD

Sorti le 17 février et édité par Outplay, le DVD propose uniquement la version original en lituanien avec des sous-titre français. J'ai beau militer pour la VO, j'avoue que j'aime toujours bien avoir des sous-titre en Anglais pour voir le film avec des amis qui ne sont pas francophones (ou lituanophones, dans ce cas précis).
Peu de bonus, mais plutôt intéressants:
- Les photos d'Austé: c'est assez anecdotique, mais comme on les voit très vite dans le film, on peut ici apporter plus d'attention
- Le court-métrage d'Alanté Kavaïté Trois ans plus tard: une interview des deux jeunes personnages de Summer, trois ans après leur été. Ce film permet d'apporter un éclairage supplémentaire sur les personnages et leur relation. Cela permet de combler des questionnements qu'on peut avoir sur les personnalités des deux filles (notamment sur Sangaïlé, qui reste un personnage assez opaque). Même si j'aurais préféré que le long-métrage travaille plus à me les faire comprendre, ce petit film reste intéressant.
-Le moyen-métrage d'Alanté Kavaïté How we tried a new combination of light: un film-poème inspiré d'une pièce symphonique d'Olivier Mellano. Un peu trop conceptuel et abstrait pour moi, mais la musique et les images sont belles. Difficile pour moi d'accrocher, mais à le regarder comme j'écoute parfois de la musique, c'est à dire en faisant autre chose en même temps, c'était tout de même assez agréable.









10 commentaires:

  1. Une romance qui a l'air mignonne :).
    Bisous à toi!
    https://lachambreroseetnoire.wordpress.com/2016/04/13/adamas-maitre-du-jeu-de-laurent-ladouari/

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  2. Je t'avoue que ce genre de film est loin d'être ma tasse de thé. Mais! Ton article me donne envie de tenter l'expérience quand même. D'après ce que tu dis le film à l'air assez joli sans trop de clichés, alors soyons fous!

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    1. C'est tout à fait charmant, et les images sont très belles. Ce n'est pas à mon avis un chef d'œuvre, parce que je trouve le scénario assez léger, mais c'est très agréable.

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  3. Ton billet me donne envie de découvrir ce film dont j'ignorais tout avant de venir ici. Il n'y a pas toujours besoin d'histoires compliquées bourrées de rebondissements pour faire un bon film. Et comme je suis sensible à la photo, je pense qu'il pourrait me plaire.
    Merci pour la découverte !

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    1. Merci! Si tu aimes la photo, avec ce film, tu seras comblée, elle est vraiment très belle.

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  4. Dans le même style j'avais beaucoup aimé My Summer of Love, qui fait dater d'une dizaine d'années maintenant; un très joli film britannique, avec l'encore méconnue Emily Blunt.

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    1. Dis-donc, je suis passée complètement à côté de ce film. Du coup, j'ai regardé la bande-annonce, ça donne franchement envie de le voir (rien que pour la bo de Goldfrapp), mais il semble y avoir un côté thriller qui n'est pas du tout présent dans Summer

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    2. Oui il y a un petit mystère, mais rien de très extraordinaire. En fait, le personnage d'Emily Blunt est une affabulatrice. La bande-son mlèle Édith Piaf, Swan, Saint-Saëns.. vraiment tu vas aimer, c'est une vraie douceur ce film. Un très bon souvenir.

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    3. Je le rajoute sur ma liste...

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