mardi 10 mai 2016
Fantasia, vous avez dit fantastique?
Grâce à l'opération DVD Trafic du site Cinetrafic, (qui vous propose notamment une sélection du cinéma d'Asie et des films qu'on peut voir cette année au cinéma) j'ai pu découvrir le film Fantasia, de Wang Chao, dont le pitch qui promettait un mélange de film social et film fantastique, m'avait attirée.
Autant le dire tout de suite, ce billet risque d'être très court, parce que j'avoue être passée plutôt à côté de ce film chinois. Et je dois dire que (fait rare), me voilà bien embêtée pour vous en parler.
Je peux déjà vous présenter ce drame familial. Une famille, donc, dans une ville industrielle chinoise. Le père travaille à l'usine, la mère vend des journaux, le fils va au lycée et la fille a un petit ami fan de jeux vidéo et en contact avec la pègre. Tout va à peu près jusqu'au jour où l'on diagnostique, chez le père, une leucémie.
En fait, je pense que ma perplexité vient surtout de la manière dont le film est présenté. Le pitch présent sur la jaquette (et oui, je parle encore en VHS) met en avant la fuite de l'ainé vers "un monde rêvé, un monde fantasmatique, un monde de fantaisie." On s'attend donc à une forte part de fantastique ou de merveilleux dans le film. Or il est à mon avis très peu présent, sauf à la fin du film. Du coup, si l'on s'attendait à un film fantastique, c'est très mal barré. On est bien là face à un film social avant tout, avec une légère incursion dans le rêve. D'ailleurs si l'on regarde l'interview de Wang Chao, il explique que l'idée de rajouter un peu de fantastique lui est venue au moment du tournage et qu'elle n'était pas dans le scénario de base.
Du coup, d'une, j'ai été déçue parce que le film ne correspondait pas à la promesse qui en était faite, mais en plus, j'ai trouvé que ces scènes de "fantaisie" ne fonctionnaient pas du tout. On sent effectivement l'effet hansaplast de ce truc qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et qui pour moi, ne se raccorde pas vraiment avec le reste du film. Donc, là-dessus, j'ai déjà été très décontenancée.
Après, en ce qui concerne le cœur du film, c'est à dire le film social, je trouve qu'il y a des choses plus intéressantes. On rencontre une Chine industrielle qui survit parfois difficilement, loin de l'image de locomotive qu'on essaie de nous montrer. On y voit des usines se dépeupler, et, dans les hangars déserts résonnent l'annonce des camarades qui ont "glorieusement été licenciés". Et on voit combien l'absence d'un système social peut détruire plusieurs vies.
C'est d'ailleurs sur ce dernier point que le film fonctionne le mieux, la dénonciation de cette absence, et l'indifférence envers les malades. Quand la mère décide de payer le traitement du père, elle est d'abord aidée par l'employeur de son époux, mais bien vite, elle doit trouver des financements elle-même, et quand elle recherche à être épaulée, on lui fait bien comprendre que l'issue de la maladie étant la même, cet investissement ne paraît pas judicieux. C'est là que Wang Chao touche juste, sur rationalisation de la douleur et de la souffrance, et le constat qu'il en fait est bouleversant, puisque chacun des personnages en voit sa vie ébranlée.
Cependant, le film se perd dans de nombreuses scènes sans véritable importance ou charge émotionnelle. Il est très court (1h26) et pourtant le temps semble s'étirer et j'ai eu du mal à réprimer certains bâillements. Je pense que ce film aurait largement gagné à être coupé (notamment de sa partie "fantastique") pour devenir un moyen métrage. Ainsi, le délitement de la cellule familiale bouffée par la maladie de l'un d'entre eux aurait eu plus de poids, parce qu'on a quand même de très belles scènes dès qu'on touche à cette intégrité familiale qui s'effrite: un dernier anniversaire, une discussion entre mère et fille autour de haricots à écosser, un face-à-face père fils dans un troquet.
Le DVD
Il est sorti le 4 mars 2016 et édité par Blaqout (qui a aussi une page Facebook). J'apprécie assez la pochette cartonnée de ce DVD qui est assez belle.
En ce qui concerne le contenu, je le trouve assez faible: une courte interview du réalisateur et une version originale sous-titrée uniquement en français pour le film.
Le cinéma asiatique a l'air de contenir plein de pépites que je n'ai pas encore découvertes.
RépondreSupprimerBisous à toi!
Je ne considère pas celui-ci comme une réelle pépite, mais il reste intéressant.
SupprimerJe me sens moins seule. Je suis passée à côté de ce film pourtant le pitch avait tout pour me plaire. J'ai trouvé le film très froid et je me suis pas mal emmerdée. Et tu as raison, on le cherche le fantastique mais on a bien du mal à le trouver :(
RépondreSupprimerPareil, je pense qu'il y a eu un souci sur la communication de ce film. Telle quelle, ceux qui sont intéressé par le pendant fantastique seront bien déçus et ceux qui le fuiront justement à cause de ça et qui pourraient pourtant être le public le plus à même de correspondre au film passeront à côté.
SupprimerBon, au moins nous savons à quoi nous en tenir.
RépondreSupprimerMerci de nous parler également des films que tu as moins ou pas aimés, d'avoir évoqué les fameuses "jaquettes" et enfin de m'avoir fait découvrir "l'effet hansaplast".
Dis donc, c'est vrai que ça faisait un moment que je n'avais pas vu un film qui ne m'avait pas vraiment plu. D'un côté, c'est chouette, parce que ça veut dire que j'ai assez bien géré ma sélection de films à voir, ce qui est quelque part, peut être une preuve de maturité. D'un autre côté, je reste un être humain et j'avoue prendre parfois un malin plaisir à démonter un film qui m'a vraiment énervée. Celui-ci ne valait pas non plus un gros coup de gueule, parce qu'il n'est finalement "pas si pire". Mais c'est vrai que cette année, je n'ai pas encore trouvé ma némesis filmique. Mais je ne perd pas espoir...
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