jeudi 29 décembre 2016

Le ciné-club de Potzina: Samourai cop, formidaube!




Lorsque Rose Prune du blog La Chambre Rose et noire, pour le dernier Ciné-club de Potzina, a proposé le thème "Plaisir coupable", je n'ai pu m'empêcher d'afficher un large sourire. Les plaisirs coupables cinématographiques, j'en fais la collec! J'en ai plein la DVDthèque et je m'y voues sans vergogne et sans vraiment de culpabilité. Autant dire que cette fois-ci encore, j'avais masse de choix entre ma passion pour les teen movies, ma gourmandise pour le masala, mon amour pour la grosse comédie US, mon penchant pour le gore, et mon appétit pour les nanards, ou encore ma relation amour-haine avec le cinéma d'Eric Rohmer (un jour, faites-moi penser de vous sortir ma grande théorie basée sur "Rohmer, c'est comme Hélène et les garçons").

(Pour rappel, si tu sais pas ce qu'est le ciné-club de Potzina, tout est ici. On est gentils, on aime bien bien qu'on nous conseille plein de films, et on attend avec impatience que toi, bloggueur ciné, tu nous rejoignes!)

Du coup, j'ai décidé de partager avec vous mon plaisir coupable préféré, la chose filmique la plus whatthefuck du monde, le plus grand de tous les nanards: Samouraï Cop.



Avant d'être le film culte qu'il est devenu aujourd'hui, Samouraï Cop, plus qu'un plaisir coupable, était un plaisir d'initié. Il y avait le cercle secret des gens qui avaient vu Samourai cop et qui en possédait une copie. Pour cela, il fallait entrer dans le cercle et posséder les bases: un lecteur VHS (parce que le film ne tournait que sous ce format là), un certain goût pour les mauvais films, et des abdos à toutes épreuves (la première vision, en particulier, déclenche souvent chez le spectateur non averti des crises de fous rires qui peuvent être fatales à des zygomatiques peu entraînés). Pour moi, et pour mes potes, l'initiation s'est faite grâce à Guillaume, mon coloc de l'an 2000, qui nous a fait entrer dans ce monde incroyable, et que je ne remercierais jamais assez. Comme tout rite d'initiation, la chambre était sombre, le climat lourd, le téléviseur au centre de nos dévotions. Nous avons commencé par observer une jacquette de la plus haute qualité esthétique (qui s'avérera n'avoir strictement rien à voir avec ledit film) puis le lecteur a englouti la K7 (putain, toute une époque), et, après une série de bande-annonces René Château Video (non mais putain, quelle époque) déjà pas piqué des vers, nous avons tous eu l'illumination, convertis en 96 minutes. Depuis, nous sommes tous devenus des missionnaires et, comme tous ceux qui ont eu la VHS sous la main, nous l'avons montré à autant de gens que possible. Alors si tu te poses des questions sur ta raison de vivre dans ce monde de fou, si tu t'interroges sur les origines de l'humanité, si tu cherche la réponse à LA question et que tu n'as toujours pas vu Samourai Cop, suis-moi: ta vie va changer!

Ta vie va changer, parce que déjà, au lieu de poser des questions existentielles auxquelles tu n'auras jamais de réponse, tu vas te poser des questions pas forcément existentielles auxquelles tu n'auras peut-être jamais de réponse non plus (sauf si tu vas voir la formidable interview de Matt Hannon, mais attention, ne la voit pas avant le film, ça va gâcher ton expérience mystique!):
- Comment ce film a-t-il pu un jour exister?
- Qu'est-ce que c'est que ces perruques?
- Mais qu'allaient-ils faire dans cette galère?
- C'est quoi leur drogue?
- Mais c'est pas un faux-raccord, ça?
- Tu peux mettre sur pause? J'en peux plus là!
- C'est quoi un katana?
- Comment donner une impression de vitesse aux courses-poursuites et aux bastons?
- C'est quoi cette tête de lion?
- Mais sérieux??????



En fait, je me dis qu'il ne faut pas vous en dire trop finalement sur ce film, je dois vous laisser la surprise pour que vous en profitiez pleinement, sachez seulement ceci: Samourai cop, c'est l'histoire de Joe Marshall, un flic trop super entrainé aux arts martiaux, qui va s'opposer au gang Katana du vilain Fujiyama. Avec son pote et collègue Franck qui rigole pour rien, il va mener une enquête sans concession et rencontrer la belle Jennifer.



C'est délicieusement mauvais, c'est du nanard de haute volée, y'a de la violence pouet pouet, du sexe beurk, du cul et beaucoup de culte. Célébrez-le avec moi, à la sortie de l'église, en maillot de bain avec un gâteau d'anniversaire. Aujourd'hui, le film existe en DVD et on peut enfin se le procurer sans avoir de lecteur VHS: sing Allelujah!






jeudi 22 décembre 2016

Les Grands mythes: si l'on est prêt à s'en laisser conter



Grâce à Cinétrafic, j'ai découvert en DVD la série Les grands mythes, proposée par François Busnel à Arte.

A la base, j'avoue avoir été assez séduite par l'idée, qui m'intéressait beaucoup, et ce pour plusieurs raisons:

- Le sujet. Comme tous ceux qui aiment qu'on leur raconte des histoires, j'ai été fascinée dès ma plus tendre enfance par les diverses mythologies. Comme pas mal de gamins de ma génération, tout a probablement commencé très tôt avec la télé, justement, et un beau roux barbu perdu dans l'espace à bord de son vaisseau, et accompagné d'un équipage maudit et d'un robot nommé Nono. Ouais, je crois que ma première rencontre avec Homère et l'Odyssée, les dieux grecs et la tragédie, c'était à travers Ulysse 31. A partir de ce moment-là, j'ai goulûment avalé tout ce qui avait trait à la mythologie grecque, puis aux autres, des Egyptiens aux Aztèques en passant par les Nordiques. Et surtout j'ai bu avidement les paroles de professeurs zélés qui savaient si bien transformer leur cours en veillées de contes et nous passionner pour ces histoires éternelles d'amour, de famille, de guerre et de jalousies. Avec les mythes (comme avec les contes), on découvrait nos premiers récits d'horreur (Chronos mangeant ses enfants restera toujours une terrible découverte), nos premiers récits érotiques (les métamorphoses de Zeus pour séduire ses nombreuses maîtresses), et les petits vicelards que nous étions pouvions sans culpabilité se fasciner pour ces mythes parfois merveilleux, parfois drôles, mais souvent sacrément injustes et violents. Et avec eux, comme tant d'autres avant nous, et tant d'autres après, nous avons grandi.
Ici, la note d'intention de Busnel est intéressante: revenir aux mythes originels, les grecs, avant qu'ils ne s'édulcore un peu avec la culture romaine, beaucoup avec la culture chrétienne. "Ainsi, [nous dit-il,] les mythes grecs furent-ils vidés de leur violence, de leur âpreté, de leur noirceur, de cette culture primitive et souterraine qui les caractérise, mais surtout de la liberté de penser qu'ils proposaient...". Et ce choix-là ne pouvait que me plaire.

- François Busnel. Comme beaucoup j'imagine, j'apprécie plutôt l'émission La Grande librairie qu'il anime sur France 5. Et je pense qu'il y est pour beaucoup: sa passion, son envie de partager, son érudition, tout cela était pour moi un gage de qualité, tout comme la production par Arte.

- Une série animée. Alors oui, y'a peut-être quelque chose de la gamine fan d'Ulysse 31 derrière ça, mais le fait que ce soit une série animée me plaisait. D'autant plus que c'était de l'animation 2D en silhouettes, vous savez, celle qui donne l'impression de voir un spectacle d'ombres chinoises, comme le maîtrise si bien Michel Ocelot. Cela me semblait parfaitement adapté pour parler des mythes, de leur origine primitive, de les imaginer racontés dans une veillée, les ombres se détachant sur les murs, les ténèbres tout autour.

Bref, a priori, cette série avait tout pour me plaire.



Hélas, j'ai été très déçue, au point de ne regarder que le premier volume du coffret et d'abandonner au premier quart du parcours. Pour moi, cette série présente de nombreux problèmes, la plupart ayant trait plus à la forme qu'au contenu (celui-ci fonctionne depuis des millénaires, et fonctionnera encore bien longtemps). Pour moi, il y a là un vrai souci, parce que je pense que cela a été conçu par des gens amoureux de leur sujet, mais qui avaient malheureusement peu d'ambition à en faire un véritable objet d'image et de son.

Commençons par l'image: j'ai été séduite de prime abord par l'idée de l'animation 2D en silhouettes et je continue à penser que c'était une très bonne idée de départ. Le souci, c'est que personnellement, j'ai beaucoup de mal à considérer cette série comme une série d'animation. D'abord parce que de l'animation, il y en a très peu et elle est assez basique: des mouvements souvent répétitifs, des formes qui le sont aussi, des zooms fréquents pour donner une impression de mouvement. On est parfois à la limite de l'animation flash de films institutionnels. L'autre souci, c'est que l'animation en silhouette est un exercice très exigeant: les ombres, pouvant se confondre les unes et les autres, notamment pour les personnages, se doivent d'être bien identifiées. Et pour moi, le travail, en particulier sur la personnification graphique des personnages à ce niveau n'était pas assez important.

L'autre élément visuel utilisé pour la série, ce sont des oeuvres d'art de l'Antiquité à nos jours, ce qui en soi est une excellente idée: on pourrait les analyser, les introduire, faire connaître aussi une part de notre histoire de l'art. Le problème, c'est qu'elles n'ont, comme tous autres éléments visuels de la série, qu'une valeur illustrative. Et c'est bien là que se situerait mon principal grief envers la série: les images n'ont pas de rôle narratif. Si l'on coupait le son, bien malin celui qui saurait imaginer correctement le récit délivré par la bande-son.

Avec la bande sonore, les soucis sont moins flagrants mais ils existent cependant. La voie choisie est celle du conte par une seule voix, ce qui ne pose aucun souci à la base. Le problème, c'est que lorsqu'on parle de conte, et que l'on met en scène un conteur, il ne faut pas oublier une chose primordiale: l'oralité. Ici, la voix devient vite monocorde, pas à mon avis à cause de son émetteur, mais bien à cause de l'écriture. Parce que oui, on sent bien qu'un littéraire est derrière cela, parce que les mots sont ciselés, et qu'il y a un style indéniable, mais que c'est un style écrit. Un conteur doit être un magicien de la langue parlée, il doit lui apporter sa voix, sa rondeur, ses accents, ses expressions. C'est une des choses étranges avec le Français: la voix et la main ne parlent pas toujours la même langue, surtout lorsqu'il s'agit de raconter une histoire. Et la pesanteur de cette voix n'est pas aidée par la bande-son qui manque beaucoup de texture au mixage et pâtit d'une musique très répétitive.

Et tout cela, c'est dommage, parce que derrière tout ça, il y a quelque chose de formidable. Les plus beaux récits du monde (en terme de scénario, peut-on faire mieux qu'un mythe?) et effectivement, un véritable talent d'écriture. Je crois que finalement, mon plus grand regret est celui-ci: j'ai eu autant de mal à voir cette série que j'aurais eu de plaisir à la lire. En revanche, je pense que cela peut avoir énormément de succès à ceux qui porte moins d'intérêt à la forme filmique. Et je pense que pour ceux qui, disons-le, n'attendent pas cela de la série, mais qui sont à la recherche d'un objet littéraire de qualité sur support d'image et de son, ce coffret aura tout à fait sa place au pied du sapin.



Le DVD
Edité par Arte TV (qui a aussi sa page Facebook) et sorti le 9 novembre, le coffret comprend 4 dvd de 5 épisodes et 2h10 chacun. Il est accompagné d'un livret répertoriant une préface de François Busnel, la généalogie des dieux et  le guide des épisodes.

Sur cinétrafic, vous trouverez également tous les films de 2017 à découvrir et les nouveaux films à paraître.



vendredi 16 décembre 2016

The Stone Roses: made of stones, Manchester reunited



Grâce au site Cinétrafic (où vous pouvez trouver tous les films que vous cherchez), j'ai découvert en DVD le documentaire The Stone Roses, Made of stones, du réalisateur britannique Shane Meadows (surtout connu chez nous pour le film et la série This is England). Comme son nom l'indique, ce film porte sur le groupe Macunien The Stone Roses, figure importante du mouvement Madchester (avec les Happy Mondays).

J'avoue que j'étais plutôt curieuse de découvrir ce film. D'abord, j'aime plutôt vraiment bien les Stone Roses, même si je dois dire que je ne partage pas pour autant l'engouement hardcore de très nombreux fans britanniques qui se damneraient pour un concert du groupe. Il est vrai que comme beaucoup de groupes mancuniens (de Manchester, donc), ils ont réussi à créer une véritable légende. Comme les Smiths, ils ont un chanteur charismatique (même si perso, je trouve que Morrissey a plus de style que Ian Brown - team chemise ouverte et brushing à la James Dean contre team baggy et coupe de playmobil). Comme Oasis, ils sont aussi connus pour leurs guéguerres intestines et leur franc-parler "lad" que pour la délicatesse de leurs compositions. Comme leurs rivaux les Happy Mondays, ils se sont plusieurs fois séparés et quelquefois retrouvés. Et comme la plupart de tous ces groupes, ils ont réussi à créer une véritable horde de fans, bien au-delà des frontières de cette charmante bourgade ouvrière. Sauf que eux ont réussit à le faire en seulement deux albums ( j'ai presque envie de dire un seul album, tant The Stone Roses, l'album de 1989 est mythique).



J'étais donc bien contente de recevoir ce DVD, surtout que c'est un documentaire du presque Mancunien Shane Meadows, qui avait déjà déclaré son amour au rock anglais dans le film et la série This is England. Quand on a proposé à ce dernier de suivre les Stone Roses lors de leur dernière reformation, en bon fan qu'il est, il ne s'est pas fait prier, voyant là l'occasion de réparer une lourde erreur de jeunesse. En effet, lors d'une nuit brumeuse (et pas seulement à cause du temps britannique), il avait, dans un geste (stupide) de panache, donné sa place pour un concert du groupe et n'avait depuis jamais eu l'occasion de le voir sur scène. Ce film, c'est donc la concrétisation d'un rêve de gosse, d'un fan du groupe, et c'est l'angle principal du documentaire (Remarquez que le formidable rockumentaire Anvil! sur le groupe éponyme partait du même principe pour obtenir un des meilleurs docu de ces dernières années). Et cet angle c'est à la fois la force et la faiblesse de Made of Stone.

La force, parce que Shane Meadows fait "son" film de fan. Il n'hésite pas à se filmer, à utiliser parfois la première personne, et sa joie de gamin est assez communicative. Il faut voir son sourire le jour où, pour la première fois, il est convié à une répète de son groupe préféré. On aimerait être à sa place et, grâce à son film, on y est un peu. Mais Shane Meadows n'est pas le seul fan qu'on verra dans le film. Il consacre généreusement son film à tous les autres fans du groupe, notamment grâce à une très jolie séquence qu'il place au milieu du documentaire. Pour leur reformation, Les Stone Roses propose de faire un concert "rien que pour les fans" au Warrington Parr Hall. Le concert est gratuit et accessible pour quiconque vient avec une "relique" prouvant qu'il est bien un adorateur du groupe (t-shirt officiel, place d'ancien concert, album...) et les premiers arrivés sont les premiers servis. Shane Meadows filme la horde de fans quittant tout, travail et enfants, pour revoir leurs idoles se reformer. Il interroge des gens complètement différents qui lui explique ce que les Stone Roses signifient pour eux. La scène, si elle est un peu longue, est assez attendrissante et témoigne de l'histoire d'amour éternelle entre les Anglais et la musique.



L'autre gros point fort de ce documentaire, c'est justement la musique. Pour tous ceux qui aiment les Stone Roses, il y a de très beaux moments. J'ai particulièrement aimé que les répétitions soient filmées. Dans les répétitions, on voit toujours un peu la magie de l'essence de la musique. Comment elle se crée, dans quelle ambiance. Et là, ce sont de vrais petits moments de bonheur: les Stone Roses ont l'air heureux de retrouver leurs instruments, de se refaire la main sur leurs tubes. Ils semblent même avoir composé de nouveaux morceaux (dont on n'entendra malheureusement jamais rien). Il y a aussi de très belles scènes de concert, en particulier celui du Warrington Parr Hall qui célèbre les retrouvailles réjouissantes entre le groupe et son public. Shane Meadows filme aussi le point de basculement "tragique" de son film: un concert à Amsterdam qui tourne court. La séquence est simple et efficace: une scène nue, un micro sans rien derrière et les huées du public déçu, puis le retour sur scène de Ian Brown pour annoncer que Reni, le batteur, a quitté la salle, en profitant pour lui balancer une petite insulte. La suite, c'est une tournée annulée et une énième séparation du groupe. Shane Meadows, avec délicatesse, ne va pas chercher à remuer la mouise en ces temps difficiles et prend un peu de distance avec le groupe, mais cette scène suffit à comprendre beaucoup.


Le point faible découle justement peut-être de cette délicatesse, de ce trop grand respect pour le groupe en tant que fan. Shane Meadows ne veut surtout pas brusquer le groupe, les déranger et filme vraiment à hauteur de fan. Deux problèmes en découlent. Le premier, c'est que cela manque de distance critique. Bien évidemment, Meadows n'est pas là pour critiquer la musique ou l'attitude des Stone Roses, mais quand le documentaire tourne à l'hagiographie, voire au produit dérivé, ça devient un peu gênant.

L'autre souci, c'est que le film manque de ce qui est souvent primordial dans un documentaire: un scénario. Souvent, on s'imagine que parce qu'il y a documentaire, il n'y a pas de scénario. C'est une idée reçue. Bien sûr, il est différent de celui de la fiction, parce qu'il peut évoluer jusqu'au montage final, mais un documentaire se doit tout de même de nous raconter une histoire. Lorsqu'on fait un documentaire, on doit partir avec une idée de ce que cette histoire va être, une intention, disons, même si ce que l'on filme nous permet finalement de découvrir une histoire complètement différente, ce qui est souvent la très bonne surprise d'un documentaire (si vous voulez voir un modèle du genre, je vous conseille vivement An Honest Liar). Mais ici, il semble que la seule intention de Meadows, ce soit d'être payé pour suivre un groupe qu'il aime beaucoup en tournée, et ramener son film de vacances. C'est un peu dommage, parce que ça manque vraiment de récit. Et c'est pour moi là que le bas blesse. Parce que si le film a un vrai intérêt musical (aussi bien les fans que les néophytes pourront s'en foutre plein les tympans), autant j'avoue ne pas lui trouver d'intérêt cinématographique, et c'est bien dommage, parce qu'un groupe aussi mythique que les Stone Roses méritait bien sa mythologie filmée.

Le DVD

Edité par Les films du Paradoxe, et sorti le 15 novembre 2016, le DVD bénéficie d'une jolie pochette cartonnée et d'une bonne qualité sonore (indispensable dans ce cas précis).
Pour les bonus, on est plutôt gâtés, surtout si on est fan des Stone Roses, puisqu'il y en a 1h30: des prises en répètes qu'on ne voit pas dans le film, des moments de concerts inédits, une avant première un peu moins intéressante mais où on apprend que le plus beau moment du producteur était le concert à Fourvière (Lyon) où les spectateurs lançaient leur coussinets sur scène (et là, petite fierté locale).

Outre ce docu, vous trouverez toutes les sorties dvd et vod du moment sur Cinétrafic.






jeudi 15 décembre 2016

Le BGB: GACMÉ

Source: Metropolitan Filmexport

Grâce au site Cinétrafic, j'ai découvert en DVD le dernier film de Steven Spielberg, un réalisateur de films emblématiques: Le BGG. Ici, tonton Stevie s'essaie à deux exercices périlleux: celui de l'animation de personnages en 3D et celui de l'adaptation d'une œuvre très célèbre de Roald Dahl, l'écrivain préféré des enfants et des cinéastes, Le Bon Gros Géant. Un défi qui ne fait pas peur au papa de Dreamworks, ni à celui qui a adapté d'autres romanciers à succès comme Crichton ou Morpurgo.

Comme beaucoup, j'imagine, mon enfance a été bercée par les romans de Roald Dahl. Je les ai pratiquement tous lu, et j'avais une grosse préférence pour Sacrées sorcières et le Bon Gros Géant. Il y avait là-dedans tout ce dont peut rêver une gamine avide d'histoires: du merveilleux, du rêve mêlé à un monde tout à fait quotidien, foisons de jeux de mots, de l'humour parfois pipicacaprout (le plus fendard à l'école primaire, comme en atteste le succès toujours vivace de Toto), des illustrations super sympas par Roald himself, qui savait si bien croquer les nez biscornus des sorcières, des aventures et des barres de rire en masse. Roald Dahl, c'était aussi une de mes premières initiations à la culture britannique: on y retrouvait souvent Londres, la reine, le thé. Quant au Bon Gros Géant en particulier, je l'ai lu plusieurs fois, sans que cela ne devienne moins amusant, découvrant à chaque lecture de nouvelles raisons de rire et de m'émerveiller. Du coup, comme souvent quand on aime beaucoup un livre, j'avais un peu peur que Steven Spielberg, malgré son talent pour les films familiaux, ne me gâche ces fabuleux souvenirs par une adaptation mal foutue, et je ne pouvais m'empêcher d'avoir quelques appréhensions. Mais quand Cinétrafic m'a proposé de le découvrir, j'ai quand même sauté sur l'occasion trop belle de retrouver ce Bon Gros Géant, curieuse de voir ce que Spielberg avait pu en faire.

Source: Metropolitan Filmexport


Pour ceux qui seraient passé à côté, (et dans ce cas là, que vous décidiez ou non de voir le film, je vous conseille vivement la lecture du roman de Roald Dahl), Le Bon Gros Géant raconte la rencontre, une nuit, d'une petite orpheline, Sophie et dudit géant, qui au départ ne semble pas si bon que ça, puisqu'il enlève la gamine sans lui demander son avis. Mais Sophie se rend vite compte qu'il s'intéresse bien plus à tromper sa solitude que sa faim, puisqu'il ne se nourrit presque exclusivement de schnockombres (comme des concombres, en vachement moins ragoûtant). Il deviennent donc amis et c'est ainsi que le géant obtient son titre de BGG. Sophie découvre le métier de chasseur et insuffleur de rêves de son copains grand format, mais fait aussi la rencontre effrayante de ses compatriotes du pays des géants, à l'appétit nettement moins végétarien.

Je dois dire que dans l'ensemble, même si je garde quelques réserves, j'ai été assez charmée du résultat. D'abord parce que j'ai trouvé que l'univers de Rald Dahl était plutôt bien respecté (et c'était une crainte majeure pour moi de voir le king du ciné US dénaturer l'empereur de la littérature enfantine UK). Le géant, interprété par un Mark Rylance boosté aux images de synthèse ressemble parfaitement au grand monsieur dégingandé à grandes oreilles des illustrations du livre. On a vraiment l'impression de le retrouver tel qu'on l'avait quitté. Et en plus, il a une voix! Et quelle voix: un bel accent du sud ouest britannique, bien rural, qui écorche joliment les mots pour en faire des vraies petites œuvres d'art. Parce que oui, on retrouve avec bonheur la langue de Dahl: le frétibulle (frobscottle), les crépiprout (whizzpopping), les hommes de terre (human beans), on se délecte toujours du vocabulaire savourieux (scrumdiddlyumptious) du BGG. A mon avis, l'esprit de Roald Dahl est respecté et le film délivre parfaitement la truculence de son style.

Source: Metropolitan Filmexport


Plastiquement, c'est du Spielberg: du très bel ouvrage dans l'ensemble, en particulier sur les éléments animés. Je ne suis pas certaine que tout vieillira très bien, en particulier les scènes avec les autres géants, mais il y a quelques très belles images, notamment dès qu'on touche à la représentation des rêves. La séquence où le BGG initie Sophie à la châsse au rêve est un véritable modèle du genre: du merveilleux, de l'émouvant et un peu d'épouvante, tout ça avec de simple bulles évanescentes et tourbillonnantes. Bref, globalement, c'est du lourd, une machine bien huilée à injections de John Williams, c'est drôle et tout à fait divertissant pour tous.

Côté interprétation, ça vaut plutôt le détour, pour Mark Rylance, campe un adorable géant, mais surtout pour la très bonne surprise du film, Penelope Wilton, qui après avoir interprété le plus chouette des premiers ministres dans Dr Who (Harriet Jones, Prime minister!), ne se voit confier rien moins que le rôle de la reine. Et elle est, comme à son habitude, irrésistible. Quant à la jeune Ruby Barnhill, qui interprète Sophie, elle est tout à fait à l'aise dans ce rôle de la gamine trop mûre pour son âge. Elle est parfois un peu irritante, mais après tout, c'est aussi le cas de son personnage, donc cela fonctionne plutôt bien.

Source: Metropolitan Filmexport

S'il est bourré de qualité, ce BGG a cependant quelques défauts, surtout au niveau du rythme. Je trouve qu'il a, contrairement à son héros rectiligne, quelques creux et un gros ventre mou. Si l'enchaînement des aventures de Sophie et du BGG fonctionnent très bien à l'écrit, ramassé sur un film, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, des changements de rythmes pas toujours évidents à tenir qui empèsent un peu le film. Et puis, c'est souvent mon problème avec Spielberg, si je reconnais que c'est un très bon réalisateur, efficace et minutieux, je trouve qu'il manque parfois d'une "patte". Et si je n'ai jamais vu un mauvais film de Spielberg, je n'ai jamais été complètement soufflée par ce film (à part peut être pour Munich). Mais rien de bien grave ici, parce que l'ensemble reste de très bonne facture et qu'en ce qui me concerne, j'ai pris pas mal de plaisir à le voir.

Le DVD
Le DVD est sorti le 1er décembre en France et édité par Metropolitan Filmexport.N'ayant reçu qu'une copie destinée à la distribution, sans pochette et sans bonus, il m'est difficile de juger l'objet à sa juste valeur.