pelloche

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mardi 16 décembre 2014

La meute, l'émeute


Je suis plutôt une "cat person" qu'une "dog person". Et ben, c'est pas aujourd'hui que ça va changer.

La raison? White God, le film hongro-germano-suédois de Kornel Mundruczo. Il raconte l'histoire d'une fille, Lili, et de son chien, Hagen. Le souci est que le chien est un joli bâtard et que dans le futur proche où se situe l'action du film, seuls les chiens de race sont légaux et les propriétaires de croisés doivent s'acquitter d'une taxe. Mais comme Lili vient de débarquer chez son père, parce que sa mère va passer 3 mois en Australie, le paternel n'est pas très chaud à l'idée d'accueillir un clébard qu'on lui impose au dernier moment, ni à celle de payer la fameuse taxe. Du coup, exit Hagen, qui est abandonné sous un pont. On va donc assister à un coming-of-age aussi bien de Lili que de Hagen, et l'un et l'autre vont vivre leur séparation sous le signe de la révolte.

Alors voilà, ça m'est assez difficile de chroniquer ce film, parce qu'il y a dedans plein de choses qui m'irritent, mais tout autant de choses que je aime. Alors au final, une petite déception, je dois dire, parce que je me suis trouvée à nouveau face à une belle promesse, qui pour moi n'a pas été tenue.



Pour comprendre, il faut voir la première scène du film, une scène à couper le souffle, tellement belle qu'elle a suffit à constituer la bande-annonce qui m'a immédiatement donné envie de voir le film. Une jeune fille traverse à vélo les rues désertes de Budapest, un hoodie sur la tête, mais en jupette et chaussures à petits talons. Soudain, apparaît derrière elle une meute grandissante de chiens qui se rapproche dangereusement, malgré les fameux coups de pédales de la demoiselle. Et au moment où les chiens s'apprêtent à la rattraper, BIM, Titre!



Comme scène d'intro, ça la pose là quand même, toute cette tension, cette étrangeté, cette poésie, ça donne des fourmis dans les yeux, mais malheureusement, il faudra attendre plus d'une heure pour retrouver la puissance de cet incipit.

L'intro du film est plutôt bien menée, depuis la présentation du père sur son lieu de travail, un abattoir (wink-wink), jusqu'à la scène déchirante d'abandon de Hagen.

Après, pour moi, le gros souci, c'est qu'il y a deux films. d'abord un film d'apprentissage, aussi bien du côté de la jeune fille qui passe d'une fillette sérieuse à jeune femme révoltée en un temps record, que du côté du chien, qui apprend de la manière la plus rude que les humains ne sont pas tous très bienveillants. C'est un film qui peut être intéressant, mais ça demande une subtilité parfois mal maîtrisée: les aventures du chien sont malheureusement souvent caricaturales en ce qui concerne les "méchants humains" et répétitives. La révolte de la gamine passe par des chemins un peu trop rebattus (un garçon, qui ne sert pas à grand-chose d'autre dans le récit, la répartie et la soirée de débauche un peu over-the-top). Je ne parle même pas de la musique, omniprésente et vite insupportable. Mais l'actrice principale est assez bluffante, Hagen (deux chiens, en fait) est parfait et on assiste à de belles scènes entre Lili et son père. Mais ça reste tout de même un peu mou du genou à mon goût.


Et il faut attendre près d'1h30 pour arriver au film que, perso, j'attendais: le film de terreur, la menace de la meute vengeresse des chiens battus, avec une ambiance post-apocalyptique en prime. Et ce film là, même s'il a des faiblesses certaines (encore un fois, on ne fait pas dans la finesse), je l'aime bien. Il y a des images impressionnantes (bon sang, j'ose à peine imaginer la galère que ça doit être de tourner des scènes de catastrophe urbaine avec une meute de chiens, de VRAIS chiens, à l'ancienne). La tension n'est pas aussi impressionnante que dans la toute première scène, parce que les raisons de la révolte canine ont été expliquées en long, en large et en travers, et que la fin, si l'on a bien suivi les indices de multiples fois surlignés dans le premier film, est quand même très prévisible. Mais ça n'est pas grave, il y a de l'émotion, de l'action et un soupçon de poésie (oui, la référence au Joueur de flûte de Hamelin est téléphonée, mais j'aime quand même beaucoup ça).


Bref, tout ça pour dire que oui, c'est un film un peu raté, un peu bancal, un peu cheap. Mais pour moi, ce film avait un potentiel monstrueux, et il a été fait avec honnêteté et dévouement .Y'aurait pas mal de taf à produire sur le scénario, mais la réalisation est plutôt de bonne facture, les acteurs se débrouillent bien et il y a un travail absolument incroyable de dressage et de jeu canin. Les chiens, dont les deux qui interprètent Hagen, sont juste époustouflants. C'est clair que ce n'est pas le film de l'année, mais, comme un bon vieux chien qui ne gagnera jamais un concours de beauté, il n'en reste pas moins attachant.

4 commentaires:

  1. ça c'est de la phrase de fin de post!
    La première fois que j'ai vu la bande-annonce, je l'ai trouvée tellement tendue et hors du commun que j'ai immédiatement rajouté mentalement ce films sur ma liste ( mais non le rajout mental n'est pas un exercice si difficile ^^). Quand je l'ai montrée à Môsieur et revue la seconde fois, la motivation s'en est allée...Et maintenant j'hésite encore plus..C'est malin!

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    1. Encore une fois, le reste du film n'arrive pas vraiment à la hauteur de cette scène de malade. Mais malgré ma déception de voir une si belle idée un peu gâchée par un scénario brouillon et un manque de subtilité, y'a un truc d'émouvant dans ce film, sûrement dû à l'honnêteté de la démarche, et au travail évident mis dans ce film. Il est, dans ces conditions, plus facile de lui pardonner sa maladresse, je trouve...

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  2. Ton article a le mérite de me faire découvrir ce film dont je n'avais pas du tout entendu parler.

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    1. Merci! C'est vrai que le film n'a pas fait grand bruit...

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