pelloche

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mardi 23 février 2016

Le cinéclub de Potzina: Le cheval venu de la mer



Ce mois-ci, le Cinéclub de Potzina a proposé un joli thème: celui de l'enfance. Il n'a pas été facile de choisir parmi tous les films qui pouvaient se prêter à l'exercice, mais j'ai finalement choisi de vous parler du Cheval venu de la mer, de Mike Newel. J'ai choisi ce film pour plusieurs raisons, d'abord parce que c'est un film que j'affectionne depuis longtemps, et que je revoie assez souvent. Et puis pour inciter notre chère Potzina, qui rêve d'Irlande, à réaliser son rêve: un beau voyage sur l'Ile verte.

Alors ce mois-ci, on part à "cheval vers le far-west" avec deux garçons adorables, Tito et Ossie. Ces deux enfants vivent en banlieue de Dublin avec leur père, John Riley (Gabriel Byrne). Cette famille de travellers (gens du voyage irlandais) s'est sédentarisée après la mort de la mère des garçons, Marie, qui a poussé John dans l'alcoolisme. La vie n'est pas très rose chez les Riley. Les gosses font sécher l'école pour faire la manche et gagner assez pour se nourrir, ne pouvant compter sur leur père, qui boit tout l'argent du ménage. Tout va changer le jour où leur grand-père, encore sur les routes, viendra les voir accompagné d'un superbe cheval blanc. Selon le conteur de grand-père, ce cheval vient de Tir-Na Nog, qui dans la mythologie celtique est la Terre de l'éternelle jeunesse, dont le héros Oisin est parti sur le dos d'un cheval magique dont il ne devait pas descendre sous peine de mourir de décrépitude. C'est pourquoi le beau cheval blanc dont les deux enfants vont s'amouracher porte le joli nom de Tir-Na Nog. Avec lui, ils vont s'enfuir vers l'Ouest, à la recherche de leurs racines et de mille aventures.



Dans les années 80-90, on a pu voir arriver sur les écrans un certain nombre de films irlandais, notamment grâce à deux noms qui ont permis une véritable nouvelle vague de ce cinéma, Neil Jordan ( réalisateur de The Crying Game, Mickael Collins, le magnifique Butcher boy, que j'ai bien failli choisir aussi) et Jim Sheridan (réalisateur de My left foot, The boxer ou du poignant Au nom du père), ce qui a permis au monde entier de découvrir enfin une cinématographie du pays même, loin de l'image idyllique du retour originel Hollywoodien (comme dans the Quiet Man de John Ford) ou de celle parfois biaisée du cinéma britannique. Le cheval venu de la mer peut être sur pas mal de points intégré à cette liste de films, puisqu'en effet, s'il a bien été réalisé par un britannique, Mike Newel, véritable touche-à-tout (Quatre mariages et un enterrement, Donnie Brasco, Harry Potter et la coupe de feu...), tout part bien d'un scénario de Jim Sheridan, que l'on sent porter le film du début à la fin.

Ce scénario est en effet un vrai petit bijou. Il est à la fois tendre et cruel, doux et amer, il mêle réalisme social et merveilleux légendaire, film européen et western hollywoodien, conte pour enfants et drame pour adultes. Et il est terriblement émouvant. J'ai bien dû le voir une bonne dizaine de fois, je n'ai toujours pas réussi à le faire sans pleurer..



Sur l'écran, tout fonctionne plutôt bien. On entre de plein pied dans le monde des travellers coincés entre tradition et modernité, puisque l'on suit le périple du grand-père et de sa roulotte, accompagné de Tir-Na Nog à l'entrée du film: on traverse des paysages à couper le souffle, d'une beauté intemporelle, sur la musique onirique de Patrick Doyle. D'un coup, la musique se tait et est remplacée par un terrible vrombrissement: celui d'un avion passant au-dessus du grand-père, nous signifiant son arrivée en ville, dans la triste banlieue dortoir de Dublin où survivent quelques familles, dont les Riley, dans des conditions pas très formidables. On nous sauve tout de même du misérabilisme grâce à l'humour, mettant en avant l'ingéniosité et l'espièglerie des gamins, que la situation extrêmement dure n'empêche pas de rester des gosses.

C'est définitivement par les thèmes qu'il aborde que le film touche juste. La dimension féérique fonctionne très bien, et garde en elle un mystère effrayant et dangereux. On entre dans les légendes gaéliques par le biais des personnages, qui sont de véritables passeurs et le passage du réalisme social le plus dur au conte fantastique se fait assez naturellement. Mais c'est surtout sur le thème de transmission (des traditions, des valeurs, de l'amour, des secrets) que le film touche juste, dans la relation des trois personnages principaux, John, Ossie et Tito Reilly.



Ossie et Tito sont interprétés par deux jeunes formidables acteurs: le tout jeune Ciàran Fitzgerald (qui a également joué dans The Boxer) et son adorable bouille apporte beaucoup de tendresse au film, quant à Rhuaidhri Conroi, il a un jeu d'une maturité assez exceptionnelle. Ils forment un duo très émouvant et parfaitement crédible. Quant à Gabriel Byrne, il est comme à son habitude impeccable. Et avec l'accent irlandais, son charme indéniable se décuple à merveille.

La réalisation, si elle n'est pas d'une originalité folle, reste cependant tout à fait honorable. La photographie est très belle, d'un grain magnifique qui met très bien en valeur la lumière nuageuse des ciels d'Irlande et les paysages qui défilent d'Est en Ouest. On reste au plus près des personnages et le récit fonctionne bien.



J'ai bizarrement assez de mal à parler de ce film, parce qu'il est foisonnant. C'est à la fois un drame familial, un western, un conte onirique, une fable sur la modernité, un récit initiatique, le portrait d'un pays... Et chacun de ces aspects mériterait à lui seul un post, parce que ce film est une vraie joie d'analyste. D'ailleurs je ne sais pas qui est responsable de la page Wikipédia du film, mais une fois n'est pas coutume, je la mets en lien: elle comporte une très chouette analyse qui mérite vraiment le détour et permet d'approcher toute la richesse de ce long-métrage.

Je conseille donc vivement de voir ce film, qui a eu son petit succès en 1993 mais qui mériterait bien d'être remis au goût du jour. Alors on rembourre ses culottes, et on grimpe sur Tir-na Nog pour un voyage inoubliable vers l'Ouest.














11 commentaires:

  1. Je t'avoue que je ne connaissais pas ce film donc merci pour la découverte. Et s'il y a en plus un côté féérique...
    Bisous à toi!
    https://lachambreroseetnoire.wordpress.com/2016/02/23/organisation-dune-soiree-et-organisation-tout-court/

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    1. Avec grand plaisir! Je ne sais pas du tout s'il est facile à se procurer, mais c'est un très joli film.
      Bises

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  2. Je ne connaissais pas non plus ce film et tu m'as donnée très envie de le découvrir. L'Irlande, Gabriel Byrne (♥♥♥), une histoire poignante et Mike Newel aux manettes : j'achète !

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    1. Tant mieux, je l'avais sélectionné spécialement pour toi (et Gabriel Byrne dans les années 90, c'est sa meilleure période ^^)

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    2. C'est vrai que c'est sa meilleure période :) J'ai regardé il est dispo sur Amazon en occasion. Si jamais ma médiathèque ne l'a pas, je pourrais me faire un petit plaisir sans culpabiliser du prix ^^

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  3. Je m'attendais à des sous-titres en gaélique irlandais... Huhuhu...
    Découverte totale et changement de registres ( j'ai lu ton article sur Deadpool en prem's, j'ai pas résister ^^).
    Je dois dire que je suis intriguée...Si jamais j'arrive à le trouver sur le rayon d'une médiathèque, je reviendrai faire un tour par ici. C'est tout ce que tu mérites...

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    1. Oi! J'ai pas trouvé les sous-titre en gaélique, mais je te les envoie en runes, si tu veux ;-)
      N'hésite pas, c'est tout mignon! Et si ça te ramène dans le coin, en plus!

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  4. Je serais curieux de le voir celui-ci.

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  5. La curiosité n'a rien d'un vilain défaut dans ce cas. je ne sais pas s'il est facilement trouvable actuellement, mais je pense qu'il l'est en médiathèque (c'est apparemment un film très populaire dans les écoles)

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  6. très joli… ton article me donnes envie de découvrir ce joli film dont je n'avais pas entendu parler!

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    1. Merci. J'espère que tu pourras te le procurer, c'est un enchantement

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