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mardi 12 avril 2016

Hallucinations collectives: This is the end

Rassurez-vous, je ne suis ici ni en train de vous annoncer la fin du blog, ni même celle des articles concernant les Hallucinations collectives (d'autres arrivent pour les dates de sortie des films en avant-première). Non, je vais parler ici de deux films qui traitent tous les deux du même thème, celui de la fin. Innocence, le joli film de Lucile Hadzihalilovic, s'intéresse à la fin de l'enfance et Appel d'urgence, de Steve de Jarnatt, nous présente rien moins qu'une interprétation de la fin du monde... Comment arrive-t-on à la fin? Peut-on y échapper? Qu'y a-t-il après la fin? Les deux cinéastes, à leur manière, explorent ces questions et livrent deux longs-métrages très intéressants et personnels.

Innocence, Lucile Hazihalilovic, 2004



Voilà un film bien particulier que cet Innocence. Par son sujet, par son parti-pris esthétique, par son rythme. Un véritable ofni, plein d'audace, un conte onirique, une fable fantastique, comme on aimerait en voir plus souvent par nos contrées.

Innocence nous raconte donc une année dans un bien étrange pensionnat de jeunes filles. A la rentrée, chaque "maison" accueille une nouvelle pensionnaire de six ans, qui débarque en cercueil. Une "maison", c'est un ensemble de 7 fillettes, de 6 à 12 ans (une par tranche d'âge) qui vivent sous un même toit. Lors des récréations, toutes les maisons se réunissent. Lors des classes, chaque tranche d'âge se réunit pour étudier la danse avec Mademoiselle Eva (Marion Cotillard) et la biologie avec Mademoiselle Edith (Hélène de Fougerolles). Tout semble n'être qu'ordre et beauté dans ce petit pensionnat parfait, entouré d'un épais mur en pierre. Mais le mystère règne... Où sont les garçons?Où vont les filles de 12 ans, le soir? Et qu'y a-t-il derrière le mur? Pourquoi celles qui le passent n'en reviennent jamais?



D'abord, ce qui frappe dans ce film, c'est l'image, le parti-pris esthétique fort et qui correspond complètement à l'histoire racontée. Dans un beau 35 mm (qui a causé quelques soucis de bobine à la projection, vite oubliés face au bonheur de voir de telles images sur pellicule), Lucille Hazihalilovic choisit de nous montrer ce monde de l'innocence, représenté par deux couleurs en particulier: le blanc (l'immaculé que portent les fillettes) et le vert (celui du parc, qui rappelle la forêt des contes de fées). En extérieur, le film bénéficie d'une très belle lumière mettant en valeur le passage des saisons, parfait écrin pour cette histoire sur l'enfance qui passe doucement. Dès qu'on entre en intérieurs, on entre dans des climats beaucoup plus austères. On croirait pouvoir sentir la soupe, la naphtaline et la craie. Dans ses deux mondes, on va avoir tout le questionnement des fillettes: faut-il préférer l'extérieur, sa belle lumière vive, sa joie, mais aussi ses mystères, sa nuit? Ou bien les murs de l'intérieur du pensionnat, sa sécurité, l'amitié des autres fillettes, malgré ses aspects de prison?



J'aime beaucoup la construction du film qui dure le temps d'une année scolaire. La progression va nous faire évoluer de points de vue, depuis le regard de la petite fillette de 6 ans, qui découvre l'école comme nous, puis à la fillette de 10 ans, qui brûle d'envie d'être choisie pour son excellence par la directrice de l'école, à celle de 12 ans, qui sait qu'elle va bientôt devoir la quitter. Ce schéma nous permet de (re)vivre toute une enfance, mais à travers le regard de personnages bien différents: passionnées ou timides, audacieuses ou obéissantes, capricieuses ou responsables. La bonne idée de ce film, c'est de ne pas montrer l'enfance d'une seule petite fille et de faire ainsi une parabole généraliste de ce qu'elle peut être, mais de nous montrer des enfances, et combien la perte de l'innocence est autant une affaire d'âge que de personnalité.



J'essaie de me réfréner mes envies de vous parler plus en avant sur ce film, parce que je pense que c'est un film qui se délivre peu à peu et qu'il serait dommage que je vous le gâche à l'avance. Je vous conseille simplement de voir ce beau film au charme envoûtant. Je dois en revanche vous prévenir: le rythme du film est assez lent. Moi ça ne me dérange pas, et je trouve même que ce rythme permet de suivre au plus près l'évolution des personnages, de cette époque de la vie où les silences sont toujours emplis de questions qu'on a envie de poser...



Appel d'urgence, Steve de Jarnatt, 1989



Ce film de 1989 est une rareté qui trimballe une jolie petite réputation de film culte. Et pour moi, il a été le gros coup de cœur des Hallucinations collectives. Cela a été une véritable découverte, et je me suis complètement laissé emportée par cette histoire complètement folle, séduite par un scénario très audacieux, mais parfaitement cohérent, et émue par une très très belle histoire d'amour.

Et pourtant, Appel d'urgence (Miracle Mile pour le titre original) déjà pas facile d'accès aujourd'hui, a bien failli ne jamais voir le jour. En effet, le scénario absolument formidable de Steve de Jarnatt est resté une dizaine d'années en hibernation dans les tiroirs d'Hollywood (les producteurs, vu la situation politique de l'époque, étaient frileux à parler d'un tel sujet). De Jarnatt parvient finalement à racheter son script et à le faire produire avec un petit budget de 3.5 millions de dollars par la Hemdale Film Corporation.



L'histoire est tout simplement géniale: Harry, musicien dans un orchestre de jazz profite de sa venue à Los Angeles pour visiter le musée d'Histoire naturelle. Et là, c'est le coup de foudre. Il tombe sur une jolie serveuse au mulet flamboyant (bon, c'est les années 80, on ne juge pas!) et se dit que c'est la bonne. Il réussit à lui parler et passe une très belle journée avec elle. Il rencontre ses deux grands-parents qui refusent de se parler depuis des années, la dépose devant le diner dans lequel elle travaille et s'apprête à se reposer un peu en attendant de la retrouver à la fin de son service. Bref, une belle comédie romantique commence.

Mais voilà, il suffit d'une panne d'électricité, d'un rendez-vous manqué et d'un étrange appel sur une cabine téléphonique pour que tout bascule: une menace nucléaire imminente pèse sur Los Angeles et Harry doit absolument retrouver la belle Julie avant que ne survienne l'apocalypse. Il n'a qu'1h10 pour la sauver.



Ce film est la preuve qu'un très bon film n'est pas une histoire de moyens, mais une histoire de bonnes idées. Et là, je dois dire que des bonnes idées, il y en a à la pelle. On part déjà d'un scénario béton, où tout est parfaitement bien traité. D'abord, on a de très beaux personnages, auxquels on s'attache instantanément. Harry, joué par le décidément trop rare Anthony Edwards (vous savez, Dr Green) est un magnifique amoureux, qui du gentil gars un peu gauche va devenir un véritable héros par passion. Julie, interprétée par Mare Cunningham est terriblement touchante et on comprend très vite la volonté de notre protagoniste de tout faire pour la sauver.

De plus, de Jarnatt réussit un pari vraiment très osé: le mélange des genres. Ici, on est à la fois dans la comédie romantique, la comédie, le film d'anticipation et le film catastrophe. Le mélange est parfaitement équilibré, ce qui est d'autant plus difficile que le film est relativement court aussi bien dans sa durée fictive (une nuit) que dans sa durée réelle (87 minutes). Quand on voit qu'il a fallu 100 minutes de plus à Cameron pour réussir un tel défi avec Titanic (que j'aime beaucoup, soit dit en passant), on comprend à quel point le scénario de De Jarnatt est efficace. Ici, on est dans une économie du scénario parfaitement maîtrisé: il n'y a rien de trop, rien d'inutile: tout comme ses personnages qui n'ont pas de temps à perdre pour des broutilles, De Jarnatt va à l'essentiel. Et ça fonctionne complètement, on est tenu en haleine tout au long du film et on ne sait jamais ce qui nous attend au coin de la rue. Sérieusement, ce scénario est une pure merveille!



Mais surtout, là où je ne l'attendais pas du tout, le film m'a véritablement émue. Parce que moi, derrière mes allures de bourrine amatrice de films d'horreur et d'action, j'ai un petit cœur en pâte d'amande qui bat très fort devant une belle histoire d'amour. Et celle-là, mes amis, croyez-en votre amie très fleur bleue sur les bords, c'est une magnifique histoire d'amour. Une histoire de coup de foudre qui va se vivre à 100 à l'heure, parce qu'elle n'a pas d'autre choix que l'urgence.









6 commentaires:

  1. Le deuxième film dont tu parles me tente bien. Moi aussi j'aime les histoires d'amour :).
    Bisous à toi!
    https://lachambreroseetnoire.wordpress.com/2016/04/09/du-shopping/

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    1. C'est effectivement un très joli film. Le souci, c'est que le dvd est surtout dispo en import, mais on peut encore le trouver.

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  2. Titanic? Quelqu'un a dit Titanic?^^
    Les deux films m'intriguent et chacun pour des raisons complétement différentes. Le fait qu'il n'y ait pas de sangliers tueurs me rassurent même si j'ai cru voir un pigeon faire un drôle de truc...
    C'est une fois de plus du bon boulot Miss, il ne reste plus qu'à trouver les films et à repasser par ici pour partager ses impressions. Merci d'élargir notre horizon cinématographique.

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    1. Aïe, j'aurais du faire attention, je sens la crise de Leonardite aigüe monter (en même temps, j'avoue que Leonardo, comme le film, expception faite du générique de fin beuglé par Céline sont tout simplement excellents).
      Merci à toi pour tous tes retours. Je ne sais pas si tu pourras trouver facilement ces films, mais si les médiathèques ont toujours des secrets bien gardés ;-)

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  3. Les deux me tentent énormément ! Il va falloir que je me mettent en quête de ces trésors presque introuvables :)

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  4. Ce sera plus facile pour Innocence, je pense. Pour Appel d'Urgence, ça tient plus du défi, mais ça reste possible ;-)

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