pelloche

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jeudi 30 avril 2015

Beyond Clueless: "A teenage dream's so hard to beat..."

Parce que l'adolescence est à jamais indissociable de la musique, je me devais de faire référence en titre pour ce film à une chanson. J'ai hésité entre Teenage Angst de Placebo, Teenage dream de Katy Perry, Teenage riot de Sonic Youth et puis bon, sans trop de débat avec moi-même, c'est Teenage Kicks des Undertones que j'ai choisi pour illustrer ce documentaire assez impressionnant sur le Teen movie: Beyond Clueless, sorti cette semaine sur les écrans.



Le terme de documentaire est assez générique et ne rend pas bien compte de ce qu'est cet objet filmique que j'ai eu la chance de voir en avant-première avec présence du réalisateur, Charlie Lyne. En fait, ça ressemblerait plutôt à une conférence assez pointue sur le film pour ados, sa construction, ce qu'il raconte, avec pour base un montage d'extraits très bien choisis dans une collection aussi personnelle qu'éclectique (je regrette simplement que les films les plus anciens n'aillent pas au-delà des années 90 - Breakfast Club, quoi!!!).


Ca a l'air un peu rébarbatif comme ça, mais en fait, ça ne l'est pas du tout. C'est même assez passionnant. D'abord, et c'est mon cœur de teenageuse 90's qui parle, la narratrice qui va nous expliquer la psyché adolescente de ce genre de film n'est rien moins que Fairuza Balk, la jolie et inquiétante sorcière du teen-movie wican, Dangereuse Alliance. Sa belle voix éraillée analyse les tourments adolescents comme présentés par les films qui leur sont destinés, et ajoute beaucoup à la poésie du film. Tout comme la BO pop acidulée et nostalgique des formidables Summer Camp, un duo britannique à voir absolument sur scène si vous en avez l'occasion. En fait, entendre un de leur morceaux au générique a été ma principale raison de vouloir voir ce film. Charlie Lyne avoue lui-même qu'après avoir passé des heures en salles de montage et présenté plusieurs fois son film, la seule chose qu'il en supporte encore, c'est la musique. Vu le travail qu'a dû représenté l'écriture et le montage de ce film, on le comprend.



Concernant l'analyse de Lyne sur le teen movie, elle est très fournie, et pourrait tout à la fois avoir des ambitions littéraires et universitaires, tant elle est pointue, juste et bien écrite, le côté ennuyeux et pédant en moins. L'idée était de prendre au sérieux ce genre, si souvent décrié, et l'analyser avec tout le sérieux duquel on ne lui accordait pas le mérite. Et c'est une véritable réussite, il réussit à débusquer à travers plusieurs chapitres, les grands thèmes et les grandes constructions de ce cinéma, par chapitre. On y apprend comment survivre au lycée et à ses règles intangibles, comment passer ce moment effrayant qu'est la puberté, comment gérer ses pulsions sexuelles, comment s'interroger sur son avenir, comment s'insérer dans la société et afficher son individualité... Et comment le film de teenager, souvent sous couvert de subversion, est en fait souvent formateur, pas dans le sens pédagogique mais plutôt dans le fait de formater les esprits, et c'est assez effrayant...



La liste des films choisis pour illustrer chaque chapitre m'a véritablement réjouie: assez peu de classiques, à part peut-être Lolita malgré moi, mais beaucoup de films moins connus et très intéressants. Si le film s'appelle Beyond Clueless, ce n'est pas pour rien, c'est bien pour s'intéresser à toute cette production au-delà de ce qu'on en connaît (Clueless étant un peu l'étendard de la comédie teen américaine). Au programme des analyses, et dans tous les genres, le film de SF The Faculty, le film d'horreur (dont je suis fan) Jeepers Creepers, la comédie grand guignol La main qui tue, la comédie sentimentalo-rigolote Sex trip, ou la Teen wolfette (que j'ai très envie de voir), Ginger Snap, ou l'invraisemblable et adorable 13 going on 30. Du coup, le film s'accompagne de toute une liste de film qu'on a envie de voir ou de revoir.



Malheureusement, le film a le défaut de ses qualités: le sérieux de son analyse et son côté très écrit le rendent parfois un peu ronronnant et un spectateur que le sujet ne passionnera pas plus que ça pourra vite décrocher.

Ce film, réalisé avec peu de moyens par un blogueur et critique ciné a cependant le mérite de constituer une expérience à part, une véritable étude, images à l'appui, d'un genre trop souvent sous-estimé. Le montage fait la part belle aux comparaisons (qui aurait cru, par exemple, que la scène de baiser en piscine était un poncif du genre?) et aux contrastes, et crée sa propre narration. Mais ce que j'en retire finalement, c'est cette chose assez évanescente que diffuse ce film, qui fonctionne comme un chant d'amour à une époque révolue: un élan de douce nostalgie, un regard amusé et tendre sur son propre âge dit ingrat, celui des amours de cour de récréation...








4 commentaires:

  1. Parfait pour moi! Mon coeur de fan des années 90 va être regonflé. :)

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    1. Là, oui, tu vas avoir l'embarras du choix ;-). Bon week-end!

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  2. J'ai lu les critiques au sujet de ce documentaire; j'hésitai à aller le voir, mais ton article me convainc que... non, j'attendrai son passage télévisuel. Je n'ai pas vu assez de tenaces movies (même, aucun) pour me déplacer!

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    1. Je comprends, je pense en effet qu'aimer le genre aide beaucoup à apprécier ce film. En revanche, à part Arte, je vois peu de chaînes de télévision prête à le diffuser (c'est quand même une analyse sérieuse, donc pas pour TF1 ou M6, et sur un sujet trop clivant pour les chaînes publiques)

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