pelloche

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dimanche 18 juin 2017

Beau séjour: Twin pils


Grâce au site cinétrafic, j'ai pu découvrir en blu-ray la série belge Beau séjour, une série audacieuse entre polar rural et fable fantastique, qui sonde les tréfonds de l'âme humaine d'une petite communauté flamande dans un village bordant la Meuse, à la frontière avec les Pays-Bas. Ce Blu-ray, édité par Arte (qui a aussi sa page facebook)

Kato, une adolescente, se réveille à l'aube dans une chambre de l'hôtel Beau séjour, en sang. Elle ne va pas tarder à se rendre compte de sa difficulté à communiquer avec les personnes qu'elle va appeler à l'aide. et pour cause, Kato est morte cette nuit là. Elle va devoir alors répondre aux questions qui restent en suspens et l'empêche de reposer en paix: Que s'est-il durant cette nuit? Qui est son meurtrier? Pourquoi certaines personnes parviennent à la voir, et pas d'autres?


La première chose qui m'a happée dans Beau séjour, c'est son ambiance, une ambiance très singulière, qui se crée à partir de nombreux éléments qui s'assemblent de manière étrange et pourtant tout à fait cohérente. On sent des influences sériphiles aussi variées que de qualité. Par exemple, la série ne cache pas son admiration pour Twin Peaks: on y retrouve la tragédie de la jeunesse sacrifiée, les secrets inavouables cachés au sein de chaque foyer d'une bourgade en apparence paisible, les fulgurances comiques au milieu de la noirceur la plus diabolique... Jusqu'à des citations à peine voilées: un corps de jeune noyée sous un film plastique, la confidente/rivale et le beau motard, l'inspecteur (inspectrice ici) tirée à 4 épingles qui débarque dans un commissariat de province où, si l'on ne sert pas une tonne de donuts le matin, on apporte toujours une tarte fait maison. Mais on pourrait aussi citer, pèle-mèle, des mises en scène de crimes à la True Detective, la tension qui monte dans une petite communauté, dans laquelle pèse l'ombre de la pédophilie, comme dans Broadchurch, le tout dans un cadre résolument belge, où la pesanteur de la vie rurale s'alourdit par un horizon invariablement grisâtre, et où le traumatisme des affaires Dutroux continuent de hanter la morne plaine.

Visuellement, c'est très fort, et ce dès les premières images, à l'aube d'un glauque (la couleur, comme l'esprit) uniforme. Toute la série, par la suite, semblera se poursuivre dans cette atmosphère entre chien et loup, dans cette brume toujours plombante, où tous les chats, comme les humains, sont gris et où la seule touche de couleur, flamboyante, vibrante et bien plus vivante que cette ville terrassée par la dépression, c'est le jaune du sweat-jaune et de la moto du joli fantôme, Kato.



Kato, c'est d'ailleurs la plus belle trouvaille de cette série orchestrée par deux femmes, Nathalie Basteyns et Kaat Beels qui ont créé là un magnifique personnage de spectre sacrément incarné. Interprétée par la jeune et très charismatique Lynn Van Royen, Kato redéfini l'image du fantôme. On s'éloigne ici de la présence éthérée qu'on a l'habitude de voir. Kato vit, peut être plus encore que n'importe quel autre personnage et possède une véritable corporalité: elle dort, elle boit, elle conduit sa moto à toute blinde, elle peut étreindre mais aussi prendre des coups. Plus proche de fantômette que de Laura Palmer, elle déterre tous les vieux secrets croupissant sous les champs de céréales et les terrains de motocross, elle pousse une ville où, à l'image de l'hôtel Beau Séjour au charme suranné, le temps semble s'être arrêté, à s'éveiller d'un long sommeil cauchemardesque.


Le scénario a, à mon goût, un peu trop de tiroirs. Chaque épisode a son cliffhanger, c'est souvent très bien foutu, parfois complètement estomaquant, mais un peu trop systématique. Mais ça fonctionne complètement. On se laisse empêtrer dans les ficelles de l'intrigue qui fait ce qu'elle veut de nous (J'avais trouvé le tueur dès le début, mais on a réussit à m'en détourner complètement en cours de route, jusqu'à ce que je ne sois plus sûre de rien, et je trouve ça assez fort) et on dévore tout en un rien de temps, malgré l'atmosphère pesante de la série, qui m'a un peu désagréablement imprégnée pendant quelques jours, la meilleure preuve de son efficacité.

Sinon, dan un registre complètement différent, sachez que les teens movies à découvrir sont par ici sur Cinetraficet que vous pourrez aussi y trouver une liste de films palpitants se déroulant au Moyen-Age, 



8 commentaires:

  1. C'est devenu aussi le principe des séries qui abondent maintenant que de proposait un suspens en fin de chaque épisode. J'ai vu ce Beau Séjour lors de son passage sur Arte. Une très belle série européenne, forte et prenante.

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    1. J'avoue que pour les séries, comme pour les romans, quand un motif de construction devient un cliché, ça me dérange un peu, mais c'est bien la seule chose que je peux reprocher à cette belle série

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  2. Cinétrafic a l'air de proposer du bon contenu :).

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    1. Plus que cela, Cinétrafic répertorie pratiquement tous les objets filmiques qui sortent en France, et propose des listes thématiques intéressantes si on veut explorer un sujet

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  3. J'ai regardé cette série sur Arte+7 et j'ai tout de suite était happée par le postulat de base, malgré les tiroirs un peu trop systématiques effectivement.J'ai bien aimé le mélange de suspense et de surnaturel et l'ambiance singulièrement particulièrement bien retranscrite. J'ai été un poil déçue par le dénouement que je n'ai pas vu venir aussi rapidement que toi.

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    1. C'est effectivement vraiment une série d'ambiance. C'est ce qui happe dès le départ et le fait que ce soit tenu sur toute la longueur de la saison la rend assez addictive. J'ai un problème avec les fins à suspense. Mon seul super pouvoir est de réussir à trouver les rebondissements d'un scénario avant qu'ils arrivent dans 75% des cas et comme ça énerve un peu Môssieur, ça m'amuse beaucoup (En ce moment, on regarde How to get away with murder, je m'éclate). Parfois je n'y arrive pas et je suis surprise par la fin. Quand c'est que le scénario a réussi à me mener par le bout du nez, c'est génial, je prends un pied pas possible. Quand c'est écrit en dépit du bon sens (genre avec un bon deus ex machina, ça m'énerve au plus haut point). Là, le fait que le scénario ait réussi à me faire douter véritablement de mon intuition de départ, c'est pour moi un vrai petit bonheur de spectatrice.

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