Le titre est éloquent, du coup, je n'en rajouterai pas beaucoup plus, même s'il faut, bien évidemment, que j'argumente sur le sujet. Mais je vais essayer de faire vite, d'abord parce que ça m'enthousiasme plus de parler des films que j'aime, et que le film m'ayant déjà fait perdre quelques heures précieuses de ma vie, j'ai pas non plus envie de m'apesantir dessus.
Voilà, mon histoire avec Interstellar, c'est avant tout une histoire de déception, de GROSSE DECEPTION. Parce qu'au départ, tout commence bien. Le futur décrit est tout à fait cohérent: après des guerres dévastatrices, l'armée est dissolue et tout l'effort des Etats Unis va à l'agriculture, d'autant plus que la pollution et les catastrophes naturelles ne la rend pas aisée, et que l'humanité est en passe de crever de faim. Intéressant, comme point de départ. Les personnages qu'on voit commencer à s'installer sont aussi plutôt bien sentis, et on a envie de les suivre: Cooper, un ancien pilote qui, par la force des choses est devenu agriculteur, est un jour recruté par la Nasa qui s'était bien cachée (bon, là, déjà, premier problème, comment on fait pour cacher et financer encore la Nasa au pays de la théorie de la conspiration?) pour aller explorer de nouveaux mondes potentiellement habitables à travers un trou de ver récemment apparu. Il va devoir pour cela quitter sa famille, sans savoir quand il pourra la revoir, ni si le temps aura la même prise sur chacun d'eux. Une décision terriblement difficile, surtout concernant la petite Murphy (nommée ainsi en hommage à la loi selon laquelle tout ce qui peut arriver de mal finit fatalement par arriver), un véritable génie physique en rebellion avec la société plan-plan (quinquénal) dans laquelle ils vivent. La relation entre le père et la fille est vraiment très belle et la scène de séparation absolument déchirante. Du coup, on se dit, "Chouette, ça commence bien, l'histoire est posée, on a un univers intéressant, de beaux personnages avec un sacré objectif (sauver le monde, c'est quand même pas rien). En plus de ça, y'a du lourd au niveau du casting: Matthew Mac Conaughey, le toujours génial Michael Caine, Jessica Chastain, le trop rare Casey Affleck, Matt Dillon qui est ici exceptionnel et une apparition de formidable Ellen Burstyn. Tous les éléments sont réunis pour faire un très bon film de science fiction".
Sauf que non. Sauf que dès qu'on commence à partir dans l'espace ça se gâte, sauf qu'on veut tellement nous épater à coup d'images grandioses et de théories scientifiques (donc beaucoup sont fondées, y'a pas à dire, y'a du travail de recherche de la part des scénaristes) qu'on en oublie totalement les personnages et qu'au bout de 1h30 de film, on s'ennuie déjà. Et le film dure plus de 2h40...
Donc déception immense et ce pour plusieurs raisons:
- Anne Hathaway: désolée, c'est plus fort que moi, mais je peux pas, je n'arrive pas à voire autre chose qu'une actrice. Je la trouve mièvre et assez insupportable. Après, vu le manque de profondeur de son personnage, je peux pas non plus vraiment lui en vouloir.
- La lumière. Pour moi, c'est toujours le problème avec Nolan, cette image grisâtre, beigeâtre, verdâtre qui me fait penser à Derrick, ça me plombe. Après j'ai toujours envie de voir un Wong Kar Wai ou un Almodovar avec la satu couleur montée à fond (c'est mon côté heavy metal de la couleur)
- En tant que véritable amatrice de science fiction, je n'ai pas peur de la Hard SF, ce courant qui se base sur des théories scientifiques étayées et approfondies, quitte à être parfois didactique, parfois même obscur. Mais c'est très difficile de faire de la bonne Hard SF. D'abord, parce qu'il faut tenir le fil de la crédibilité scientifique jusqu'au bout. Et là, attention, spoiler, la fin où l'on découvre que la loi scientifique qui est supérieure à toutes les autres, c'est l'Amour, moi je suis désolée, mais ça me choque! C'est du niveau de la Scientologie: on prend de réelles théories scientifiques, on n'hésite pas à faire appel à la physique quantique, et on t'embrouille pour y faire rentrer une pensée, que dis-je, une MORALE New Age débile. Et ça, ça me met en rogne, vous imaginez pas comment, parce que quand on part d'un personnage qui est une sorte de héros de la science et de la méthode analytique et qu'on arrive à ça, c'est ou du sophisme, ou du pur et simple foutage de gueule. Et personnellement, ça ne me plait pas.
Ensuite, la caution scientifique, c'est bien, mais à aucun moment, elle ne doit se faire au mépris de la crédibilité du récit. Donc, c'est très bien de nous expliquer qu'il y a des perturbations temporelles lorsqu'on s'approche des trous noirs, mais moi, j'aimerai bien qu'on m'explique comment une nation qui crève la dalle parvient à créer une immense station orbitale... et comment fait Michael Caine pour ne pas prendre de ride supplémentaire en 30 ans.
- C'est long!!! et la moitié de l'action ne sert pas le récit.
Bref, vous l'aurez compris, je suis pas contente du tout et je pense que ces quelques secondes de DR Who valent mille fois les presque 3 heures d'Interstellar.
PS: Bon désolée, j'ai pas réussi à faire court, je dois être très énervée...