pelloche

pelloche

mardi 2 juin 2015

We did need another heroin: Mad max Fury Road


Ayéééé! Je l'ai vu. Le fameux nouveau Max le taré, j'y suis enfin venue, et en 3D s'il vous plait! Parce que oui, ça faisait un moment que je voulais voir ce film. Pas que je sois une fan absolue de la série (en fait, je n'aime ni le premier, ni le troisième, mais j'ai beaucoup d'affection pour le second), mais la bande annonce qui montrait une sorte de caravane (pas celle de tes grands-parents en Ardèche, mais celle du désert, très bien évoquée par Ellington, moins par Chazelle ;-) ) à la violence délirante, à la sécheresse post-apo, à l'esthétique mécanique et graisseuse m'a mis dans un état d'enthousiasme fou. J'ai gardé mon pied sur l'embrayage pendant plusieurs semaines, j'ai fait ronfler mon moteur, la main sur la clé de contact et dès que j'ai été en mesure de le voir en salle (très tard, il est vrai), j'ai démarré au quart de tour.



Et je peux vous le dire, je n'ai pas calé une seule fois, aucune panne d'essence, j'ai même jamais eu à toucher les freins: j'ai foncé, tête baissée, grand sourire ouvert aux moucherons, pendant les 2h du film, sans voir le temps passer ni la route défiler, allant "ptêtre au Paradis mais dans un train d'enfer".

Pour ceux qui seraient passé à côté, je vous rappelle l'histoire. Dans un monde post apocalyptique où l'on manque de tout, d'eau, de pétrole, de bouffe et de bonnes manières, Max (Tom Hardy) n'a plus toute sa tête. Héros solitaire qui a pété les plombs après le meurtre de sa femme et de son gosse (Mad Max 1), la perte de son toutou (Mad max 2), il est hanté par les gamins de Mad Max 3. Comme tout le monde, il survit, comme tout le monde, il est désespéré, comme tout le monde, s'il est encore là, c'est un miracle. Sauf quand il se fait choper pour servir de réserve sanguine (en ces temps, il ne fait pas bon être de rhésus O).


C'est ainsi qu'il va se retrouver, bien malgré lui, à la poursuite de l'Impératrice Furiosa, qui doit être un peu tarée aussi, parce qu'elle a décidé, à elle seule, de sauver tout un groupe de jeunes femmes des griffes du chef de guerre Immortan Joe, que ce dernier utilise comme esclaves sexuelles et poules pondeuses. Leur alliance va faire des étincelles...



Je dois vous avouer un truc: depuis que j'ai vu ce film, quelque chose a changé dans ma vie: je suis devenue Furiosiste, oui, une furiosiste intégrale. J'ai toujours été Ripleyienne, j'ai eu une petite phase à vide  et rêvais de voir enfin une nouvelle héroïne de ce calibre et, à mon grand étonnement, c'est Miller qui a réalisé ce rêve (faut dire ce qui est, le premier Mad Max, c'est quand même pas l'éclate au niveau du perso féminin qui tabasse). Alors bien sûr, y'a eu Mulan, Kill Bill et Boulevard de la mort. Mais l'héroïne qui ne cherche ni à être jolie, ni à être sexy, qui n'est pas une gamine, qui a un passé, une évolution, des raisons de se battre, des valeurs, et qui n'a pas besoin d'une histoire d'amour pour exister (on le sait, à Hollywood, une femme doit TOUJOURS être amoureuse), à part Ripley, y'en n'a pas eu tant que ça. Un vrai personnage, quoi, pas juste une jolie fille qui a encore plus la classe parce qu'elle sait se castagner, un caractère écrit, fouillé, admirable!



Tout ce qu'on a dit est donc vrai, ici, le vrai héros n'est plus le fameux Mad Max que sa démence et sa fatigue (ça fait quand même 30 ans qu'il en prend plein la tronche, le pauvre) commencent pas mal à entraver, c'est vraiment Furiosa qui prend le relais ici. A tel point qu'on se demande si ce film n'a pas été fait pour introduire cette nouvelle héroïne pour une nouvelle série. Je ne sais pas vous, mais à la sortie de ce film, je n'ai eu qu'un mot en tête: PREQUELLE

Parce que le film est écrit ainsi: on est constamment dans l'action mais on apprend par bribes des indices sur les personnages et, derrière celui de Furiosa, il y a un mystère qui vaut largement un film: une volonté de rédemption pour une faute inconnue, la perte d'un bras dans des circonstances qui le sont tout autant, l'évocation d'un enlèvement et d'une mère morte, d'une histoire de famille bien pourrie. Tout ça, ça hurle la préquelle à venir, et c'est tant mieux, parce que je crève d'envie de la voir.



Alors voilà, la raison première pour laquelle aller voir Fury Road, c'est ça, c'est ce personnage génial et sa très bonne interprète. Mais attention, ça ne veut pas dire que ce soit le seul personnage intéressant. Loin de là. Ce qu'il y a de très beau dans l'écriture de ce film, c'est qu'aucun des personnages n'a été laissé au hasard. Tout a été parfaitement écrit. Derrière chacun, même les "méchants", il y a une histoire, une histoire faite de douleurs et d'espoirs, parce que pour survivre dans un monde aussi hostile, on en a nécessairement subi les premières, et eu besoin d'une bonne dose des seconds. C'est encore plus fort chez les personnages d'un certain âge, notamment pour les femmes qu'on découvre dans la dernière partie du film. C'est un grand bonheur de voir l'âge comme un signe de force, parce que c'est exactement ce qu'il représente dans ce film: quelqu'un qui a réussit à vieillir, c'est quelqu'un qui a réussit à se battre assez longtemps pour y parvenir. On imagine à peine ce qu'ils ont dû endurer pour en arriver là. C'est donc mathématique: plus on est vieux, plus on est un dur à cuire. Et ça, c'est classe!



De plus, pour chaque personnage, on nous pousse à nous interroger sur leur passé, leur parcours dans le film et leur destin à suite de celui-ci: quelle est la vie des courtisanes dans le harem? Qui sont-elles? D'où viennent-elles? Que deviennent-elles une fois qu'elles ont enfanté? Comment éduque-t-on un jeune guerrier à n'aspirer qu'à la mort au combat? Que faire une fois qu'on a échappé au pire? Comment reconstruire une société viable, égalitaire, quand tout manque? On prend vraiment à cœur le devenir de tous, mais aussi de notre Maxou d'amour.



Parce que moi, contrairement à beaucoup de nostalgiques de tonton Mel, j'ai adoré l'interprétation de Tom Hardy. Il n'en fait pas trop, et, marmonnant sans cesse, il campe parfaitement cet ermite un peu taré à la générosité involontaire. On le sent épuisé par la survie solitaire et quotidienne, hanté par la mort de tous ceux à qu'il a aimés, et on comprend sa volonté de ne pas s'attacher, par peur de perdre à nouveau. Il est rugueux, fort et vulnérable, et on sent chez lui l'énergie du désespoir. Il en fait un personnage sombre et torturé, qui aimerait bien s'en foutre et devenir aussi nihiliste que cette société qui n'a pas de sens, mais dont l'humanité se manifeste malgré lui. Une belle réussite.



Et puis bon, il faut quand même parler de l'essentiel: de la poursuite infernale, de l'odeur de cambouis, de la caravane de l'enfer. Parce que c'est sûr, si vous n'aimez pas l'action trépidante et les machines incroyables, ce film n'est pas pour vous (en même temps, c'est Mad Max, vous vous attendiez à quoi?). La première poursuite du convoi de Furiosa est tout simplement époustouflante. Une bonne demi-heure la tête dans le guidon, à accrocher les accoudoirs du fauteuil de cinéma comme au pommeau de vitesse. L'action a beau être foisonnante avec des personnages, des véhicules et des péripéties multiples et simultanées, le montage est magistral et on comprend tout ce qui se passe (ça a l'air d'une évidence, mais c'est très facile de perdre ses repères dans ce genre de scène). C'est d'une beauté formelle incroyable, du Métal Hurlant sur pellicule, avec une stylisation des machines et des costumes formidables. Mention spéciale au char du guitariste, une sorte de joueur de tambour qui scande la marche de guerre à grand coups de riffs assassins, un bonheur de bande son diégétique! Sans compter que la scène en question est pratiquement muette: pas de dialogue sinon quelques ordres et hurlements furieux, la musique et le vrombissement des moteurs: un truc de dingue, puissant et jouissif qui donne envie de se prosterner aux pieds de Miller, qui à soixante ans, n'a rien perdu de sa maestria, bien au contraire (quand je vous dis que plus on vieillit, plus on est un dur à cuire!)

Alors voilà, pour moi le contrat est rempli, bien au-delà de mes attentes:
- De l'action de malade, qui te prend les tripes et les peint au cambouis: check.
- Des personnages bien écrits, qui ont un vrai parcours: check.
- Une vraie grand personnage féminin, qu'on attendait depuis longtemps, et qu'on a envie de retrouver très vite: Double check. Parce que Tina avait raison sur une chose: c'est pas d'un nouveau héros dont on avait tous besoin, mais bien d'une nouvelle héroïne au nom qui sonne comme un cri de guerre: FURIOSA!!!










9 commentaires:

  1. c'est où qu'on applaudit? Ton article est trop bien écrit!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rhoo merci! Mais en terme d'écriture, je n'arrive pas à la cheville du scénario de ce film ;-)

      Supprimer
  2. Bon va me falloir la journée pour me remettre de la bande annonce que j'avais jusqu'alors délibérément évitée. Je me sens pas bien.
    Ce n 'est clairement pas mon type de film, car c'est le genre qui m'empêche de dormir pendant des jours. (mouais j'suis un bisounours). Par contre je suis encore une fois scotchée par ta plume. J'ai particulièrement aimé la métaphore filée. J'ai lu l'article deux fois alors que le film ne m’intéresse pas. Belle perf!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On va pas se mentir, le film est plutôt violent, bizarrement moins dans l'action que dans le monde qu'il dépeint (le post-apocalyptique, c'est souvent la chronique d'un monde désespéré, et je me prends toujours ça comme un coup de massue). Je comprend donc ta réticence...
      Merci en tous cas pour tous ces compliments, ça me touche beaucoup beaucoup beaucoup (les Bisounours 2, la revanche!)

      Supprimer
  3. Je n'eusse pas crû que notre Girlie Cinéphilie aimât Mad Max! je n'ai vu aucun film de cette tétralogie, cela me semblait ringard et un peu bourrin... ton article pourrait me faire changer d'avis! un film de baston dans une salle climatisée, au coeur de l'été, ça fonctionne bien!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Haha, Girlie Cinéphilie se délecte du bon cinéma d'action et est ultrafan de saga d'antihéros au grand cœur (Snake Plissken, Ellen Ripley...).
      Mais attention, on va pas se mentir, y'a aussi du bourrin (ça fait partie du plaisir du genre...). Mais aucune trace de ringardise...

      Supprimer
  4. Une chronique dithyrambique sur ce blockuster qui remplit parfaitement son contrat. Nous sommes d'accord

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup! Je viens de découvrir ton blog, je vois tout de suite un article sur 2019: J'AIME...

      Supprimer
  5. Merci de m'avoir répondu... Personnellement, je suis ravi d'avoir découvert ce blog. Je t'invite à rebondir sur le mien. You are welcome ! Pour 2019, je ne pensais pas que tu connaissais ce nanar qui hésite entre Mad Max et New York 1997...

    RépondreSupprimer