pelloche

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vendredi 8 janvier 2016

Sur les bons conseils de Tonton Martin: En quatrième vitesse, Quarante tueurs



Comme je vous l'avais annoncé, les fêtes et un peu plus de temps aidant, le Voyage à travers le cinéma américain de Martin Scorcese m'a touchée d'une boulimie cinévore incroyable et j'ai eu envie de voir de nombreux films préconisés dans cette série.
Et il se trouve que par chance, j'ai eu très vite accès à deux d'entre eux que je n'avais pas encore vus (je me suis d'ailleurs rendue compte que j'en avais vu pas mal sur le lot, ce qui m'a fait plaisir parce que dans un sens, c'est toujours ça de moins à pister chez les vendeurs de DVD et médiathèques). Et bien je vous le dit, les conseils de Tonton Martin, c'est pas de la gnognote, parce que pour chacun des films, je me suis régalée, et je m'en suis voulue d'avoir attendu aussi longtemps pour les voir.
Alors c'est reparti, dans la série Oldies but goodies, les deux conseils de Martin Scorcese qui m'ont fait vivre le rêve américain (un peu brisé, c'est toujours plus beau):

En quatrième vitesse, Robert Aldrich



Bon sang, je ne comprend toujours pas pourquoi je n'ai pas vu ce film plus tôt. Tous les ingrédients pour me plaire étaient là. Déjà, j'adore Robert Aldrich et Whatever happened to Baby Jane reste un de mes films préférés au monde, point barre. En plus, un film noir culte avec une pointe de fantastique? Et Mike Hammer sans la moustache? (oui, alors ça, ça ne fonctionne que si vous êtes nés avant 1990) Comment se fait-il que je sois passée à côté?

L'erreur est désormais réparée, j'ai vu En quatrième vitesse, dont je préfère définitivement le titre américain, beaucoup plus sulfureux Kiss me Deadly. Et il était temps. Je comprends pourquoi ce film, si moderne pour l'époque (1955) a tant inspiré une génération entière de réalisateurs, notamment Godard pour A bout de souffle.



D'abord parce que la réalisation, surtout vu le petits moyens de la production, est assez époustouflante. Aldrich sait faire monter le suspens et la pression avec peu de chose, mais on a l'impression que ce qu'il utilise ici, on les reverra de très nombreuses fois par la suite: la menace  signifiée par une paire de chaussures, l'ennemi dont on ne voit pas le visage et qui semble d'autant plus terrifiant, la lumière qui s'échappe d'une boîte mystérieuse, une boîte de Pandore que tous désirent.

Tout semble résolument moderne: les personnages féminins, tous très différents, sont incroyablement sulfureux: la femme-mystère par qui tout arrive, la pythie qui sait tout,  devine tout, et qui joue un drôle de tour à Mike Hammer en montant dans sa voiture, l'amie-amante-associée prête à user de ses charmes et de sa ruse pour les beaux yeux du détective, la fausse idiote vénéneuse... Les dialogues sont à la fois naturalistes et poétiques, entre la gouaille des bas-fonds et l'ode homerienne, un langage à part, une énigme de plus.



Et puis il y a ce scénario bizarre, adapté d'un roman de gare de Mickey Spillane et totalement remodelé pour en faire un oeuvre à part, imprimant sur le film l'atmosphère asphixiante de peur (peur de l'autre, de la trahison, du nucléaire) de la guerre froide, et cette fin, cette fin complètement inattendue qui vaut à elle seul les quelques moments un peu bavards et ennuyeux du film et qui a un sacré Va va voum.

 
Quarante tueurs, Samuel Fuller

Encore un film dont je ne comprend pas pourquoi je ne l'ai pas vu plus tôt. Déjà, c'est un western. Et j'aime beaucoup ce genre. Ensuite, une grande héroïne, La femme au fouet, incarnée par cette splendeur de Barbara Stanwyck, avec un chanson formidable quasi SM que ne renierai pas le Velvet underground de Venus in Furs. Et Samuel Fuller, le réalisateur rebelle, le démonteur de mythe, le créateur d'images incroyables. Dire que sans tonton Martin j'aurai pu passer à côté de ce film encore quelques années...



Parce que là, je vous préviens, je vais crier au chef d'oeuvre, rien de moins: CHEF D'OEUVRE!!!! D'abord parce que le scénario est une vraie merveille à mi-chemin entre grand mythe américain (l'influence de l'histoire de Wyatt Earp et de son règlement de compte à OK Corral est indéniable) et la fin de ce même mythe. Ici, les héros sont fatigués, ils ne trouvent plus leur place dans ce monde qui change de mains et de valeurs. Ce n'est plus le temps de la conquête de l'ouest et la force a laissé la place à la politique. Du coup, le héros, Griff Bonnel , est un as de la gâchette vieillissant qui aimerait bien se ranger des chariots bâchés en se retirant dans une petite ville. Mais un gang régi par une femme au fouet, Jessica, menant d'une poigne de fer pas moins de quarante tueurs règne déjà sur la ville, et le petit frère de Jessica est une vraie teigne. Vous imaginez ce qui va suivre: un duel au sommet entre Griff et Jessica, du sang, du désir, de la poussière, de la vengeance et des larmes.

Et bien sûr, pour qu'un excellent scénario devienne un chef d'œuvre, il faut bien évidemment une belle mise en scène. Et là, laissez moi vous dire qu'il y a du lourd, du début du film à la fin, c'est à la fois classique et audacieux, innovateur (surtout pour l'époque) et dans la lignée du grand western, et c'est beaucoup d'images qui restent en tête. La séquence d'introduction est déjà incroyable. une carriole avance doucement sur un chemin désert. Les nuages au-dessus s'amoncellent. Puis un tonnerre de cavalcade se fait entendre, et apparaissent des pattes de chevaux au galop. En montage alterné, Griff Bonnel et ses compagnons se découvrent un à un dans la carriole et la cavalcade furieuse s'intensifie: on voit apparaître une femme sur un cheval blanc, poursuivie d'une horde sauvage de cavaliers noirs, soulevant un nuage de poussière. L'équipée croise sans ménagement la carriole, dans laquelle Bonnel a bien du mal à maintenir ses chevaux, qui ruent à tout va. Puis le générique défile, alors que la caméra choisi de suivre Barbara Stanwyck triomphante et ses 40 hommes de mains. Tout est déjà là: le défi entre les deux personnages, la violence, la passion. Mais ce n'est pas juste une séquence qui vend du rêve: tout le film est de cet acabit. Pêle-mêle, un plan séquence de malade traversant toute la ville, une femme aimée vu au bout d'un canon de fusil (ouais, James Bond, espèce de copieur!), une scène de tornade incroyable, avec des cascades acrobatiques, et des effets spéciaux hallucinants, un duel à trois sous le soleil... J'ai passé pratiquement tout le film la mâchoire ballante. En plus, la photo est d'un noir et blanc sublimement contrasté, c'est un régal!



Et puis il y a Barbara Stanwyck, la classe incarnée! Elle a là un rôle à sa mesure, un rôle qui tabasse, dans lequel elle peut montrer toute l'étendue de son talent. Elle est à la fois la mère, la maîtresse, la brute, le patron, la sacrifiée, l'égoïste, la belle, la rebelle, l'enfant turbulente et la vieille femme sage et fatiguée, brûlante de désir et froide comme une porte de prison. Elle est tout simplement sublime, au sommet de son art. A 50 balais, elle illumine l'écran avec un sex-appeal de donzelle et une intelligence de jeu qui déborde. Bon sang, c'est un des plus beaux personnages féminins de tout le cinéma américain et il est superbement incarné.




Donc, je le répète, sur ce coup, vraiment merci Tonton Martin: CHEF D'OEUVRE! (ne faites pas comme moi, n'attendez pas de voir ce film, ça urge!)






8 commentaires:

  1. Encore deux films classiques que j'aimerai beaucoup voir:)!

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    1. N'hésite pas, surtout pour 40 tueurs, je sais que tu partages mon admiration pour Barbara Stanwick

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  2. Je ne les ai jamais vu et maintenant j'en ai l'eau à la bouche. Je note les titres, ma DVDthèque ne te remercie pas ;))

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    1. Désolée pour l'agrandissement de dvdthèque, mais c'est pas de ma faute, c'est celle de Scorcèse ;-)

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  3. Tu as exaucé l'un des vœux de Môsieur(En date du 28 février 2015, si jamais tu as oublié). Il te remercie grandement.
    Barbara Stanwyck est pour moi un argument de poids.
    Y'a plus qu'à faire un tour à la médiathèque...

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    1. Ouh dis donc, j'avais oublié que Kiss me Deadly faisait partie de la liste du père Noël de Môsieur. Ben y'a pas de quoi, alors, Môsieur, mais là, j'ai quand même la caution Martin Scorcese pour m'aider, alors. Sinon, fonce sur 40 tueurs (sur ce coup là, c'est aussi la médiathèque qui m'a permis de le voir), la Stanwyck est au top, et en plus, je crois qu'elle a fait pas mal de cascades toute seule (Tom Crouse n'a plus qu'à se rhabiller).

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  4. Je ne les ai pas vus mais effectivement les conseils de Papi Marty sont toujours à suivre ! J'ai vu certains films après avoir les fameux docs en question !

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    1. C'est vrai que ces documentaires sont de véritables incitations à la débauche cinématographique. Sur ce coup-là, pas déçue du tout, il a bon goût, le bougre...

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