Lorsque La chambrerose et noire a proposé comme thème du Ciné-club « l'oeil
dans le rétro-viseur », portant sur les films des années 30
aux années 60, je me suis trouvée fac à un dilemme de taille :
allais-je vous parler de ma passion pour les comédies romantiques
vintage, de mes Hitchcocks favoris, de films noirs envoûtants,
d'immenses classiques. Et puis finalement, je me suis décidée à
évoquer un genre que j'aime particulièrement, puissamment vintage,
surtout parce qu'on n'en voit aujourd'hui pas si souvent que ça et
qui m'a toujours fait un peu rêver, le western avec quelques uns de
mes westerns préférés (mais pas tous, parce que même si j'ai
triché un peu, je me suis arrêtée en 1972).
Si vous ne connaissez pas le ciné-club de Potzina, je vous rappelle un peu le principe: à la base créée par la blogueuse Potzina, il a pour but de partager des chroniques ciné sur un thème donné chaque mois, et de découvrir ainsi un max de bons films. Tous les mois, un blogueur ciné participant propose un thème et répertorie tous les articles des bloggueurs participants. Pas de pression, aucune obligation de participer tous les mois, juste une envie de se stimuler les uns les autres. Si vous avez envie de participer, n'hésitez pas à nous retrouver sur notre page facebook, ou à m'envoyer votre article en commentaire de cet article.
1931 :
L'attaque de la caravane, Otto Brower et David Burton
De son nom original, Fighting caravans (quand même vachement plus pro-actif que la version française), on a déjà une bonne idée du scénar. Des caravanes de pionniers tentent de rejoindre l'ouest et doivent se défendre des attaques des Indiens qui veulent les empêcher de traverser leur territoire.
Rien ici de bien original, ni de bien passionnant, sauf si on s'attache à la romance au coeur de l'histoire qui fait tout le sel de ce film, et qui ferait presque penser à une comédie romantique.
Clint Belmet, un brigand qui cherche à échapper à la justice, réussit à convaincre une jeune migrante française, Felice (oui, je pense qu'un i a disparu quelque part) qui va s'installer en Californie, de se faire passer pour son époux et rejoindre la caravane, ni vu, ni connu. Et bien entendu, les deux personnages que tout oppose vont bientôt apprendre à s'aimer.
Rajoutons qu'ici, Clint est joué par un tout jeune et fringant Gary Cooper et que Felice est interprétée par une starlette que j'adore, Lili Damita, une petite bombe d'énergie et de charme made in France (et un temps Mme Michael Curtiz puis Mme Errol Flynn).
1946 : Un duel
au soleil, King Vidor
Avant d'inspirer Etienne Daho, Un duel au soleil est un véritable chef d'oeuvre de souffre, chaud comme la braise, violent comme une tornade, qui défie autant qu'il peut le code Hays.
La sublissime Pearl (Jennifer Jones), jeune sang-mêlée, se retrouve placée dans une famille propriétaire d'un ranch, après que son père a tué sa mère infidèle. Sa beauté rend fous les deux garçons de la famille, Lewt et Jesse. Mais le torride bad boy Lewt, c'est Gregory Peck et le charmant et gentil Jesse, c'est Joseph Cotten. Et on comprend combien chacun doit lutter pour échapper au désir brûlant qui les lient.
1950: La flèche
brisée, Delmer Daves
La flèche brisée est un beau film sur la difficile paix entre les colons et les Apaches. Au centre, la véritable rencontre entre Tom Jeffords et le chef apache Cochise.
Le héros est Jeffords, interprété par Mr Good Guy himself, Jimmy Stewart, qui va sans cesse essayer de construire un pont entre les Apaches et son peuple dans un contexte des plus tendus.
C'est un film magnifique sur la tolérance (même si encore une fois, le personnage amérindien féminin est interprété par une jolie Debra Paget poudrée à la Terracotta) et surtout sur la difficulté de maintenir la paix, quand la douleur vous touche de près.
1954 : Johnny
Guitare, Nicholas Ray
C'est bien connu, Nicholas Ray, connu surtout pour être l'auteur de la Fureur de vivre, osait être en avance sur son époque (quitte à passer pour un dangereux communiste).
Dans Johnny Guitare, exit les cow
boys qui crachent par terre et se grattent les coucougnettes dans leurs caleçons longs. C'est un duel entre deux femmes fortes et indépendantes dans une petite ville de l'ouest. D'un côté, la riche propriétaire Emma, Mercedes MacCambridge. De l'autre la farouche patronne de saloon Vienna, la grande Joan Crawford.
Une véritable petite merveille.
1956 : La
prisonnière du désert, John Ford
Attention, grand classique. Tout ce qu'il y a du mythique western hollywoodien est là: les deux John (Ford et Wayne), Nathalie Wood, le plan de la porte qui est un des plus grands de toute l'histoire du cinéma.
L'histoire, c'est celle d'un ancien soldat confédéré qui part à la recherche de sa nièce enlevée par les Comanche.
C'est d'une beauté plastique extraordinaire, les scènes d'action sont épatantes, c'est magnifiquement interprété. Chef d'oeuvre du genre.
1957 : 40
tueurs, Samuel Fuller
Découvert il y a peu, je vous avais déjà parlé ici de ce bijou du western dissident, à voir absolument.
1959: Rio Bravo,
Howard Hawks
Autre immense classique du genre.
Un huis-clos haletant sur le siège de la petite bourgade de Rio Bravo où a été arrêté Joe Burdette, membre d'un puissant gang de malfrats. John Chance (John Wayne), le shérif du comté, de passage et le sherif adjoint alcoolique Dude (Dean Martin) et le jeune Colorado (Ricky Nelson), vont devoir défendre la prison et leur ville.
Un grand film d'action qui a été inspiré par Le Train sifflera trois fois, autre sommet du genre et dont Carpenter s'inspira largement pour le détonnant Assaut.
1962: L'homme qui a tué Liberty Valence, John Ford
J'en met un deuxième de John Ford, parce que je crois que c'est là mon western préféré de la grande période hollywoodienne.
Un récit à la Rashomon où le point de vue fait toute la différence sur le meurtre d'un horrible malfaiteur, Liberty Valence. Une histoire de politique et de faux-semblants, de rédemption et de pouvoir de la fiction, avec John Wayne et James Stewart. Probablement le scénario le plus magistral et intelligent du western, j'ai pour ce film une admiration incroyable. Même si vous n'aimez pas le western, voyez L'homme qui tua Liberty Valence, il est tellement plus que cela.
1968 : Il était
une fois dans l'Ouest, Sergio Leone
Je ne pouvais pas parler de western sans parler de Leone et mon choix s'est porté sur mon préféré, Il était une fois dans l'Ouest. Une sombre histoire de vengeance qui suit la construction d'une ville de l'ouest, pleine de méga-hyper-gros plans, de musique envoûtante d'Ennio Morricone et avec un casting multo bueno: la sublime Claudia Cardinale, l'imperturbable Henri Fonda et le taiseux Charles Bronson. Pour moi, le plus ensorcelant des Leone.
1972 : Jeremiah
Johnson, Sydney Pollack
Pour celui-ci, je triche et m'immisce dans les années 70, parce que ce film formidable mérite d'être vu. Il retrace la vie d'un anti-héros, Jeremiah Johnson (interprété par un Robert Redford qui n'a jamais été aussi beau), un ancien militaire qui, dégoûté par la violence, décide de devenir trappeur et de s'éloigner de toute civilisation. Mais la violence finit toujours par vous rattraper...
Un superbe western où les paysages du désert qu'on a l'habitude d'y voir sont ici remplacés par ceux des Rocheuses et où la grandeur de la nature prend toute sa dimension. Un parcours initiatique terrible et magnifique, une grande leçon d'humanisme.
Pour répondre au thème, je m'arrête ici, mais je ne peux m'empêcher de citer quelques autres westerns plus récents qui valent aussi leur pesant de cacahuètes: le très beau Portes du paradis du regretté Michael Cimino, l'honirique et sublime Dead Man de Jim Jarmush, l'enthousiasmant Tombstone de George Pan Cosmatos et la formidable série Deadwood.