pelloche

pelloche

lundi 31 mars 2014

La classe internationale


On le fait tous les jours, sans même s'en rendre compte, parfois pas si bien que ça, mais parler français, on oublie que c'est pas inné.

Les jeunes migrants, eux, ils s'en rendent bien compte, c'est pas si simple que ça. Et c'est ce parcours qu'a choisi de mettre en évidence Julie Bertuccelli avec son documentaire La cour de Babel en suivant toute une année une classe d'accueil parisienne, soit une classe passerelle qui permet aux jeunes étrangers nouvellement arrivés en France de se mettre à niveau en français afin d'intégrer, matière par matière, les classes ordinaires du collège puis du lycée.

Ce documentaire porte bien son nom, puisqu'il pose la question qui est au cœur-même du mythe de Babel: "Comment vivre ensemble, comment se comprendre si l'on ne parle pas la même langue?" Et au départ, rien ne semble gagné: une classe avec des élèves de divers horizons, de divers milieux, de diverses cultures, mais aussi de divers caractères. Et forcément, des incompréhensions: sur leurs langues natales, sur leurs croyances, sur leurs manières de vivre, de s'exprimer. On commence pratiquement le film avec un débat sur le sens de "Salam Aleycoum", et on voit tout de suite, sans même aborder la question du français, combien les mots et leur sens ont une importance primordiale dans la communication, et que le challenge de, par l'apprentissage du français, créer un langage commun qui leur permettra à tous d'échanger ensemble, va demander du travail.

Des tensions se font sentir au sein de la classe, dont on ne sort pratiquement jamais, mais on devine qu'elles sont encore plus importantes au dehors. Les élèves parlent de leurs difficultés à créer des liens avec les élèves des autres classes, qui se moquent d'eux et de leurs difficultés en Français. Les rencontres avec les familles permettent également de mettre à jour des situations personnelles souvent difficiles, éloignement des parents, passé douloureux, responsabilités énormes, et le déclassement, toujours profondément frustrant. Et on se demande comment ils vont bien arriver à tenir le cap de cette année.

Et peu à peu les choses se passent, et elles passent justement par la parole. Cette parole, elle est donnée par une présence que l'on sent de plus en plus forte dans le film, une simple voix au départ, celle de Brigitte Cervoni, leur professeur, qui leur donne et la place, et les moyens, pour s'exprimer. Une femme à l'écoute de ses élèves, qui sait dire stop quand il le faut, comme il le faut, et qui désamorce avec aisance ces petites bombes que portent tous les adolescents en eux, parce que s'il est un âge frustrant, c'est bien celui-ci. Et que ces adolescents en particulier, on leur demande beaucoup (de travail, d'investissement familial), avec peu de moyens (financiers et de connaissances).  Parce qu'il est plus dur de bien faire ses devoirs dans un foyer ou quand on doit remplir des pages de dossier demande d'asile politique.

Et plus on avance, plus la parole se libère, plus elle se précise pour beaucoup et l'on assiste à la naissance d'une classe, d'une petite communauté. Ceux qui ont déjà enseigné connaissent ça, ça n'arrive pas tout le temps, mais parfois, les individus d'une classe finissent par former un véritable groupe, soudés malgré les petits conflits internes. Et c'est là qu'un professeur sait qu'il est face à une classe qu'il n'oubliera pas (et les spectateurs non plus, d'ailleurs)

C'est donc ici un très beau documentaire, très beau par son sujet, et parce qu'il reste au plus près des élèves. Même si j'aurais peut être apprécié une ambition cinématographique plus importante. Oui, il y a une construction, il y a le parti pris de suivre une classe un an, mais ça manque quand même d'une dimension esthétique qui justifierait la projection en salle.

Mais la vie de cette classe emporte tout, et émeut véritablement (ce qui veut dire que j'ai pleuré comme un veau pendant pratiquement tout le film). Et c'est surtout un film à voir en ces temps mornes, et qui redonne un peu d'espoir.



jeudi 27 mars 2014

Les foies dans les oreilles

© Copyright Laura and licensed for reuse under this Creative Commons Licence

Hier je vous parlais de mon addiction pour les drames radiophoniques. Il faut que je vous parle aujourd'hui de mon préféré, de mon petit frisson BBCesque, The Man in Black.

Rien à voir avec l'interprète de Ghostriders in the sky, même si des fantômes, ça n'est pas ce qui manque dans ce programme, un petit bijou d'horreur. Alors allumez votre ordinateur, éteignez la lumière, montez le son et préparez-vous à frissonner une bonne demi heure...

Mais qui est ce Man in black? C'est l'étrange narrateur qui toutes les semaines, présente une nouvelle horrifique. Il est interprété par Mark Gatiss. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, Mark Gatiss est un scénariste hors pair, qui a écrit pour la série Doctor Who (qui pour moi est, en terme de scénario, un modèle) et qui a créé, avec Steven Moffat, aussi créateur du Doctor, la série Sherlock. La crème de la crème de l'histoire bien ficelée, haletante et un peu flippante. C'est aussi un acteur à la prestance toute flegmatique, aristocratique et vaguement inquiétante. Pour les fans de Sherlock (ne vous cachez pas, je sais qu'il y en a...), il interprète Mycroft, le frère caenesque du célèbre détective.


A la radio, il joue de sa douce voix calme, posée et très inquiétante pour camper un conteur de l'ombre, qui prend un malin plaisir à faire dresser nos cheveux sur nos têtes.

Les différentes nouvelles traitent de sujet tous plus horrifiques les uns que les autres: apparitions, possessions, rituels macabres, etc. Celle de cette semaine évoque un pacte avec le diable... Brrr....

Encore une fois, c'est la BBC, donc c'est en Anglais. Donc si vous êtes débutants dans la langue, ça va pas être tout à fait simple. Mais pour les autres, vous allez voir, ou plutôt entendre, ça vaut le coup de s'y mettre. Et un hurlement n'a pas besoin de traduction, gnark gnark gnark...







mercredi 26 mars 2014

Drama Queen


Je vous ai déjà parlé de mon goût pour la radio, pour ce plaisir incongru d'écouter des gens parler, notamment de cinéma et d'être d'un seul coup pris par le son, et emporté. Ça marche avec des émissions simples de radio, mais ça marche encore mieux avec des drames radiophoniques.

Koa?? Me direz-vous. Des pièces radios comme quand les gens avaient pas la télé? Ca existe encore?

Ben oui, c'est vrai que c'est plus trop la mode en France depuis de nombreuses années, mais outre-manche, il y a le temple du radio drama, la BBC, et en particulier la BBC 4 extra.

Alors, je vois bien ce que vous pouvez vous dire: les pièces radiophoniques, c'est un truc ringard avec de mauvais acteurs récitant un mauvais texte. Mais là, je vous arrête tout de suite. Les drama de la BBC, c'est pas du tout ça. La BBC, c'est une institution mondiale, et c'est pas pour rien. Donc leurs dramas, c'est plus que du cinéma sans l'image, plus que du théâtre sans la scène. C'est de la RADIO, de la vraie, qui vous fait vivre des trucs pas possibles par la voix et des ambiances sonores incroyables. Vous vous souvenez le fameux canular d'Orson Welles avec la Guerre des monde sur CBS? Quand des milliers de personnes ont cru que les extra-terrestres allaient débarquer? Et bien, quand vous aurez écouté les drama de la BBC, vous comprendrez comment ça a pu être possible.

D'abord, les acteurs. On imagine toujours que les acteurs à la radio sont des acteurs débutants, type les jeunes du cours Florent qui lisent dans Voyage au bout de la nuit sur D8, mais avec des tenues moins affriolantes (un de ces quatre, il faudra aussi que je vous parle de mon amour coupable pour cette émission si étrange du PAF). Et ben, la BBC, ils prennent des acteurs du cru BBC, vous savez ceux qui jouent dans les séries BBC à la télé et qu'on retrouve après dans les grands blockbusters américains qui ont besoin de personnages maîtrisant parfaitement l'accent britannique. Pour vous mettre l'eau à l'oreille: Benedict Cumberbatch, de Sherlock (la voix grave la plus émoustillante depuis Barry White), David Tennant, le vrai Doctor Who, la jolie petite voix éraillée de Katherine Parkinson de The IT Crowd ou même le Grand, l'Immense Vincent Price (dans la série fantastique The Price of fear). Ça rigole moins déjà...


  Après, il y a les histoires et laissez-moi vous dire que des auteurs, il y en a, et pour tous les goûts. Du classique: Alexandre Dumas, Charlotte Brontë, Bram Stoker ou Henri James. De la SF et de la fantasy, avec du Douglas Adams, du Ray Bradbury, du Charles Chilton, mais aussi du policier avec Agatha Christie. Y'a de quoi se régaler...

Et du coup, ça donne quoi? J'ai d'abord envie de vous dire, allez écouter par vous même, c'est une expérience à part. Vous fermez les yeux et toute une histoire coule dans vos oreilles. Tout est parfait, du jeu aux effets sonores. Et les effets sonores, parlons-en! La pointe, le summum. Il faudra un jour qu'on parle plus longuement du BBC radiophonic workshop, une équipe de créateurs sonores qui ferait rougir l'IRCAM, et tout ça au service d'une histoire pour nos petites oreilles. Si vous voulez essayer, je vous conseille de vous rendre sur le site de BBC 4 extra pour écouter. Dites-moi ce que vous en avez pensé...

Et en plus de tout ça, ça permet de bosser son anglais, et avec l'accent british s'il vous please.

Très vite, je reviens pour vous dire deux mots d'une série radiographique de la BBC qui fait peur, et c'est tellement bon d'avoir peur dans le noir!

vendredi 21 mars 2014

Lost in translation


Ouatte ze elle! Pour ne pas dire ouatte ze foque!

Parce qu'il y a des jours.....GRRRR.... je sens en moi comme un vent de révolte, j'ai envie de crier ma colère, de dire STOP. Et il faut que j'en parle, que je ne garde pas toute cette fureur sur le cœur. Alors voilà, c'est le coup de gueule ciné de la semaine, du mois si tout va bien, de l'année si on est très chanceux.

Il y a quelques temps, j'ai vu la bande annonce en VO de La Voleuse de livres:

Y'a rien qui vous choque? Parce que moi, y'a un truc qui me fait grincer des dents et tapoter du pied d'agacement. Vous avez entendu Emily Watson? Incroyable!

Je m'explique. Le film est censé se passer en Allemagne, pendant la seconde guerre mondiale. Tous les personnages sont allemands, et on imagine qu'il doivent parler allemand entre eux. Mais alors, qu'est-ce que c'est que cet accent allemand débile? Il vont même jusqu'à rajouter du "ja". Sérieusement?

Vous pensez sûrement que je suis un peu maniaque, mais pour moi, c'est du foutage de gueule complet. Il y a un moment où, quand on veut faire un film hollywoodien qui se passe dans un pays non anglophone, on a deux choix. Le radicalisme, on fait tout le film dans la langue du pays concerné. Cette solution, on est d'accord, est très rarement utilisée, parce que ça demande aux acteurs hollywoodiens d'apprendre une autre langue (vous croyez quand même pas qu'on va prendre des acteurs de la nationalité dudit pays?). Ou alors, on part du principe que l'on est passé à travers un filtre de traduction immédiate, comme dans le Tardis (les Whoeux me comprendront), et les acteurs parlent en anglais, avec leur propre accent, c'est le cas le plus fréquent et, je trouve le plus logique.

Mais rajouter un accent allemand à un personnage qui est sensé parler allemand, c'est simplement n'importe quoi! Du coup qu'est-ce que ça signifie: on calcule le taux de germanisme du personnage à sa propension à parler l'anglais en accentuant les T et les C?

La question est: peut-on dire que les Allemands parlent l'Allemand avec un accent allemand très prononcé? Et pour le "ja", du coup, on le traduit comment? Et comment pourrait-on trouver une façon de dire "ja" en Allemand, mais de façon plus germanique? C'est complètement absurde non? On dirait ces mauvais doublages des films de Bruce Lee, où les doubleurs lui ajoutaient un accent vaguement asiatique, très mauvais qui plus est, pour qu'on comprenne bien qu'il l'était, hein, des fois qu'on aurait eu des doutes! Autant les doubleurs devaient se poiler, autant pour nous spectateurs, c'était chiant.

C'est comme la version de Fincher de Millenium. J'ai beau aimer Fincher, mais il faut arrêter de déconner 5 minutes. Celui qui a l'accent le moins suédois du film, c'est presque Stellan Skarsgard, le seul acteur suédois. Et l'accent de Daniel Craig, ça frise quand même le ridicule.

Le pire dans tout ça, c'est que les acteurs ont sûrement dû bosser leur accent comme des malades, avec des coachs spécialisés!!!

Bref, désolée pour le pétage de plomb, mais il fallait que ça sorte parce que mince, je sais pas pour vous, mais moi, je vais quand même pas voir des films en VO pour me retrouver avec un doublage pré années 90!

mercredi 19 mars 2014

Dollhouse


Alors voilà, comme beaucoup, je suis enfin allée voir Grand Budapest Hotel. J'en suis sortie enchantée, et j'aurais écrit cet article il y a quelques jours, il aurait été laudatif au possible.

D'abord, y'a un casting de ouf, avec que des gens qu'on adore: Ralph Fiennes, d'abord, qui est la classe incarnée, et qui joue un concierge dandy, amateur de vieilles dames, de luxe et de phrases proustiennes. Il y injecte ce qu'il faut de snobisme et de lose pour rendre le personnage savoureux. Et c'est un régal de voir Willem  Dafoe et Harvey Keitel en gros bras, Jeff Goldblum et Edward Norton en hommes de loi, Adrian Brody en méchant, Tilda Swinton en amoureuse, Mathieu Amalric en Français de service, Jude Law en écrivain, j'en passe, parce que ça devient long.

Ensuite, y'a l'esthétique d'Anderson, reconnaissable au premier coup d'oeil sans toutefois encore tomber dans l'auto-caricature d'un Tim Burton (mais attention, on en est finalement pas loin). Le côté maison de poupée avec décor au poil, plans de théâtre de papier, champs/contrechamps frontaux, carton-pâte et palette graphique. On se retrouve complètement dans un livre d'image des années 30, période à laquelle se situe l'intrigue principale.




Et puis il y a cet humour pince-sans-rire, lettré et un peu mélancolique, mais laissant place à la farce et au slap stick, qui donne forcément le sourire. Alors oui, je suis sortie de la salle plutôt enthousiasmée.

Et quelques jours ont passé. Du coup, j'ai mis du temps à écrire cet article parce que finalement, je ne sais plus trop quoi en penser. Je m'explique. D'habitude, quand je vois un bon film, j'ai des images qui me restent en tête, qui m'habitent pendant un certain temps et j'en garde ainsi un peu le goût, qui va s'estompant jusqu'au prochain bon film.

Mais là, je me rends compte qu'il ne me reste pas grand chose, rien ne m'a véritablement marquée. Ça tient peut être du côté maison de poupées, fastueux mais factice, mais c'est juste pas rentré. Si je compare à La Famille Tannenbaum, par exemple, dont la scène de "rasage" sur Needle in the Hay me poursuit, ça manque de quelque chose, mais je ne saurai trop dire quoi.




Bon, c'est quand même très bien, hein, je crache jamais sur un film de très bon aloi, mais j'ai un rien de déception en arrière-goût, et ça me donne juste envie de revenir à mes premières amours...


vendredi 14 mars 2014

Le podcast des outcasts


Pour ses trajets quotidiens, chacun ses petites habitudes. Personnellement, comme j'y passe pas loin de 2h par jour, autant que ce soit productif. Du coup, je télécharge des émissions de radio que j'ai pas forcément le temps d'écouter chez moi pour en profiter dans les transports en commun. J'ai l'impression de perdre moins de temps et c'est plus simple à utiliser qu'un bouquin en marchant.

Du coup, j'ai pas mal d'émissions fétiches, et celle dont je voudrais vous parler aujourd'hui, c'est probablement mon émission favorite, bien que trop largement méconnue: Mauvais Genre

Alors là vous allez me dire "France culture, cette radio d'intello qui se la pète avec des lectures d'obscurs auteurs?" Oui, oui, celle-là même. Mais attention, Mauvais Genre, comme son nom l'indique, c'est pas une émission prout prout bien propre sur elle. Non, Mauvais Genre, c'est l'émission des genres dit "sous-genres", de ceux qui fuient l'Académisme et qui sont un rien voyou, de ceux pour lesquels on avouait auparavant du bout des lèvres son goût, comme d'un plaisir honteux et qu'on peut à présent clamer haut et fort: la Science-fiction, le polar, le fantastique, l'horreur, l'érotique, la série B à Z, le western, le manga... Tous ces genres longtemps décriés et qui sont aujourd'hui reconnus à leur réelle valeur culturelle.

Bref, Mauvais Genre est un délice, un trésor pour tous ceux qui comme moi, vénèrent autant Philip K. Dick que Virginia Woolfe et John Carpenter que John Ford. Les émissions durent deux heures et il faut bien ça pour que les participants arrivent à épuiser des sujets aussi divers que "Planète Sade: Le Japon", "L'ouest, le vrai" "Le zéro et la folie", "Noel noir" ou "Un Gabin, sinon rien". D'autant plus que les participants, c'est pas des chroniqueurs de télé, mais des vrais passionnés, parmi lesquels LA REFERENCE en la matière, mon héros, mon Gandalf à moi, Sieur Jean-Pierre Dionnet. Vous vous souvenez peut être de lui si vous avez vu, il y a quelques temps déjà, l'émission Cinéma de quartier sur C+. Ce type est la banque de données la plus incroyable sur les mauvais genres, et il adore en parler longuement, de sa voix hallucinante et ultra radiophonique, qu'on dirait  écouter une bande annonce des années 50. Il y a aussi souvent le nouveau gourou pop Pacôme Thiellement,  un analyste fou qui peut aborder n'importe quel sujet en le rendant passionnant. Il pourrait te faire aimer La ferme des célébrités, en y voyant le Sunset Boulevard des temps modernes, je te jure.

Donc une émission où l'on parle très sérieusement de la fantasy, par exemple, ou de la figure du savant fou, avec des interviews magistrales (si vous avez l'occasion d'écouter celle de Kent Anderson, l'auteur Pas de saison pour l'enfer sur son expérience au Vietnam, c'est saisissant). Pour tous les "geeks" de ces genres auparavant décriés, c'est le bonheur, et ce dès le générique de début, où l'on entend les halètements d'une femme poursuivie, des cris perçants et un rire maléfique. On sait tout de suite qu'on pénètre dans l'antre des délices cachés aux yeux de la bonne société...

Et un frisson pour prendre le métro, une salve de mitraillette en faisant le ménage, un gémissement de plaisir en traversant la rue, écouter Mauvais Genre n'importe où, c'est une petite douceur personnelle assez inégalée...


mercredi 12 mars 2014

"I just love finding new places to wear diamonds"


Bon moi je suis un peu moins posh que Marilyn, donc si j'aime bien les bijoux, j'évite les diamants et je préfère porter des films. Oui oui, des films. Vous me direz, c'est pas hyper facile à porter en bague un film.

Ben détrompez-vous, c'est simple comme bonjour. Il suffit d'un peu de travail manuel, mais pas grand-chose, et on arrive à ça:
Arletty, Marilyn, Les Diaboliques, tous les films que j'aime en broche, en barrettes, en bagues.














Alors comment? Ben d'abord, je vais acheter mes bijoux à cabochon à la boutique en ligne Little Mercerie de Moira, qui est toujours très rapide et pleine de gentilles attentions.

Ensuite, et c'est la partie la plus difficile, il faut trouver des images de films ou d'affiches de film, bien imprimées, et sur un papier assez solide pour ne pas être altérée par le vernis-colle. J'y arrive plutôt bien grâce à une source presque inépuisable d'images formidables.

Et puis on assemble: le bijou, l'image et le cabochon avec le vernis colle, on presse bien en faisant poser la colle, et c'est tout bon.







Moi, ma préférée, c'est ma broche Certains L'aiment Chaud. J'adore la porter!!! Avec Marilyn, Jack et Tony on my side, je passe forcément une bonne journée... Et ma barrette Hiroshima mon amour... (au milieu ci-dessus)

Et si ça vous plait, j'ai aussi une boutique en ligne sur Little Market, il y a plein de petites choses, des bagues, des barrettes et des broches, et surtout plein de films, de Coppola à Visconti. N'hésitez pas à aller y faire un tour.

Je vous tiendrais au courant dès que j'en ferai plus.

lundi 10 mars 2014

L'Enfer au Paradise


C'est bon comme un gros brunch: aller voir un de ses films préférés sur grand écran en version remasterisée un dimanche matin.

Le film, je l'avais déjà évoqué dans mon article sur Harold Ramis en parlant de comfort film, le film qu'on voit, qu'on revoit dès qu'on a envie de se sentir "à la maison". Et ce film-là, je peux vous dire que si l'on devait chiffrer mon temps de vie, un pourcentage non négligeable irait à sa vision. Une partie de mon adolescence, j'en nourrissais mon magnétoscope au moins une fois toutes les deux semaines (que ceux qui n'ont jamais passé des hivers juvéniles à la campagne me jettent la première pierre). Merci donc à Phantom of the Paradise d'avoir occupé mon imaginaire adolescent avec son imagerie psychédélique, sa mini revue de l'histoire du rock, ses couleurs incroyables et ses audaces esthétiques hallucinantes.



Alors, à quoi ça sert d'aller revoir un film qu'on a vu un nombre incalculable de fois sur un écran de cinéma? Pourquoi payer une place alors qu'on pourrait juste se caler devant son DVD et chanter les chansons du film à tue-tête sans déranger (presque) personne?


D'abord parce qu'au cinéma, tout est plus grand, même Paul Williams (explication de cette blague à 2 balles pour ceux qui n'ont pas vu le film: Paul Williams, qui interprète le diabolique Swan dans le film et qui a aussi accessoirement composé la musique, est aussi grand que Frodon, et ce sans trucage). Parce qu'on a l'impression de se retrouver au milieu de la foule en liesse du Paradise (la salle de concert de Swan), qu'on voit enfin à leur véritable ampleur les gags de deuxième plan, les détails des split-screens (lorsque l'écran est divisé en deux images) et qu'on est plongé presque physiquement dans l'univers baroque et bariolé du Paradise.

Pour le son aussi, parce que les chansons de Paul Williams valent bien qu'on les mettent en valeur. Et puis il y a cette fameuse scène de studio, où Swan donne une nouvelle voix au Phantom, le compositeur défiguré et écorché Winslow Leach, en la filtrant avec du matos analogique qui ferait frissonner plus d'un fan vintage. C'était déjà une de mes scènes préférées du cinéma, mais en salle, c'est simplement magique, au sens premier du terme, à faire passer les ingés son pour des alchimistes modernes.

Et il y a l'expérience. Parce que se retrouver dans le noir avec des gens qu'on ne connaît pas mais qui partage avec vous le même amour (voire dévotion) pour un film, c'est un peu comme un grand trip cosmique, mec. Tu ressens l'anticipation avant le début de film encore plus, parce que t'es pas seule à être tout excitée. Tu ris d'autant plus que t'entends les autres rire aussi. Tu as l'impression que tout le monde se retient de fredonner les paroles de Special to me. Bref, ça vaut largement le déplacement.

Pour ceux qui n'auraient pas encore vu le film, c'est, pour moi en tout cas, le chef d'oeuvre de De Palma: une comédie musicale rock sur le thème de Faust. Tout y est: la comédie, l'épouvante, la musique, l'histoire d'amour impossible. Et un vrai réalisateur, aux partis pris esthétiques délirants, pour qui filmer est un jeu: du split-screen, des grands-angles de pure folie, des jeux avant-arrière plan, des couleurs qui flashent comme Gordon, des références qui tuent (la scène de la douche, un délice).

Bref, je suis sûrement un peu en retard pour vous parler de tout ça, et vous n'avez peut être pas de cinéma qui le diffuse près de chez vous. Donc au pire, le DVD est aussi très bien. Mais si l'occasion se présente, découvrez le Paradise en grand.





jeudi 6 mars 2014

Turban nature






Alors oui, quand je vois des films des années 50 avec des chapeaux magnifiques et des coiffures alambiquées, moi aussi je veux ma part de glamour. C'est pourquoi, quand je cherchais un projet à faire avec un tout petit peu de Phildar partners 3 et que je suis tombée sur le modèle de bonnet-turban Edith de chez Drops, mon sang n'a fait qu'un tour.

Je me voyais déjà en Lana Turner d'hiver, entre le look savamment préparé et le "je viens juste de sortir de mon bain".















Ou en Greta Garbo super fatale, avec kilos de mascara et regards suspicieux.














Bon effectivement, ça aurait mieux marché avec du blanc. Mais c'était du un bleu canard magnifique, un bon moyen de le moderniser. Mais petit souci: arrivée presque au bout, pas assez de fil pour terminer la bande d'attache.

Qu'à cela ne tienne, me suis-je dit, j'ai récupéré le coupon de tissus le plus assorti que je possédais, c'est à dire un tissu violet-rose-bleu très psyché. Et pour jouer à fond le côté mystique j'ai ajouté un petit bijou dessus.

Dans mon esprit, ça devait avoir ce genre d'allure: un brin (juste un brin) d'extravagance, du mystère, du Sophia Loren, quoi!















En fait, résultat des courses, mon charmant cher et tendre (qui n'aura jamais de bonnet fait maison), me demande "C'est le fakir bleu de Mystery Men qui t'a inspiré?"

Autant vous dire que l'argenterie a failli voler...









Au final, moi je l'aime bien mon bonnet turban, je l'ai rebaptisé Miss Tick pour son côté astral tout ça, les couleurs pètent quand même bien leur mémère et mes oreilles ont chaud.












J'ai finalement l'impression de sortir avec un peu de glamour hollywoodien sur le crâne, et ça me fait un drôle d'effet...



lundi 3 mars 2014

Djieloarayé




G.L.O.R.I.A., épelait Van Morrison des Them (avant le Jim du même nom). Il y parle d'une petite nénette qui vient lui rendre visite au milieu de la nuit et qui "makes him feel alright".

Cette petite bombe de vitalité et de sensualité, c'est tout ce qu'est l'héroïne de Gloria, film chilien de Sébastien Lelio. Il se trouve que c'est aussi une femme de cinquante huit ans, célibataire, qui a élevé deux enfants devenus grands et qui cherche à nouveau l'amour.

Elle le trouve dans les bras d'un monsieur subjugué par son sourire et son énergie, mais qui semble avoir une famille plutôt envahissante...



Alors, dit comme ça, c'est un film qui a l'air de pas grand chose, une comédie romantique douce amère sur la recherche de l'amour après cinquante ans. Et ce serait sans doute ça sans le personnage de Gloria et l'actrice qui l'interprète, Paulina Garcia. Gloria est une femme pétillante, qui supporte un quotidien pas toujours très entraînant, entre un voisin qui hurle la nuit, des enfants qui ont de moins en moins besoin d'elle, un glaucome et une histoire d'amour pas toujours satisfaisante, en chantant à tue-tête dans sa voiture, en allant danser ou dîner avec des amis. Parfois, on la sent prête à s'abandonner à la déprime, et puis elle reprend des couleurs, et se lance à nouveau sur la piste de danse.

Cette femme, qui refuse de se laisser aller, de s'enfoncer dans la torpeur du quotidien, y croit envers et contre tout. On sent que Gloria, c'est aussi une envie de résistance, un besoin d'être toujours vivant, de le montrer. Et quelques discussions et surtout une scène de manifestation montrent qu'il ne s'applique pas qu'à Gloria, mais à tout un pays, qui a connu l'enfer, qui sait qu'il faut rester debout et vivre.

Et s'il y a une chose que cette jolie brune aux grandes lunettes sait faire, c'est bien cela, vivre, aimer, danser, et rire, parce que la vie peut être décevante, et épuisante, et que si danser sur une chanson qui porte son nom (celle d'Umberto Tozzi, pas de Van Morrison) peut aider à la rendre plus joyeuse, il faut le faire.