pelloche

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lundi 10 mars 2014

L'Enfer au Paradise


C'est bon comme un gros brunch: aller voir un de ses films préférés sur grand écran en version remasterisée un dimanche matin.

Le film, je l'avais déjà évoqué dans mon article sur Harold Ramis en parlant de comfort film, le film qu'on voit, qu'on revoit dès qu'on a envie de se sentir "à la maison". Et ce film-là, je peux vous dire que si l'on devait chiffrer mon temps de vie, un pourcentage non négligeable irait à sa vision. Une partie de mon adolescence, j'en nourrissais mon magnétoscope au moins une fois toutes les deux semaines (que ceux qui n'ont jamais passé des hivers juvéniles à la campagne me jettent la première pierre). Merci donc à Phantom of the Paradise d'avoir occupé mon imaginaire adolescent avec son imagerie psychédélique, sa mini revue de l'histoire du rock, ses couleurs incroyables et ses audaces esthétiques hallucinantes.



Alors, à quoi ça sert d'aller revoir un film qu'on a vu un nombre incalculable de fois sur un écran de cinéma? Pourquoi payer une place alors qu'on pourrait juste se caler devant son DVD et chanter les chansons du film à tue-tête sans déranger (presque) personne?


D'abord parce qu'au cinéma, tout est plus grand, même Paul Williams (explication de cette blague à 2 balles pour ceux qui n'ont pas vu le film: Paul Williams, qui interprète le diabolique Swan dans le film et qui a aussi accessoirement composé la musique, est aussi grand que Frodon, et ce sans trucage). Parce qu'on a l'impression de se retrouver au milieu de la foule en liesse du Paradise (la salle de concert de Swan), qu'on voit enfin à leur véritable ampleur les gags de deuxième plan, les détails des split-screens (lorsque l'écran est divisé en deux images) et qu'on est plongé presque physiquement dans l'univers baroque et bariolé du Paradise.

Pour le son aussi, parce que les chansons de Paul Williams valent bien qu'on les mettent en valeur. Et puis il y a cette fameuse scène de studio, où Swan donne une nouvelle voix au Phantom, le compositeur défiguré et écorché Winslow Leach, en la filtrant avec du matos analogique qui ferait frissonner plus d'un fan vintage. C'était déjà une de mes scènes préférées du cinéma, mais en salle, c'est simplement magique, au sens premier du terme, à faire passer les ingés son pour des alchimistes modernes.

Et il y a l'expérience. Parce que se retrouver dans le noir avec des gens qu'on ne connaît pas mais qui partage avec vous le même amour (voire dévotion) pour un film, c'est un peu comme un grand trip cosmique, mec. Tu ressens l'anticipation avant le début de film encore plus, parce que t'es pas seule à être tout excitée. Tu ris d'autant plus que t'entends les autres rire aussi. Tu as l'impression que tout le monde se retient de fredonner les paroles de Special to me. Bref, ça vaut largement le déplacement.

Pour ceux qui n'auraient pas encore vu le film, c'est, pour moi en tout cas, le chef d'oeuvre de De Palma: une comédie musicale rock sur le thème de Faust. Tout y est: la comédie, l'épouvante, la musique, l'histoire d'amour impossible. Et un vrai réalisateur, aux partis pris esthétiques délirants, pour qui filmer est un jeu: du split-screen, des grands-angles de pure folie, des jeux avant-arrière plan, des couleurs qui flashent comme Gordon, des références qui tuent (la scène de la douche, un délice).

Bref, je suis sûrement un peu en retard pour vous parler de tout ça, et vous n'avez peut être pas de cinéma qui le diffuse près de chez vous. Donc au pire, le DVD est aussi très bien. Mais si l'occasion se présente, découvrez le Paradise en grand.





2 commentaires:

  1. C'est le tout premier film que je suis allé voir au cinéma dans un cadre scolaire...Il m'a vraiment marqué. Faut dire que pour une découverte du cinéma à 13 ans, la prof de français avait fait très fort!
    Merci pour ce partage

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    1. Je suis jalouse, même si j'ai pas eu la pire des profs de français à l'époque puisque nous, nous étions allés voir La Nuit du Chasseur. Merci pour ce petit mot

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