pelloche

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vendredi 23 septembre 2016

Le ciné-club de Potzina: The Fog, Péril dans la brume

Ce mois-ci c'est le très chouette blog The Movie Freak qui héberge le ciné-club de Potzina (tu sais pas ce que c'est que ce ciné-club de Potzina? Viens voir par). Et pour la rentrée, il a proposé un thème très inspirant: "Une question de temps".  Mon cerveau s'est mis à turbiner à mort, et j'avais plein d'idées de film en tête. J'ai commencer à penser aux films de voyages dans le temps, ou de dysfonctionnements temporels, mais j'avais déjà fait un mini-article en début du blog sur mon comfort-film, mon film-doudou, Un jour sans fin. Et puis j'ai pensé que le temps, c'était aussi le temps météorologique. Et là, en regardant le ciel se couvrir par la fenêtre et le soleil se rabougrir derrière, un film s'est imposé comme une évidence, et surtout comme une excellente excuse pour m'offrir un nouveau blu-ray: The Fog, de notre bon vieux John Carpenter, qui, en plus de se baser sur un évènement météorologique bien pourri, se trouve également jouer avec des phénomènes temporels. Bingo!



Nous allons donc à Antonio Bay, en Californie du Nord, un bucolique petit village de pécheurs. Dès les premières secondes, oncle Johnny a trouvé le truc pour me séduire tout de suite et m'embarquer à bord: il me raconte une histoire. Je suis comme ça, moi, depuis ma plus tendre enfance, j'y suis accro: j'aime qu'on me raconte des histoires. Et là, c'est un vieux matelot qui s'y colle autour d'un feu de camp où l'on vient rejoindre une bande de gamins avides de récits terrifiques: on apprend que cette bonne vieille bourgade d'Antonio Bay, qui s'apprête à fêter son centenaire, serait frappé d'une malédiction suite au terrible naufrage qui est à la base de sa constitution. Mmmh, une bonne histoire de marins et de mauvais sort, comment refuser de continuer?



Voilà, vous êtes donc prévenus: derrière les jolies maisons colorées, les festivités municipales, les ritournelles de la radio locale et le ciel bleu pointe une menace terrible et on va voir le sort s'abattre sur ce charmant village. Il va venir sous la forme d'un brouillard épais et étincelant, qui va semer la terreur sur son passage.

Beaucoup ont tendance à penser que The Fog est un film tout à fait mineur de John Carpenter. En ce qui me concerne, et malgré l'absence de Kurt Russel, c'est un de ceux pour lesquels j'ai le plus d'affection. Alors oui, il a quelques failles: il est complètement fauché, et n'a donc pas les effets spéciaux de dingues d'un The Thing. Il n'a pas non plus le scénario resserré d'un Assaut, car si huis-clos il y a, c'est sur tout un village. Mais vous allez voir, il y a au moins 3 bonnes raisons de (re)découvrir ce formidable film fantastique.

1. Du fantastique boosté à l'œstrogène

On a souvent l'habitude de dire que Carpenter fait des films très testostéronés. Alors c'est vrai que si l'on s'intéresse aux films suscités, y'a pas vraiment beaucoup de femmes. Pourtant, s'il reste fidèle aux films de genre, on oublie souvent les films où il a fait la part belle aux personnages féminins de qualité comme Ghosts of Mars ou même Halloween. The Fog est résolument de ceux-là, et passe le test Bechdel haut le crochet.

On a effectivement trois personnages féminins majeurs, trois personnages féminins qui tiennent des rôles narratifs qu'on a l'habitude de donner à des hommes, et qui en plus sont interprétés par des actrices très charismatiques. Petit coup de projecteur sur ce triumvirat de choc:

- Stevie Wayne, la lanceuse d'alerte. Stevie Wayne est la directrice et l'animatrice vedette de la station radio locale qui émet depuis le phare d'Antonio Bay. C'est donc une femme entre 35 et 45 ans, une mère de famille, une entrepreneuse et la voix d'Antonio Bay. Ca fait plaisir de voir un tel personnage, une femme sans love interest, qui, immobilisée dans son phare-donjon à l'avant-poste, tente de protéger la ville (et son fils) du brouillard meurtrier. Et en plus, c'est la belle Adrienne Barbeau (à l'époque Mme Carpenter) qui interprète la protagoniste, une femme droite dans ses boots à talons et courageuse, qui n'hésite pas à affronter seule le danger.



- Elisabeth Solley, l'aventurière. C'est une fille à papa qui a décidé de tout plaquer pour vivre sa vie au gré du vent et des hasards de l'autostop. Elle débarque juste à point à Antonio Bay pour rencontrer le beau loup de mer Nick Castle et enquêter sur la disparition mystérieuse de marins. Ca aussi, ça fait plaisir: au lieu d'avoir le bon vieux aventurier qui arrive pour sauver la ville et en débaucher la plus jolie fille avant de repartir pour de nouvelles aventures, on nous donne rien moins que Jamie Lee Curtis en baroudeuse à la recherche de sensations fortes.



- Kathy Williams, la femme de pouvoir. Accompagnée de son assistante, elle est en charge des festivités du centenaire de la ville et de la petite communauté qui l'habite. Elle aussi va enquêter de son côté sur les mystérieux évènements liés au brouillard. Et dans le rôle de cette vénérable dame, la non moins vénérable Janet Leigh, qui vient rejoindre sa fifille dans le casting de ce film.



Notons par ailleurs que le scénario est coécrit par la complice de toujours d'Oncle Johnny, qui produit également le film, Debra Hill, alors qu'on vienne pas me dire que le fantastique, c'est uniquement un truc de mecs!


2. Le classique, c'est indémodable

C'est une des choses que je préfère dans ce film. Le fait d'avoir resserré l'intrigue fantastique sur cette petit village de la côte américaine lui confère une atmosphère très particulière. On pense tout de suite au grands Maîtres de la littérature horrifique américaine qu'on aime. Le décor évoque immédiatement le Maine cher à Stephen King, et l'histoire des fantômes vengeurs qui viennent se venger des méfaits du passé bien maquillés dans l'histoire patriotique américaine nous rappelle ses obsessions. Et puis il y a cette moiteur, ce froid, cette ambiance putride, cette idée que l'enfer sur terre est dans la mer qui nous renvoie directement à Lovecraft. Et il y a bien évidemment cette histoire de revenants et cette ironie qu'on retrouve chez Edgar Allan Poe cité dès l'ouverture du film. "All that we see is but a dream within a dream" (Bon, en même temps, avec un tel brouillard, on voit quand même pas grand chose).

On est donc bien dans l'atmosphère de l'horreur classique américaine, voire du roman gothique anglais, comme au coin d'un feu une froide nuit de novembre: du brouillard, des fantômes du passé qui viennent hanter une ville maudite, un phare qui brille dans la nuit, c'est peut être pas super original, mais ça fonctionne toujours très bien pour faire remonter un frisson d'angoisse le long de notre colonne vertébrale.

3. Less is more
Budget: 1 000 000 de dollars. Temps de tournage: 30 jours. Avec de telles contraintes, ce film est à mon avis une véritable réussite.
D'abord parce qu'on a pas besoin d'une abondance d'effets spéciaux pour que ça marche (en parlant d'effet spéciaux, notons que le nom du météorologue dans le film est Dan O'Bannon, hommage au grand spécialiste de la discipline). On travaille surtout sur l'ambiance, les phénomènes étranges et les récits parallèles des différents personnages qui en font une sorte de film-chorale catastrophe et fantastique. Et à mon avis, ça marche complètement. Comme pour la bande original du film made in le Bontempi de Carpenter (comme souvent), c'est minimaliste, mais efficace. Et si l'on peut tiquer sur des incohérences, on ne s'ennuie pas une seconde.
Pour moi, ce film est véritablement une sorte de conte, il a quelque chose d'intemporel et de merveilleux, et joue sur des peurs primales, ce qui est parfaitement efficace en ce qui me concerne: la peur de l'isolement, de la cécité, de la nuit et du brouillard, et celle du mal qui engendre le mal, de la faute qui fait naître la malédiction. Le parfait petit film pour commencer l'automne....



Merci à The Movie Freak pour ce chouette thème. N'hésitez pas à nous rejoindre si ce thème vous inspire jusqu'au 30 septembre, ou plus tard si vous souhaitez lancez votre propre thème: nous avons besoin de nouveaux membres-bloggueurs pour héberger les futurs Ciné-club, vous êtes les bienvenus!



mercredi 21 septembre 2016

Le livre de la jungle: sauvage et vintage



Grâce au site Cinétrafic, j'ai eu la surprise de découvrir le film Le Livre de la jungle, qui sort en DVD. Alors pour couper court directement aux interrogations, on ne parle pas ici du dessin animé de Walt Disney (dont je suis une fan absolue, c'est sans conteste mon Disney préféré). On ne parle pas non plus film récent de Jon Favreau. Et on ne parle pas non plus la version de 1995, avec le musculeux Jason Scott Lee et la toute jeune Lena Headey (ouais, Cersei!).

Le livre de la jungle dont on va parler aujourd'hui, c'est le tout premier, celui de 1942, de Zoltan Korda, avec la jeune superstar indienne Sabu. Un classique donc, que je n'avais toujours pas vu, et ce DVD est bel et bien arrivé pour me permettre de parfaire ma culture cinématographique.



Remettons d'abord le film dans son contexte. En 1942, les frères Korda (Zoltan et Alexander) décident de produire une adaptation (pas tout à fait fidèle) du roman de Rudyard Kipling avec, en vedette, leur jeune révélation: l'acteur indien Sabu, leur atout charme et exotisme. Il faut dire que suite au succès du voleur de Bagdad, ce dernier récolte une certaine célébrité et les frères Korda trouvent dans Le livre de la Jungle le personnage parfait pour mettre en avant leur poulain. Parce que Sabu, fils d'un monteur d'éléphants, est très à l'aise avec les animaux. Parce que le rôle de Mowgli, l'enfant sauvage, est parfait pour mettre en valeur le physique très avantageux du jeune éphèbe qui n'est pas très pudique. Parce qu'il est indien, comme le personnage et que pour une fois, on n'est pas obligé de le maquiller (et oui, c'est les années 40, hein). Avec le Voleur de Bagdad, ils avaient déjà pu constater que le film à grand spectacle (ils avaient quand même eu les faveurs du génie des effets spéciaux Ray Harryhausen) et à tendance orientaliste était en vogue. C'était donc le succès assuré. Et ça l'a plutôt été, le film a même été nommé pour 4 oscars.

Qu'en est-il alors aujourd'hui? Alors c'est vrai, on doit bien dire que certaines choses n'ont pas bien vieilli du tout. En premier lieu, le casting qui, à l'exception de Sabu, n'est absolument pas indien, et tartiné au terra-cotta pour faire couleur locale. Alors oui, c'est complètement inhérent à l'époque, mais ça ne passe plus bien du tout, surtout si cela s'ajoute à une vision assez coloniale des Indes Britanniques (l'Inde ne sera indépendante que 5 ans plus tard) où une jeune femme britannique va être l'auditrice du vieux conteur Bulldeo qui va lui narrer les aventures de Mowgli le petit d'hommes. Mais avouons-le tout net: pour l'époque, il y a quand même bien pire. Le livre de la jungle a tout de même le mérite d'avoir un Indien dans le rôle principal et de proposer une morale poussant au respect de la nature.
Parmi les autres aspects très 40's du film, il y a l'insertion d'images d'archive. Parce qu'il est bien clair que tout se passe en studio et lorsqu'on voit dans différents plans à la fois la savane et la jungle et divers animaux, on comprend rapidos qu'il y a eu du pillage de docu animalier. Heureusement que le film possède aussi une véritable ménagerie en studio, parce que c'est parfois à la limite du ridicule.

Autre élément très vintage mais que personnellement, j'adore: les décors peints. Le film a en grande partie été tourné en studio. Du coup, pour figurer la perspective luxuriante de la jungle, on a fait appel à des décors peints en fond. Et ils sont tout simplement sublimes: colorés, délirants, ils donnent une véritable dimension féérique à ce joli conte. Vraiment, loin d'être ridicules ou dépassés, ils confèrent une dimension poétique que je trouve bien supérieure à de nombreuses compositions numériques de décor qui sont aujourd'hui parfois assez dégueulasses. Ils m'ont complètement séduite, d'autant qu'ils sont mis en valeur par un somptueux technicolor qui éclabousse joyeusement l'œil.



En dehors de cela, le film a un véritable charme enchanteur, qui tient plus à son atmosphère qu'à son histoire. Faut dire que le scénario est assez éloigné du livre d'origine pour se baser surtout sur le retour parmi les hommes de Mowgli, et la leçon de la jungle qu'il va apporter une communauté vérolée par l'appât du gain. C'est plutôt une bonne idée en soi, parce que les scènes avec les animaux sont difficiles à faire sur tout un film, c'est donc compréhensible de confronter plus Mowgli à ses pairs humains, mais le scénario comporte quelques faiblesses de rythme malheureusement.

Pour autant, les scènes dans la jungle avec les animaux sont clairement les plus réussies. Et effectivement, Sabu y est pour beaucoup. Il a une telle aisance à jouer avec les animaux qu'on croirait vraiment qu'ils conversent ensemble, il tient parfaitement le film sur ses jeunes épaules. Les animaux, eux, sont tous formidables, qu'il soient réels (Bagheera ou les loups) ou animés (le joli Kaa) s'intègrent parfaitement au récit, parlent sans qu'on en soit même surpris, et on se prend au jeu, tout à l'envoûtement de cette jungle féérique où homme et animaux cohabitent en symbiose avec la nature.



Le DVD

N'ayant reçu qu'une copie du DVD de distribution, il m'est difficile d'évaluer à sa juste valeur le DVD édité par Elephant classic films et sorti le 9 avril 2016. Je peux dire en tous cas que l'image est assez belle et met parfaitement en valeur le travail de restauration de ce film, dont les couleurs sont éclatantes.
En bonus, la bande annonce et un court-métrage documentaire sur Sabu qui promettait d'être assez intéressant, mais que je n'ai pu regarder jusqu'au bout, le DVD étant défectueux à cet endroit. C'est le genre de bonus que j'aime bien, notamment lorsqu'on parle de "cinéma classique". Cela permet de bien remettre le film dans son contexte et d'en comprendre l'impact à l'époque, mais ça repait aussi mon petit côté midinette, qui aime bien en savoir un peu plus sur les people des temps passés.

Si après ça, vous voulez revenir aux films d'animation ou autres productions Disney, vous trouverez sûrement votre bonheur en suivant ces liens.





mardi 20 septembre 2016

En cavale: mon père, cet escroc



Grâce à Cinetrafic, j'ai découvert en DVD le film En Cavale, de Peter Billingsley, un film d'action père-fille.

Avant de le voir je n'en avais pas du tout entendu parler. J'ai simplement été séduite par le casting, qui promettait pas mal: Vince Vaughn, la chouette Haylee Steinfeld (vous savez, la gamine de True Grit), l'indémodable Bill Paxton, le toujours fresh Terrence Howard. Avouez que c'est tout de même alléchant!

Le pitch du film est assez simple: Nick est une sorte de concepteur indépendant de braquage: il prépare le braquage idéal, cherche des acquéreurs parmi les malfrats les plus talentueux, et vend le projet. Du coup, on ne peut pas dire que son entourage professionnel soit des plus recommandables. Il a donc décidé de se couper de sa femme et de sa fille pour les tenir à l'écart de ce milieu. Il se tient tout de même au courant de l'évolution de sa fille en l'observant à distance et en assurant ses arrières. Tout fonctionne plutôt bien jusqu'au jour où il va se retrouver dans un vilain traquenard et sera bien obligé de prendre la fuite, et de protéger sa progéniture.



On est ici dans un scénario très classique du Buddy movie, mais avec, dans le rôles du maître et du disciple, un duo père-fille plutôt sympathique. Rien de très surprenant dans les personnages, (le pro sérieux et appliqué et la gamine fantasque et imaginative, qui vont s'apprendre l'un-l'autre) mais la sauce prend plutôt bien entre Vince Vaughn et Haylee Steinfeld. Ils sont attachants, ils forment un joli duo aussi bien dans l'action que dans les scènes plus "familiales", et l'évolution de leur relation est une des parties les plus réussies et les plus émouvantes du film.

Quant aux autres personnages, c'est un peu la même chose: rien de bien original, mais tout est très bien exécuté, par des acteurs qui font parfaitement bien le job: Bill Paxton est le parfait méchant, un ripoux tout en moustache et lunettes, le good guy qui a mal viré. Terrence Howard est très à son aise dans un second rôle de flic droit dans ses bottes (lui qui est pourtant abonné aux rôles de gangsters). Surtout, une belle surprise avec un Jordy Molla, extrêmement effrayant en mafieux dépressif qui parvient à rester juste dans l'extrême (oui, oui, c'est possible).



En ce qui concerne le scénario, rien d'extrêmement nouveau, mais c'est plutôt bien ficelé et tout à fait honnête. Mon seul souci a été le mélange des genres que je n'ai pas trouvé tout à fait abouti. Le Buddy movie d'action fonctionne plutôt bien, notamment comme je le disais tout à l'heure avec, en plus un duo père-fille assez efficace. Je suis plus mitigée sur la dimension comique qui, à mon avis, ne va pas assez loin pour que ce soit vraiment drôle, et la dimension thriller (le comique étant en contrepartie trop importante pour qu'on s'inquiète vraiment). En résumé, c'est plutôt agréable à voir, et on y est comme bien comme dans un bain d'eau tiède: c'est pas difficile de rentrer dedans, mais si ça ne rafraichit ou ne réchauffe pas, on se demande si on aurait pas mieux fait de prendre une douche. Honnête, mais pas de quoi laisser un souvenir impérissable.

Le DVD et le blu-ray du film édités par Metropolitan Filmexport sont sortis le 20 juillet 2016. Ayant reçu une copie de distribution, je ne sais pas si elle est très proche de la version en vente. Celle que j'ai reçu est en tout cas de bonne qualité, bien que très pauvre en bonus (uniquement des bandes-annonces de film).

Chez Cinétrafic, vous trouverez également de chouettes listes de films si par exemple, vous trouvez qu'action et comédie font souvent bon ménage, ou que vous voulez voir un bon hold-up, comme dans beaucoup de films d'action.