Bon, c'est vrai que mon jeu de mots de titre est un peu pourri, mais comme il m'a quand même fait rire, je me suis dit "Hey Ho, let's go", on parle de punk, alors sur ce coup-là, j'ai le droit d'être une idiote.
Parce qu'aujourd'hui, je vous parle d'un très chouette film qui sort demain, que j'ai pu voir en avant-première au festival Hallucinations collectives. Un film un peu crade, un peu dégling', bien bruyant, bien bourrin, mais sacrément honnête et libérateur, à l'image de la musique auquel il balance une déclaration d'amour sous forme de grosse taloche: Green Room, de Jeremy Saulnier.
Ce chouette film nous fait suivre les aventures d'un jeune groupe de punk parti en tournée. Le rêve de tout groupe de musique qui a envie de faire un peu de route. Mais loin d'être des vacances au soleil, ce trip entre potes va vite se révéler ardu: complètement fauchés, ils se voient contraints de piquer de l'essence sur les parkings et dormir dans leur van. Et quand un concert est annulé, ils n'ont d'autres solutions que d'accepter le seul concert de remplacement qu'on leur propose. Arrivés sur les lieux, ils comprennent qu'ils ne pénètrent pas dans la maison du bonheur: le bar en question est un repère de néo-nazis. Y'a déjà de quoi se poser la question de partir ou rester... Mais quand ils se retrouvent accidentellement témoins d'un meurtre et prisonniers de cette fameuse Green Room avec au-dehors, une meute de skins plus armée qu'à Brixton aux abois, trouver un moyen de s'échapper de cette salle d'attente de la mort devient une question de survie.
Alors moi, je dois dire que ce film m'a carrément enthousiasmée. Je suis sortie avec une la banane du Velvet sur la tronche et l'envie de gueuler dans un micro et faire cracher des enceintes. Parce que bon, voilà, The Green Room est un film qui envoie de la buchette à la vitesse d'une mitrailleuse. C'est pas très distingué, y'a plus d'hémoglobine que dans les veines d'un public du CBGB un samedi soir de 1974 et plus de speed que dans celles de Sid Vicious, mais bordel, y'a du bouzin!
Déjà, il y a un super bon premier point: un scénario simplon, mais béton! On part d'une idée simple et très connue: le huis-clos et le siège. C'est vieux comme le monde, mais on sait depuis bien longtemps que c'est une situation parfaite pour un bon film d'action (Rio Bravo, Assaut, Shaun of the dead). Et encore une fois, ça marche: c'est construit, ça s'enchaine à une allure folle et ça tient gravement bien la route. Et ça, notamment grâce à une écriture des personnages bien plus subtile qu'elle n'en a l'air.
Il y a d'abord les 4 membres du groupe, The Ain't Rights, dont on comprend assez rapidement qui ils sont et en quoi cela va apporter quelque chose ou pas à leur survie, le tout interprété par un casting de jeunes loups du ciné qui menacent de tout exploser sur leur passage. On a Tiger (Callum Turner, qu'on a pu voir dans Dr Frankenstein), le punk, le vrai de vrai, le puriste qui collectionne les vinyles originaux et un look destroy parfaitement authentique; Sam (interprétée par Alia Shawkat, la jolie cousine d'Arrested developpment), la digne héritière de Poison Ivy (la rousse et vénéneuse gratteuse des Cramps), forte en gueule, mais pas que; Pat (Anton Yelchin, qu'on a vu dans Star Trek, Terminator Renaissance, Frightnight...), l'artiste un peu timide et réfléchi et Daniel (le graou Max Webber de Peaky blinders), qui déboîte à la batterie et au ju-jitsu. Ils sont parfaitement crédibles et en tant que groupe, et en tant qu'individus. Le scénario nous donne peu d'informations sur eux, mais assez pour que l'on comprenne quelles sont leurs relations, leurs intentions, leurs rêves. Il suffit par exemple de la bête question du "quel disque emmèneriez-vous sur une île déserte?" pour qu'on comprenne quelle est l'apparence que chacun veut se donner, et qui ils sont en réalité. La caractérisation de ces personnages est incroyablement intelligente et leur donne finalement pas mal de profondeur, ce qui fait qu'on s'attache très vite à eux, et qu'on a vraiment, mais alors vraiment envie de les voir s'en tirer. On ajoute au petit groupe des assiégées une bird skinette (la belle Imogen Poots) à l'esprit d'une vivacité à toute épreuve, et on a une sacré équipe. Parce si le punk affiche la fin des héros, ces cinq gamins vont bien malgré eux devoir en devenir et vérifier si le bon vieil adage punk tient toujours "If the kids are united, they will never be divided". Du côté des bad guys, on fait pas dans la dentelle, entre un grand chef bien flippant incarné par le grand Patrick Stewart, un maître-chien sadique, un tenancier malin et une armée de skins décérébrés: c'est un peu David contre Golliath, en plus bruyant.
Il faut dire aussi que ce film a de quoi titiller les oreilles. Jérémy Saulnier dit qu'il a passé son adolescence à faire des films de zombies et chanter dans un groupe de punk. Et ici, sa passion pour cette musique est manifeste. Déjà, on a une bande-son parfaite qui a en plus le bon goût de se terminer par un morceau ENORME de Creedence (c'est pas du punk, mais c'est tellement bon), et surtout, c'est gavé de références, de Fugazi aux Cramps en passant par Bad Brains. Et puis il y a une sincérité qui sent l'expérience personnelle à 1000 lieux. Je pense que tous ceux qui ont fait partie d'un groupe se revoient dans les Ain't Right: il y a cette scène, d'une crédibilité dingue, où le groupe se retrouve à jouer devant le mauvais public. Cette colère et cet effroi à voir des bras se lever de la pire manière qui soit lorsqu'on est sur scène, elle m'a semblée d'une parfaite authenticité (et je pense que de nombreux musiciens de rock ou de punk qui beute un peu pourront aussi en témoigner). La réponse des Ain't Right, qui est aussi celle des Dead Kennedys, est simplement idéale et complètement jouissive.
L'autre passion de Jérémy Saulnier ado, c'était donc les films de zombie, ce qui n'est guère étonnant quand on voit combien la situation de siège choisie par le réalisateur est proche de nombreux films du genre, à commencer par Zombie, de Romero. Parce qu'autant vous le dire, si vous vous attendez à un divertissement familial, vous vous trompez! Il y de la baston, il y a aussi beaucoup de sang, beaucoup de gore et une sacrée dose d'horreur. Je vous avoue que moi-même, qui suit pourtant plutôt aguerrie, j'ai difficilement supporté certaines scènes (mais je pense que ça tient surtout au fait que je me suis beaucoup attachée aux personnages). Heureusement, Jérémy Saulnier sait très bien alléger son bloody Mary d'un peu d'humour très bienvenu, parce que sachez-le, y'a des images qui collent à la rétine et ça pique un peu. Donc oui, c'est un peu cradingue par moment, mais ça fonctionne vraiment, vraiment bien, d'autant que le rythme du film et la tension sont parfaitement bien tenus, on reste en haleine sur tout le film et on croise bien fort les doigts pour que nos petits keupons préférés soient les derniers à mourir face à ce piège qui semble ne présenter aucune solution.
- Relisez le billet (si si, faites-le!) et cliquez sur les liens-pochettes surprises.
- Dégustez bien frappé!
PS: Une fois n'est pas coutume, je dédicace cette chronique à mes compagnons de fortes tunes. Des Joke à Sora, j'vous aime les gars!
Ce chouette film nous fait suivre les aventures d'un jeune groupe de punk parti en tournée. Le rêve de tout groupe de musique qui a envie de faire un peu de route. Mais loin d'être des vacances au soleil, ce trip entre potes va vite se révéler ardu: complètement fauchés, ils se voient contraints de piquer de l'essence sur les parkings et dormir dans leur van. Et quand un concert est annulé, ils n'ont d'autres solutions que d'accepter le seul concert de remplacement qu'on leur propose. Arrivés sur les lieux, ils comprennent qu'ils ne pénètrent pas dans la maison du bonheur: le bar en question est un repère de néo-nazis. Y'a déjà de quoi se poser la question de partir ou rester... Mais quand ils se retrouvent accidentellement témoins d'un meurtre et prisonniers de cette fameuse Green Room avec au-dehors, une meute de skins plus armée qu'à Brixton aux abois, trouver un moyen de s'échapper de cette salle d'attente de la mort devient une question de survie.
Alors moi, je dois dire que ce film m'a carrément enthousiasmée. Je suis sortie avec une la banane du Velvet sur la tronche et l'envie de gueuler dans un micro et faire cracher des enceintes. Parce que bon, voilà, The Green Room est un film qui envoie de la buchette à la vitesse d'une mitrailleuse. C'est pas très distingué, y'a plus d'hémoglobine que dans les veines d'un public du CBGB un samedi soir de 1974 et plus de speed que dans celles de Sid Vicious, mais bordel, y'a du bouzin!
Déjà, il y a un super bon premier point: un scénario simplon, mais béton! On part d'une idée simple et très connue: le huis-clos et le siège. C'est vieux comme le monde, mais on sait depuis bien longtemps que c'est une situation parfaite pour un bon film d'action (Rio Bravo, Assaut, Shaun of the dead). Et encore une fois, ça marche: c'est construit, ça s'enchaine à une allure folle et ça tient gravement bien la route. Et ça, notamment grâce à une écriture des personnages bien plus subtile qu'elle n'en a l'air.
Il y a d'abord les 4 membres du groupe, The Ain't Rights, dont on comprend assez rapidement qui ils sont et en quoi cela va apporter quelque chose ou pas à leur survie, le tout interprété par un casting de jeunes loups du ciné qui menacent de tout exploser sur leur passage. On a Tiger (Callum Turner, qu'on a pu voir dans Dr Frankenstein), le punk, le vrai de vrai, le puriste qui collectionne les vinyles originaux et un look destroy parfaitement authentique; Sam (interprétée par Alia Shawkat, la jolie cousine d'Arrested developpment), la digne héritière de Poison Ivy (la rousse et vénéneuse gratteuse des Cramps), forte en gueule, mais pas que; Pat (Anton Yelchin, qu'on a vu dans Star Trek, Terminator Renaissance, Frightnight...), l'artiste un peu timide et réfléchi et Daniel (le graou Max Webber de Peaky blinders), qui déboîte à la batterie et au ju-jitsu. Ils sont parfaitement crédibles et en tant que groupe, et en tant qu'individus. Le scénario nous donne peu d'informations sur eux, mais assez pour que l'on comprenne quelles sont leurs relations, leurs intentions, leurs rêves. Il suffit par exemple de la bête question du "quel disque emmèneriez-vous sur une île déserte?" pour qu'on comprenne quelle est l'apparence que chacun veut se donner, et qui ils sont en réalité. La caractérisation de ces personnages est incroyablement intelligente et leur donne finalement pas mal de profondeur, ce qui fait qu'on s'attache très vite à eux, et qu'on a vraiment, mais alors vraiment envie de les voir s'en tirer. On ajoute au petit groupe des assiégées une bird skinette (la belle Imogen Poots) à l'esprit d'une vivacité à toute épreuve, et on a une sacré équipe. Parce si le punk affiche la fin des héros, ces cinq gamins vont bien malgré eux devoir en devenir et vérifier si le bon vieil adage punk tient toujours "If the kids are united, they will never be divided". Du côté des bad guys, on fait pas dans la dentelle, entre un grand chef bien flippant incarné par le grand Patrick Stewart, un maître-chien sadique, un tenancier malin et une armée de skins décérébrés: c'est un peu David contre Golliath, en plus bruyant.
Il faut dire aussi que ce film a de quoi titiller les oreilles. Jérémy Saulnier dit qu'il a passé son adolescence à faire des films de zombies et chanter dans un groupe de punk. Et ici, sa passion pour cette musique est manifeste. Déjà, on a une bande-son parfaite qui a en plus le bon goût de se terminer par un morceau ENORME de Creedence (c'est pas du punk, mais c'est tellement bon), et surtout, c'est gavé de références, de Fugazi aux Cramps en passant par Bad Brains. Et puis il y a une sincérité qui sent l'expérience personnelle à 1000 lieux. Je pense que tous ceux qui ont fait partie d'un groupe se revoient dans les Ain't Right: il y a cette scène, d'une crédibilité dingue, où le groupe se retrouve à jouer devant le mauvais public. Cette colère et cet effroi à voir des bras se lever de la pire manière qui soit lorsqu'on est sur scène, elle m'a semblée d'une parfaite authenticité (et je pense que de nombreux musiciens de rock ou de punk qui beute un peu pourront aussi en témoigner). La réponse des Ain't Right, qui est aussi celle des Dead Kennedys, est simplement idéale et complètement jouissive.
L'autre passion de Jérémy Saulnier ado, c'était donc les films de zombie, ce qui n'est guère étonnant quand on voit combien la situation de siège choisie par le réalisateur est proche de nombreux films du genre, à commencer par Zombie, de Romero. Parce qu'autant vous le dire, si vous vous attendez à un divertissement familial, vous vous trompez! Il y de la baston, il y a aussi beaucoup de sang, beaucoup de gore et une sacrée dose d'horreur. Je vous avoue que moi-même, qui suit pourtant plutôt aguerrie, j'ai difficilement supporté certaines scènes (mais je pense que ça tient surtout au fait que je me suis beaucoup attachée aux personnages). Heureusement, Jérémy Saulnier sait très bien alléger son bloody Mary d'un peu d'humour très bienvenu, parce que sachez-le, y'a des images qui collent à la rétine et ça pique un peu. Donc oui, c'est un peu cradingue par moment, mais ça fonctionne vraiment, vraiment bien, d'autant que le rythme du film et la tension sont parfaitement bien tenus, on reste en haleine sur tout le film et on croise bien fort les doigts pour que nos petits keupons préférés soient les derniers à mourir face à ce piège qui semble ne présenter aucune solution.
En résumé, ce film tient résolument ses promesses: on s'amuse, on a peur, on trépigne et on entend de la très bonne musique. D'ailleurs en parlant de bonne musique, si vous avez lu ce billet sans cliquer sur les liens, je vous conseille, pour une expérience complète de procéder ainsi:
- Si vous êtes tranquille à la maison, montez le son de votre ordi, dans tout lieu public, munissez-vous d'un casque ou d'oreillettes- Relisez le billet (si si, faites-le!) et cliquez sur les liens-pochettes surprises.
- Dégustez bien frappé!
PS: Une fois n'est pas coutume, je dédicace cette chronique à mes compagnons de fortes tunes. Des Joke à Sora, j'vous aime les gars!