pelloche

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mercredi 10 juin 2015

Séance de rattrapage: Les nouveaux héros



Moi, y'a un truc qui m'énerve, mais alors qui m'énerve vraiment, c'est les gens qui s'acharnent sur les films pour enfants et en particulier ceux de Walt Disney pour passer leurs nerfs, sans même voir les films. A les entendre, mettre un enfant devant un film d'animation (enfin, pour ces gens là, on parle de "dessins animés", hein, parce qu'ils n'ont pas vu de film d'animation depuis Bambi) est tout simplement criminel: ça va les abêtir, ça va leur donner une mauvaise idée de la femme (je vous ai dit, ils se sont arrêtés à Bambi, pour eux, la vision de la femme dans le film d'animation, c'est cette cruchonne de Blanche-Neige), ça va les garder à un stade régressif (parce que nous, quand on a les yeux qui brillent à l'évocation de Chantal Goya, on est des adultes responsables), c'est trop violent (parce que la vie, ça l'est pas) ou au contraire, ça n'est pas assez réaliste (parce que quand tu regardes un film de Woody Allen, c'est hyper réaliste... t'as vu à quoi ça ressemble un appartement de prolo dans Blue Jasmine?). Bref, l'animation, c'est le mal, c'est caca-boudin, faut pas que les enfants y touchent sous peine d'attraper le syndrôme du "Cocamachodébile".

Et bien, à ces gens là, j'ai juste envie d'écrire une petite prescription pour les soigner de leurs a priori grotesques sur les méfaits du cinéma sur nos chères têtes blondes, brunes et rousses: une heure quarante-deux minutes des Nouveaux Héros, sorti en février dernier, jusqu'à disparition des symptômes de langues-de-vipérite. Parce que ce film de Disney, que je n'ai malheureusement vu que récemment, va leur prouver par A+B que non seulement ils ont tort, mais également que si nous pouvions transmettre à nos enfants toutes les belles idées que contient ce film, le monde deviendrait formidable.

Rapidement, qu'est ce que c'est que ce film: A San Fransokyo (un rêve de ville, hybride de San Francisco et Tokyo), Hiro, un petit génie de l'électronique utilise ses talents à gagner de l'argent aux combats de robots. Son grand frère, Tadashi, compte bien lui montrer qu'il pourrait en faire quelque chose de bien plus intéressant et l'invite à visiter l'atelier high tech de la fac dans laquelle il étudie et à rencontrer ses camarades, tous plus geeks et sympathiques les uns que les autres. Il en profite également pour lui présenter le projet sur lequel il travaille: un robot infirmier nommé Baymax, un Bibendum aux petits soins pour ses patients. Mais la tragédie couve et Hiro va devoir prendre des décisions importantes et devenir un héros.

Ce film, c'est juste une petite merveille, et vous allez voir, ça explose tous les vilaines idées pré-conçues des détracteurs du film d'animation.

1. "Ca rend bête"


Qui sont les nouveaux héros? Des scientifiques hyper inventifs, un labo de jeunes chercheurs philanthropes qui prouvent une nouvelle fois, si c'était encore à prouver, qu'être un geek, c'est pas que jouer avec des technologies rigolotes. Ca peut être bien plus cool que ça: être un scientifique, ça peut aussi vouloir dire qu'on essaie de trouver les moyens de rendre le monde plus beau, plus pratique, plus fun et parfois même plus humain (parce que l'invention au centre du film, c'est quand même un robot infirmier).

Ce qu'il y de génial dans ce film, c'est qu'on parle de super héros. Mais des super héros qui ne sont pas nés avec de super pouvoirs: ils se les sont fabriqués. La génération DIY est en marche, c'est pas beau, ça?

Un film qui donne pour modèle des étudiants brillants et passionnés, qui oeuvrent pour le bien de l'humanité, quelqu'un trouve quelque chose à y redire?

Alors non, ça ne rend pas bête, et si ça peut créer des vocations, youpi youpla boum!

2. "Ca donne une mauvaise idée de la femme"

Dans la bande des nouveaux héros, il y non pas 1 mais 2 personnages féminins, aussi cools et différents l'un que l'autre. Parce que oui, y'en a un peu marre que dans une bande, la fille soit juste caractérisée comme étant "la fille" et qu'il n'y ait qu'un modèle auquel pourrait souscrire une petite fille. Car, comme pour les garçons, ils sont multiples. Mais là, en plus, elles sont tous les deux scientifiques, ce qui montre au petites filles qu'elles sont pas obligées de se cantonner au littéraire et qu'elle sont tout aussi inventives et techniques que les gars, non mais!


L'une d'elle, c'est Gogo Tomago, une dingue de vitesse et de physique, bien féministe, qui ne rêve que de défier la vitesse de la lumière. Son moto: "Woman up!" La classe absolue!



L'autre, Honey Lemon, est une grande fille à lunettes, fan de rose et de chimie, parce que oui, on peut être girly si on en a envie et tabasser grave dans un labo scientifique, même pas peur!



Du coup, on se retrouve avec 2 super modèles féminins, ce qui montre aussi aux femmes de demain qu'elles ont la liberté de s'exprimer telles qu'elles sont, et que l'intelligence, le courage et la technique n'ont rien à voir ni avec leur manière de s'habiller, ni avec leur caractère personnel.

J'ajoute à cela une super tante jeune qui tient un café, et qui élève seule deux gamins, et qui sait toujours les soutenir.

Et ben si je pouvais en avoir au moins autant dans la plupart des films destinés aux adultes, je me sentirai comblée.

3. C'est régressif/ c'est pas réaliste



Sans vouloir trop spoiler le film, il faut savoir que Hiro va vivre une expérience très douloureuse, et qui fait grandir d'un coup, celle du deuil.

Ceux qui ont déjà dû aborder le thème de la mort et de la perte d'un proche avec un enfant savent combien c'est délicat. Et bien ici, le film s'en sort très bien et est très émouvant (ce qui, comme d'habitude avec moi, équivaut à un jerrycan de larmes).

On ressent la colère d'Hiro face à cette injustice, et on découvre qu'il faut du temps pour s'en remettre, et être bien entouré, même quand on aurait plutôt envie d'être seul. On découvre aussi qu'on n'oublie jamais les êtres disparus, ni ce qu'ils nous ont enseigné, mais qu'on doit peu à peu réapprendre à vivre.

Alors non, la vie n'est pas toujours rose, elle est parfois même une fieffée garce, mais elle vaut la peine d'être vécue. C'est souvent une leçon qu'on met longtemps à comprendre, même pour des adultes... Et qu'un film de Disney nous aide à ça, ben moi je trouve ça génial.



4. "C'est trop violent"



Je ne suis pas sûre que faire croire à un enfant que la violence n'existe pas soit très bénéfique. A mon avis, il va comprendre que c'est faux très très vite. Mais lui démontrer que la violence n'est pas une bonne solution, et qu'elle ne fait souvent qu'engendrer la violence, parfois au prix de victimes collatérales, ça me semble pas mal du tout.

La morale des Nouveaux héros est en cela assez édifiante. On nous fait comprendre que la colère est compréhensible, tout comme le désir de vengeance. Mais que la mise en pratique de cette vengeance n'engendre que de nouvelles injustices et une violence sans fin. Personnellement, je n'avais pas vu de film qui dénonce autant la loi du Talion depuis Dead man walking. Encore une fois, le propos et l'histoire sont intelligents, et tout sauf manichéens: il n'y a pas de "méchants" à proprement parler (sauf peut être une grosse multinationale), il y a juste des gens blessés, qui ne réagissent pas de la bonne manière à la douleur qu'on leur cause.

Alors quand nous, les adultes, on aura compris ça, on pourra peut-être se permettre de critiquer les films d'animation.

5. Et si t'es toujours pas content, je peux plus rien faire pour toi



Parce qu'en plus d'être intelligent, juste, très émouvant, ce film est hyper fun. Les gags sont très drôles, les personnages bien campés, les références rigolotes, les inventions très enthousiasmantes, les répliques parfaites (je suis morte de rire rien qu'à me remémorer le "hairy baby") et Baymax est trop choupinou d'amour. Alors pour cette fois, n'hésitez pas à planter votre gamin devant un écran. Faites même mieux: rejoignez-le, parce que même nous, on a encore tout à apprendre...







8 commentaires:

  1. Je te comprends,il y a toujours des gens pour critiquer. Je ne pense pas que les films d'animation soient abêtissants ou quoi que ce soit mais ce n'est pas mon genre comme certains n'aiment pas tel ou tel style de films. Et je comprends que les gens aiment et j'en regarde aussi de temps en temps.

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    1. Je peux comprendre qu'on ne puisse pas trop aimer les regarder (même si y'a tellement de films différents dans le film d'animation, qu'il y en a forcément qui peuvent plaire). Ce qui m'énerve, c'est les gens qui pensent que "les dessins animés" abrutissent systématiquement les gamins, comme si la différence entre le cinéma d'animation et le cinéma en prise directe était forcément l'intelligence supérieure du dernier...

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  2. Ouiiii j'adore ton article, tellement juste et qui remet bien les points sur les i ! Effectivement, un excellent film, un des meilleurs de cette année selon moi, très réussi esthétiquement et surtout avec une réflexion profonde derrière, un beau message. Et moi j'ai pleuré comme une madeleine, je n'ai pas honte !

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    1. Merci, c'est vrai qu'il est vraiment beau ce film et que rien qu'à revoir la bande annonce j'ai eu un petit pincement au cœur. Pas honte de pleurer comme une madeleine non plus. A ma décharge, pour une fois, j'étais pas la seule (parce que oui, je chiale à peu près sur un film sur deux...)

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  3. Pinaise t'es remontée comme un coucou!
    "Coucou ! Dans la forêt y a un coucou qui chante,Coucou ! Moi j'aimerais voir ce coucou chanter." Désolée je n'ai pas pu m’empêcher d'en rajouter une couche sur Chantal. Mais à quoi/qui doit-on un tel état?
    Pour moi la plus cruchonne c'est la Belle au bois dormant mais je ne voudrais pas t'énerver davantage...^^
    "la génération DIY est en marche pouah...tu ne perds pas ton sens de l'humour même quand tu es vénère. Bon bah j'avais pas trop envie de le voir et puis comme par magie Girlie cinéphilie dégaine son article et bam: C-O-N-V-A-I-N-C-U-E!

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  4. Rha t'as raison, la belle au bois dormant, elle est quand même bien quiche!
    Tu me connais, je suis un peu à fleur de celluloid, alors dès qu'on s'attaque à des trucs que j'aime bien avec des arguments bidons, je me transforme en Hulkette.
    Mais je t'assures, si tu peux, vois ce film, il est drôle et d'une délicatesse folle. Conseil pratique: prévois la boîte de mouchoirs pas loin.

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  5. Ça c'est du bel article ! Bien argumenté et fouillé ! J'aimerai bien en lire plus souvent !
    Honnêtement j'ai juste un problème avec les graphismes, j'adore la 2D et son allure de tableau minutieux. Ma référence reste Le roi et l'oiseau. Ce qui ne m'a pas empêché de voir et adorer Shaun le mouton ! Je vais finir par voir celui-là ;)

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    1. Merci beaucoup, ça me touche d'autant plus que je passe pas mal de temps à essayer de décrypter ce qui fait que j'ai, ou pas, apprécié un film (parce que des fois, c'est bizarrement pas si évident que ça).
      Personnellement, j'aime tous les films d'animations du moment qu'ils sont bien faits, même si j'avoue avoir une véritable tendresse pour les marionnettes (Jim Henson, mon héros). Et dans celui-ci, l'animation est très jolie, en particulier sur les expressions faciales des personnages, très bien rendues.
      En tous cas, je suis ravie de t'avoir convaincue, j'espère que tu aimeras le film!

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