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vendredi 1 avril 2016

Hallucinations collectives: Soirée animokatak: du poil et des antennes!

Me voilà de retour après une fin de semaine complètement dingue passée aux Hallucinations collectives. J'en reviens la tête chargée d'images et je suis complètement lessivée (à tel point qu'à ma grande déception, une énorme migraine m'a empêché de voir le film de clôture, que j'attendais pourtant beaucoup- et à en croire môssieur, y'avait de quoi, High Rise de Ben Wheatley). Bref, après cette surconsommations de films hallucinatoires, me revoilà pour vous parler de la sélection. Dans les jours à venir, vous aurez donc une petite rétrospective des films que j'y ai vus, même si je garde de côté pour leur sortie française les chroniques sur les films qui sont prévus pour bientôt (parce que c'est pas très gentil de spoiler avec plusieurs semaines d'avance).

On commence aujourd'hui par un petit rapport sur une soirée assez sympathique: la soirée Animokatak.  Comme l'indique son titre que perso, j'adore (toi qui as lu cette chronique, tu comprends pourquoi), cette soirée était consacrée à deux films mettant en scène des animaux pas très sympa, avec une sacrée dent (enfin, défense ou mandibule, c'est selon) contre l'humanité. Au programme, le film culte australien Razorback sur un sanglant sanglier géant, et Phase IV, le film d'invasion fourmilière de Saul Bass. Un programme qui donne envie de se désinscrire de WWF et de prendre des actions chez Baygon.

Razorback, Russel Mulcahy, 1984



Pour moi, un grand mystère régnait autour de ce film. J'en avais entendu parler depuis longtemps, par papa Girlie Cinéphilie, qui avait souvent évoqué une séance de cinéma particulièrement intense, une plongée dans l'enfer du bush australien. En bonne fille à papa que je suis, il me tardait de voir ce film qui m'avait déjà marqué sans le voir. J'étais donc ravie que les Hallus le programment, et en 35mm original, s'il vous plait, peut-être la même copie que celle qui avait fait tripper le géniteur, si ça se trouve...

Razorback, c'est l'histoire d'un sanglier géant terriblement destructeur, au fin fond du bush australien. Et oui, l'Australie, qui était déjà fournisseur officiel des bébêtes les plus terrifiantes de la planète (me lancez même pas sur l'ornithorynque), avait-elle besoin d'un sanglier de la taille d'un rhino, à la puissance Godzillesque, et à la cruauté sans limite (pire que le dingo d' Un cri dans la nuit, non seulement il enlève des bambins, mais en profite aussi pour refaire la déco en mode bulldozer)? Peut-être pas, et c'est pourquoi le pas tout jeune Jake Cullen a voué sa vie à lui faire la peau. Et si l'arrivée d'une journaliste américaine défenseuse des animaux va compliquer les choses, le danger que représente ce double maléfique de Pumba n'en sera que plus grand.



Russel Mulcahy a été choisi pour réaliser ce film. Il était alors surtout connu pour avoir réalisé des clips pour Kim Carnes, Bonnie Tyler et surtout pour Duran Duran. Et comme je suis une bloggueuse consciencieuse qui fait des recherches sur youtube, je ne peux résister au plaisir de partager avec vous une petite parenthèse vidéo-musicale.

 
Vous comprendrez donc que l'esthétique de Razorback reflète parfaitement son époque: ça claque, les couleurs pètent. Il y a définitivement un côté très clippesque dans la réalisation et le montage de ce film, que l'on retrouvera dans le long métrage suivant de Mulcahy, Highlander.
 
J'avoue que je suis assez partagée sur ce film. Autant j'ai trouvé que de nombreuses scènes étaient très impressionnantes (un mobil home qui se déchire littéralement, emportant un téléviseur loin de son malheureux téléspectateur), et j'ai assez adhéré au délire foutraque qu'on retrouve notamment dans une scène de rêve au décors splendides. Comme souvent, la violence animale est bien là pour souligner la violence humaine qui ici, est pas évoquée à moitié (mention spéciale au méchant, David Argue, une sorte de Sid Vicious boucher vachement vicieux). Et puis on vit une véritable ré-immersion dans les années 80: on est vraiment dans l'esthétique d'une époque, et le fait de le revoir en pelloche, avec l'image qui bouge et qui craque un peu rajoute à la nostalgie.
 
En revanche, j'avoue avoir eu pas mal de soucis avec le montage pas très facile à suivre ((je me suis demandé à plusieurs reprises où l'on se trouvait dans l'espace filmé) et parfois pas très dynamique. Et on peut déplorer un jeu d'acteur un peu trop exagéré à mon goût, mais bon, comme le reste du film est très over-the-top, on s'en arrange.
 
 
 
Non, le vrai problème, c'est la bébête. Je ne sais pas si cela vient du fait que je venais de voir le magnifique documentaire Le complexe de Frankenstein sur la création de monstres sur grand écran (on en reparle bientôt, un des mes coups de cœur du festival), mais j'ai été pour le moins déçue par l'aspect du terrible sanglier. Autant quand Mulcahy utilise la caméra subjective, on y croit, quand le sanglier est immobile, ça fait un peu taxidermie, mais ça passe. Mais quand il est censé se déplacer, et qu'on sent les accessoiristes tirer ou pousser la grosse peluche, j'avoue que ça gâche un peu tout. C'est dommage, parce que dans la suggestion, ça fonctionne plutôt bien...
 
J'ai tout de même passé un très bon moment dans l'ensemble et tout cela m'a replongé à une époque bien lointaine où il m'était strictement interdit de voir ce genre de films. Ca m'a donné envie d'ouvrir un paquet de Treets en buvant du Tang (si tu comprends pas cette phrase, c'est que tu es trop jeune), de me caler au fond du fauteuil rouge et de profiter au maximum de cette belle séance.
 
 
 
 
Phase IV, Saul Bass
 

 
 Après le gigantisme, on passe chez les minuscules. Oubliez tout ce que Fourmiz et 1001 pattes ont voulu vous faire croire: les fourmis ne sont pas du tout des animaux sympas. Ce sont des êtres foutrement bien organisés, intelligents nombreux et capables de se liguer entre plusieurs espèces. Et, dans un futur proche des années 70, elles ont juré de conquérir le monde! 
 
 Mais c'est sans compter la vigilance du biologiste Dr Hubbs qui a bien compris que quelque chose de louche se tramait chez les tites bètes, et qui, accompagné du jeune mathématicien Dr Lesko, compte bien les arrêter en montant un laboratoire high-tech comme rempart à la barbarie des insectes.
 
 
 
C'est le seul long métrage de Saul Bass, surtout connu pour ses mythiques scènes de générique, pour Preminger, Hitchcock ou Scorcese. Mais l'équipe des Hallu a brillamment mis en valeur le travail de Ken Middleham, qui n'est crédité au générique que dans la deuxième équipe comme réalisateur des séquences avec les insectes.
 
 Mais si le film est aussi prenant, c'est pourtant surtout grâce à Ken Middleham. Les scènes qu'il a réussi à filmer sont absolument incroyables. On réussit à voir différentes espèces de fourmis dans un même plan, et elles semblent même converser. On a du mal à y croire dit comme ça, il parvient à filmer des insectes comme de véritables acteurs: on a l'impression de voir ces fourmis réellement incarner des personnages et être dirigées de main de maître. C'est absolument fou, on leur prête sans hésiter des intentions, des conflits, une âme et on n'a pas du tout l'impression d'être dans un documentaire animalier. Je dois avouer que j'ai été complètement soufflée par ces scènes, je n'avais simplement jamais vu une chose pareille, même Microcosmos laisse froid à côté de cette réussite époustouflante.
 
 
 
Côté humain, j'avoue avoir été plus déçue, d'abord parce que l'interprétation, tout comme les personnages, ne sont pas des plus passionnants. Mais j'ai tout de même été très sensible à certaines idées très visuelles et propres à imprimer durablement la rétine: des corps "percés" par des fourmis, des projections d'insecticide colorées, un laboratoire futuristes, des piliers annonciateurs d'apocalypse, il y a quand même de quoi se repaître l'œil.
 
Une nouvelle fois, on est plongé dans une époque, les années 70, et en particulier la SF des années 70. Du coup, on est face à un futur vintage pour lequel j'ai toujours un petit faible. Et même si la fin du film me déçoit un peu, on ne peut pas nier qu'elle est complètement symptomatique d'un courant de pensée très 70's.
 
 
 
Dans l'ensemble, on passe tout de même un excellent moment devant cette rareté et encore une fois, les scènes avec les insectes sont tellement fabuleuses qu'elle méritent à elles seules de découvrir ce projet complètement dingue.
 
 
 
 
 







10 commentaires:

  1. Bel article Girlie, je t'envie pour les 2 films ! Je me souviens avoir vu RAZORBACK lors de sa sortie en salles. C'était le plein boom d'AVORIAZ et le début des années 80 regorgeait de pépites comme BRAINSTORM, DEAD ZONE, BUCKAROO BANZAÏ et ce RAZORBACK, vendu comme un JAWS dans le bush Australien (et qui m'avait impressionné à l'époque).

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    1. Merci, c'est vrai que c'était quand même un sacré privilège de pouvoir voir ces 2 films.
      Toutes les personnes qui ont vu Razorback à sa sortie (dont mon père, ce cinéphile)semble faire état d'un vrai choc esthétique. C'est d'ailleurs Christophe Lemaire qui nous l'a présenté, nous racontant comment Christophe Ganz avait réussi à resquiller l'entrée à Cannes et regarder le début en cachette, et combien il avait été enthousiasmé par le peu qu'il avait alors vu :-)

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  2. Elle est balèze Girlie Cinéphilie.
    La thématique de sangliers géants destructeur n'est pas (du tout) ma tasse de thé, pourtant elle parvient toujours à titiller l'intérêt & la curiosité...
    T'as vu maintenant je suis obligée de parler de toi à la troisième personne.^^
    C'est ça ton secret, un papa cinéphile?
    En tout cas, ce que j'apprécie particulièrement chez toi c'est ta curiosité sans limite et l'éclectisme de tes goûts & choix Bon un peu creepy parfois les choix mais ce c'est ce qui fait ton charme.
    J'espère que la méchante migraine n'est plus qu'un lointain souvenir.
    Belle journée

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    1. Ahaha! Merci ;-) C'est peut-être ma mission sur cette terre: sensibiliser la planète à la thématique des sangliers géants destructeurs :-D
      Je ne sais pas si l'on peut dire que papa Girlie cinéphilie peut être considéré comme un cinéphile au sens traditionnel du terme, mais si Girlie cinéphilie apprécie autant les films de genre (du western à l'action en passant par l'horreur), il n'y est certainement pas étranger. J'imagine que c'est à lui que je dois attribuer une grande partie de mon charme ;-)
      La migraine est bien terminée, merci beaucoup, mais je lui en veux beaucoup de m'avoir fait raté mon rdv avec Tom Hiddleston... Damn you Migraine!
      Belle journée à toi aussi!

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  3. C'est moche pour High-Rise :(( Bon tu te rattraperas quand il sortira. Sinon ces deux films ont l'air bien sympas, je suis assez tentée même si les bestioles géantes ont une nette tendance à me faire flipper.

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    1. Je compte bien me rattraper dès ce week-end!
      Effectivement, on passe un très bon moment avec ces deux films. Et bizarrement, la bestiole géante fait finalement moins peur que les hordes de fourmis hyper intelligentes

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  4. Jolie éducation !
    Rahh j'ai tellement de lacunes en horreur kitsch, je me suis arrêtée à l'attaque de la moussaka géante -_-. Tu seras mon guide dans ces ténèbres délicieuses !

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    1. Heureusement que Maman Girlie Cinéphilie était là pour insuffler le côté Girlie!
      Ah, l'horreur kitchouille au bon goût de moussaka, c'est toujours un bonheur! En revanche, si Razorback s'en approche un peu aujourd'hui (la faute à son esthétique so 80's), Phase IV n'est pas si kitsch que ça. Au contraire, je trouve que les parties avec les insectes, qu'on aurait tendance à faire aujourd'hui en 3D et qui vieilliraient peut être pas super bien, sont vraiment épatantes. Et le film y gagne beaucoup à la fois en profondeur, mais aussi en potentiel flippant.

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  5. Ce festival à l'air super intéressant ! J'ai hâte de lire la suite des articles :)
    Je ne connaissais absolument pas Phase IV mais tu as éveillé ma curiosité (et mon copain est un amoureux des fourmis) j'ai très envie de le voir, surtout pour les scènes des petites bébêtes !

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    1. Ah si tu as un fan de fourmis avec toi, c'est le film à voir! Même moi qui suit pas une immense adoratrice de ses petites bébêtes, je les ai trouvé dignes d'un oscar d'interprétation!

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