pelloche

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mercredi 21 septembre 2016

Le livre de la jungle: sauvage et vintage



Grâce au site Cinétrafic, j'ai eu la surprise de découvrir le film Le Livre de la jungle, qui sort en DVD. Alors pour couper court directement aux interrogations, on ne parle pas ici du dessin animé de Walt Disney (dont je suis une fan absolue, c'est sans conteste mon Disney préféré). On ne parle pas non plus film récent de Jon Favreau. Et on ne parle pas non plus la version de 1995, avec le musculeux Jason Scott Lee et la toute jeune Lena Headey (ouais, Cersei!).

Le livre de la jungle dont on va parler aujourd'hui, c'est le tout premier, celui de 1942, de Zoltan Korda, avec la jeune superstar indienne Sabu. Un classique donc, que je n'avais toujours pas vu, et ce DVD est bel et bien arrivé pour me permettre de parfaire ma culture cinématographique.



Remettons d'abord le film dans son contexte. En 1942, les frères Korda (Zoltan et Alexander) décident de produire une adaptation (pas tout à fait fidèle) du roman de Rudyard Kipling avec, en vedette, leur jeune révélation: l'acteur indien Sabu, leur atout charme et exotisme. Il faut dire que suite au succès du voleur de Bagdad, ce dernier récolte une certaine célébrité et les frères Korda trouvent dans Le livre de la Jungle le personnage parfait pour mettre en avant leur poulain. Parce que Sabu, fils d'un monteur d'éléphants, est très à l'aise avec les animaux. Parce que le rôle de Mowgli, l'enfant sauvage, est parfait pour mettre en valeur le physique très avantageux du jeune éphèbe qui n'est pas très pudique. Parce qu'il est indien, comme le personnage et que pour une fois, on n'est pas obligé de le maquiller (et oui, c'est les années 40, hein). Avec le Voleur de Bagdad, ils avaient déjà pu constater que le film à grand spectacle (ils avaient quand même eu les faveurs du génie des effets spéciaux Ray Harryhausen) et à tendance orientaliste était en vogue. C'était donc le succès assuré. Et ça l'a plutôt été, le film a même été nommé pour 4 oscars.

Qu'en est-il alors aujourd'hui? Alors c'est vrai, on doit bien dire que certaines choses n'ont pas bien vieilli du tout. En premier lieu, le casting qui, à l'exception de Sabu, n'est absolument pas indien, et tartiné au terra-cotta pour faire couleur locale. Alors oui, c'est complètement inhérent à l'époque, mais ça ne passe plus bien du tout, surtout si cela s'ajoute à une vision assez coloniale des Indes Britanniques (l'Inde ne sera indépendante que 5 ans plus tard) où une jeune femme britannique va être l'auditrice du vieux conteur Bulldeo qui va lui narrer les aventures de Mowgli le petit d'hommes. Mais avouons-le tout net: pour l'époque, il y a quand même bien pire. Le livre de la jungle a tout de même le mérite d'avoir un Indien dans le rôle principal et de proposer une morale poussant au respect de la nature.
Parmi les autres aspects très 40's du film, il y a l'insertion d'images d'archive. Parce qu'il est bien clair que tout se passe en studio et lorsqu'on voit dans différents plans à la fois la savane et la jungle et divers animaux, on comprend rapidos qu'il y a eu du pillage de docu animalier. Heureusement que le film possède aussi une véritable ménagerie en studio, parce que c'est parfois à la limite du ridicule.

Autre élément très vintage mais que personnellement, j'adore: les décors peints. Le film a en grande partie été tourné en studio. Du coup, pour figurer la perspective luxuriante de la jungle, on a fait appel à des décors peints en fond. Et ils sont tout simplement sublimes: colorés, délirants, ils donnent une véritable dimension féérique à ce joli conte. Vraiment, loin d'être ridicules ou dépassés, ils confèrent une dimension poétique que je trouve bien supérieure à de nombreuses compositions numériques de décor qui sont aujourd'hui parfois assez dégueulasses. Ils m'ont complètement séduite, d'autant qu'ils sont mis en valeur par un somptueux technicolor qui éclabousse joyeusement l'œil.



En dehors de cela, le film a un véritable charme enchanteur, qui tient plus à son atmosphère qu'à son histoire. Faut dire que le scénario est assez éloigné du livre d'origine pour se baser surtout sur le retour parmi les hommes de Mowgli, et la leçon de la jungle qu'il va apporter une communauté vérolée par l'appât du gain. C'est plutôt une bonne idée en soi, parce que les scènes avec les animaux sont difficiles à faire sur tout un film, c'est donc compréhensible de confronter plus Mowgli à ses pairs humains, mais le scénario comporte quelques faiblesses de rythme malheureusement.

Pour autant, les scènes dans la jungle avec les animaux sont clairement les plus réussies. Et effectivement, Sabu y est pour beaucoup. Il a une telle aisance à jouer avec les animaux qu'on croirait vraiment qu'ils conversent ensemble, il tient parfaitement le film sur ses jeunes épaules. Les animaux, eux, sont tous formidables, qu'il soient réels (Bagheera ou les loups) ou animés (le joli Kaa) s'intègrent parfaitement au récit, parlent sans qu'on en soit même surpris, et on se prend au jeu, tout à l'envoûtement de cette jungle féérique où homme et animaux cohabitent en symbiose avec la nature.



Le DVD

N'ayant reçu qu'une copie du DVD de distribution, il m'est difficile d'évaluer à sa juste valeur le DVD édité par Elephant classic films et sorti le 9 avril 2016. Je peux dire en tous cas que l'image est assez belle et met parfaitement en valeur le travail de restauration de ce film, dont les couleurs sont éclatantes.
En bonus, la bande annonce et un court-métrage documentaire sur Sabu qui promettait d'être assez intéressant, mais que je n'ai pu regarder jusqu'au bout, le DVD étant défectueux à cet endroit. C'est le genre de bonus que j'aime bien, notamment lorsqu'on parle de "cinéma classique". Cela permet de bien remettre le film dans son contexte et d'en comprendre l'impact à l'époque, mais ça repait aussi mon petit côté midinette, qui aime bien en savoir un peu plus sur les people des temps passés.

Si après ça, vous voulez revenir aux films d'animation ou autres productions Disney, vous trouverez sûrement votre bonheur en suivant ces liens.





12 commentaires:

  1. Ce film vintage me tente bien.
    Bisous à toi!

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    1. C'est vraiment une très joli film délicieusement suranné

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  2. Merci pour ce petit rafraichissement de culture C! Je dois avouer que tu m'as conquise avec l'évocation de ces décors! Bien que je ne sois pas une grande fan du Livre de la Jungle je vais me laisser tenter!

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    1. Je suis contente que ce soit cet élément qui t'ai convaincue, parce qu'ils sont vraiment magnifiques!

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  3. J’aime beaucoup tes petites touches d’ironie, chère Girlie ;-)
    Et en plus, j’apprends des choses grâce à toi car je n’ai jamais vu cette version (qui passe parfois sur le câble).
    Et comme toi, je suis accro à la version Disney qui est mon préféré dans les classiques des studios !

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    1. Petites, les touches d'ironie, on m'a connue plus mordante, mais ce joli film m'a assez émerveillée pour m'adoucir, il faut croire (ceci dit, cette année, je me rends compte que je n'ai pratiquement pas écrit de méchancetés, il faut croire que 2016 est un très bon cru ou que je sais mieux choisir mes films).
      Rhalala, la version Disney, je crois que c'est un de mes meilleurs souvenirs de cinéma, je suis en particulier fan des vautours beatlesques.

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  4. Un film indien du Livre de la Jungle? Mazette, je ne savais pas que Bollywood s'y était attaqué! et ce n'est que justice, après tout, ça se passe sur place... ton article m'a bien donné envie, même si, comme toi, le Livre de la Jungle ça reste pour moi Kaa avec la voix de Roger Carel, Sherry Khan et Baloo estampillés Disney.

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    1. Ah non non, ce n'est pas un film Indien. En fait, seul le jeune Sabu est indien, le reste est une production britannique et américaine. Mais un acteur indien dans le rôle principal d'un tel film dans les années 40, c'est déjà presque un summum de progressisme. Rhaa l'hypnotissssssssme de Kaa!

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  5. Pfff je lis ta critique à haute voix à Môsieur afin qu'il en profite (parce que la version Disney, je crois pas mais je suis sûre que c'est un de ses meilleurs souvenirs de cinéma) et il n'arrête pas de s’exclamer " c'est ça!", "Elle a trop raison!"...^^
    Sabu, moi je l'ai vu dans le Narcisse Noir, un chef d’œuvre pour tous mes amis et qui, je dois l'avouer, m'a bien gonflée. Après cette lecture de cette critique très instructive as usual, je me dis que ce n'est pas un film pour moi mais j'ai appris plein de trucs et puis tu as donné envie à Môsieur de voir le film alors merci!

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    1. Tu remercieras môsieur pour son indéfectible soutien. Cela fait rudement plaisir!
      Je n'ai jamais vu le Narcisse Noir, mais j'imagine que dans un tel film, Sabu était loin d'avoir le premier rôle. Au moins là, on peut profiter de sa présence, je le trouve assez impressionnant de naturel et d'aisance.

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  6. J'adore les films vintages et surannés.
    Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!

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