pelloche

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jeudi 15 décembre 2016

Le BGB: GACMÉ

Source: Metropolitan Filmexport

Grâce au site Cinétrafic, j'ai découvert en DVD le dernier film de Steven Spielberg, un réalisateur de films emblématiques: Le BGG. Ici, tonton Stevie s'essaie à deux exercices périlleux: celui de l'animation de personnages en 3D et celui de l'adaptation d'une œuvre très célèbre de Roald Dahl, l'écrivain préféré des enfants et des cinéastes, Le Bon Gros Géant. Un défi qui ne fait pas peur au papa de Dreamworks, ni à celui qui a adapté d'autres romanciers à succès comme Crichton ou Morpurgo.

Comme beaucoup, j'imagine, mon enfance a été bercée par les romans de Roald Dahl. Je les ai pratiquement tous lu, et j'avais une grosse préférence pour Sacrées sorcières et le Bon Gros Géant. Il y avait là-dedans tout ce dont peut rêver une gamine avide d'histoires: du merveilleux, du rêve mêlé à un monde tout à fait quotidien, foisons de jeux de mots, de l'humour parfois pipicacaprout (le plus fendard à l'école primaire, comme en atteste le succès toujours vivace de Toto), des illustrations super sympas par Roald himself, qui savait si bien croquer les nez biscornus des sorcières, des aventures et des barres de rire en masse. Roald Dahl, c'était aussi une de mes premières initiations à la culture britannique: on y retrouvait souvent Londres, la reine, le thé. Quant au Bon Gros Géant en particulier, je l'ai lu plusieurs fois, sans que cela ne devienne moins amusant, découvrant à chaque lecture de nouvelles raisons de rire et de m'émerveiller. Du coup, comme souvent quand on aime beaucoup un livre, j'avais un peu peur que Steven Spielberg, malgré son talent pour les films familiaux, ne me gâche ces fabuleux souvenirs par une adaptation mal foutue, et je ne pouvais m'empêcher d'avoir quelques appréhensions. Mais quand Cinétrafic m'a proposé de le découvrir, j'ai quand même sauté sur l'occasion trop belle de retrouver ce Bon Gros Géant, curieuse de voir ce que Spielberg avait pu en faire.

Source: Metropolitan Filmexport


Pour ceux qui seraient passé à côté, (et dans ce cas là, que vous décidiez ou non de voir le film, je vous conseille vivement la lecture du roman de Roald Dahl), Le Bon Gros Géant raconte la rencontre, une nuit, d'une petite orpheline, Sophie et dudit géant, qui au départ ne semble pas si bon que ça, puisqu'il enlève la gamine sans lui demander son avis. Mais Sophie se rend vite compte qu'il s'intéresse bien plus à tromper sa solitude que sa faim, puisqu'il ne se nourrit presque exclusivement de schnockombres (comme des concombres, en vachement moins ragoûtant). Il deviennent donc amis et c'est ainsi que le géant obtient son titre de BGG. Sophie découvre le métier de chasseur et insuffleur de rêves de son copains grand format, mais fait aussi la rencontre effrayante de ses compatriotes du pays des géants, à l'appétit nettement moins végétarien.

Je dois dire que dans l'ensemble, même si je garde quelques réserves, j'ai été assez charmée du résultat. D'abord parce que j'ai trouvé que l'univers de Rald Dahl était plutôt bien respecté (et c'était une crainte majeure pour moi de voir le king du ciné US dénaturer l'empereur de la littérature enfantine UK). Le géant, interprété par un Mark Rylance boosté aux images de synthèse ressemble parfaitement au grand monsieur dégingandé à grandes oreilles des illustrations du livre. On a vraiment l'impression de le retrouver tel qu'on l'avait quitté. Et en plus, il a une voix! Et quelle voix: un bel accent du sud ouest britannique, bien rural, qui écorche joliment les mots pour en faire des vraies petites œuvres d'art. Parce que oui, on retrouve avec bonheur la langue de Dahl: le frétibulle (frobscottle), les crépiprout (whizzpopping), les hommes de terre (human beans), on se délecte toujours du vocabulaire savourieux (scrumdiddlyumptious) du BGG. A mon avis, l'esprit de Roald Dahl est respecté et le film délivre parfaitement la truculence de son style.

Source: Metropolitan Filmexport


Plastiquement, c'est du Spielberg: du très bel ouvrage dans l'ensemble, en particulier sur les éléments animés. Je ne suis pas certaine que tout vieillira très bien, en particulier les scènes avec les autres géants, mais il y a quelques très belles images, notamment dès qu'on touche à la représentation des rêves. La séquence où le BGG initie Sophie à la châsse au rêve est un véritable modèle du genre: du merveilleux, de l'émouvant et un peu d'épouvante, tout ça avec de simple bulles évanescentes et tourbillonnantes. Bref, globalement, c'est du lourd, une machine bien huilée à injections de John Williams, c'est drôle et tout à fait divertissant pour tous.

Côté interprétation, ça vaut plutôt le détour, pour Mark Rylance, campe un adorable géant, mais surtout pour la très bonne surprise du film, Penelope Wilton, qui après avoir interprété le plus chouette des premiers ministres dans Dr Who (Harriet Jones, Prime minister!), ne se voit confier rien moins que le rôle de la reine. Et elle est, comme à son habitude, irrésistible. Quant à la jeune Ruby Barnhill, qui interprète Sophie, elle est tout à fait à l'aise dans ce rôle de la gamine trop mûre pour son âge. Elle est parfois un peu irritante, mais après tout, c'est aussi le cas de son personnage, donc cela fonctionne plutôt bien.

Source: Metropolitan Filmexport

S'il est bourré de qualité, ce BGG a cependant quelques défauts, surtout au niveau du rythme. Je trouve qu'il a, contrairement à son héros rectiligne, quelques creux et un gros ventre mou. Si l'enchaînement des aventures de Sophie et du BGG fonctionnent très bien à l'écrit, ramassé sur un film, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, des changements de rythmes pas toujours évidents à tenir qui empèsent un peu le film. Et puis, c'est souvent mon problème avec Spielberg, si je reconnais que c'est un très bon réalisateur, efficace et minutieux, je trouve qu'il manque parfois d'une "patte". Et si je n'ai jamais vu un mauvais film de Spielberg, je n'ai jamais été complètement soufflée par ce film (à part peut être pour Munich). Mais rien de bien grave ici, parce que l'ensemble reste de très bonne facture et qu'en ce qui me concerne, j'ai pris pas mal de plaisir à le voir.

Le DVD
Le DVD est sorti le 1er décembre en France et édité par Metropolitan Filmexport.N'ayant reçu qu'une copie destinée à la distribution, sans pochette et sans bonus, il m'est difficile de juger l'objet à sa juste valeur.








5 commentaires:

  1. Je ne l'ai pas vu mais j'aimerais car j'aime Spielberg et Roald Dahl. Cela dit, j'appréhende un peu car les critiques restent mitigées, même la tienne vers la fin est assez similaire avec ce que j'ai pu lire.

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  2. Comme tu le conseilles, je compte d'abord lire le livre.

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    1. Rha oui alors, surtout à Noël, c'est la période parfaite pour lire du Roald Dahl

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  3. "Et puis, c'est souvent mon problème avec Spielberg, si je reconnais que c'est un très bon réalisateur, efficace et minutieux, je trouve qu'il manque parfois d'une "patte". "

    je comprends pas comment on peut rater la patte Spielbergienne qui est présente dans chacun de ses films depuis Duel, ça j'avoue que ça me sidère à chaque fois. Sinon critique intéressante.

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    1. J'avoue ma complète cécité dans ce cas, désolée, mais je serais très curieuse (de manière tout à fait sincère) de connaître ce qui fait la patte Spielbergienne pour toi, parce que je passe vraiment à côté, ça m'aiderait peut être à comprendre ce qui fait que pour moi, ça marche parfois ou... ça me laisse de côté.
      Merci!

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