pelloche

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vendredi 16 décembre 2016

The Stone Roses: made of stones, Manchester reunited



Grâce au site Cinétrafic (où vous pouvez trouver tous les films que vous cherchez), j'ai découvert en DVD le documentaire The Stone Roses, Made of stones, du réalisateur britannique Shane Meadows (surtout connu chez nous pour le film et la série This is England). Comme son nom l'indique, ce film porte sur le groupe Macunien The Stone Roses, figure importante du mouvement Madchester (avec les Happy Mondays).

J'avoue que j'étais plutôt curieuse de découvrir ce film. D'abord, j'aime plutôt vraiment bien les Stone Roses, même si je dois dire que je ne partage pas pour autant l'engouement hardcore de très nombreux fans britanniques qui se damneraient pour un concert du groupe. Il est vrai que comme beaucoup de groupes mancuniens (de Manchester, donc), ils ont réussi à créer une véritable légende. Comme les Smiths, ils ont un chanteur charismatique (même si perso, je trouve que Morrissey a plus de style que Ian Brown - team chemise ouverte et brushing à la James Dean contre team baggy et coupe de playmobil). Comme Oasis, ils sont aussi connus pour leurs guéguerres intestines et leur franc-parler "lad" que pour la délicatesse de leurs compositions. Comme leurs rivaux les Happy Mondays, ils se sont plusieurs fois séparés et quelquefois retrouvés. Et comme la plupart de tous ces groupes, ils ont réussi à créer une véritable horde de fans, bien au-delà des frontières de cette charmante bourgade ouvrière. Sauf que eux ont réussit à le faire en seulement deux albums ( j'ai presque envie de dire un seul album, tant The Stone Roses, l'album de 1989 est mythique).



J'étais donc bien contente de recevoir ce DVD, surtout que c'est un documentaire du presque Mancunien Shane Meadows, qui avait déjà déclaré son amour au rock anglais dans le film et la série This is England. Quand on a proposé à ce dernier de suivre les Stone Roses lors de leur dernière reformation, en bon fan qu'il est, il ne s'est pas fait prier, voyant là l'occasion de réparer une lourde erreur de jeunesse. En effet, lors d'une nuit brumeuse (et pas seulement à cause du temps britannique), il avait, dans un geste (stupide) de panache, donné sa place pour un concert du groupe et n'avait depuis jamais eu l'occasion de le voir sur scène. Ce film, c'est donc la concrétisation d'un rêve de gosse, d'un fan du groupe, et c'est l'angle principal du documentaire (Remarquez que le formidable rockumentaire Anvil! sur le groupe éponyme partait du même principe pour obtenir un des meilleurs docu de ces dernières années). Et cet angle c'est à la fois la force et la faiblesse de Made of Stone.

La force, parce que Shane Meadows fait "son" film de fan. Il n'hésite pas à se filmer, à utiliser parfois la première personne, et sa joie de gamin est assez communicative. Il faut voir son sourire le jour où, pour la première fois, il est convié à une répète de son groupe préféré. On aimerait être à sa place et, grâce à son film, on y est un peu. Mais Shane Meadows n'est pas le seul fan qu'on verra dans le film. Il consacre généreusement son film à tous les autres fans du groupe, notamment grâce à une très jolie séquence qu'il place au milieu du documentaire. Pour leur reformation, Les Stone Roses propose de faire un concert "rien que pour les fans" au Warrington Parr Hall. Le concert est gratuit et accessible pour quiconque vient avec une "relique" prouvant qu'il est bien un adorateur du groupe (t-shirt officiel, place d'ancien concert, album...) et les premiers arrivés sont les premiers servis. Shane Meadows filme la horde de fans quittant tout, travail et enfants, pour revoir leurs idoles se reformer. Il interroge des gens complètement différents qui lui explique ce que les Stone Roses signifient pour eux. La scène, si elle est un peu longue, est assez attendrissante et témoigne de l'histoire d'amour éternelle entre les Anglais et la musique.



L'autre gros point fort de ce documentaire, c'est justement la musique. Pour tous ceux qui aiment les Stone Roses, il y a de très beaux moments. J'ai particulièrement aimé que les répétitions soient filmées. Dans les répétitions, on voit toujours un peu la magie de l'essence de la musique. Comment elle se crée, dans quelle ambiance. Et là, ce sont de vrais petits moments de bonheur: les Stone Roses ont l'air heureux de retrouver leurs instruments, de se refaire la main sur leurs tubes. Ils semblent même avoir composé de nouveaux morceaux (dont on n'entendra malheureusement jamais rien). Il y a aussi de très belles scènes de concert, en particulier celui du Warrington Parr Hall qui célèbre les retrouvailles réjouissantes entre le groupe et son public. Shane Meadows filme aussi le point de basculement "tragique" de son film: un concert à Amsterdam qui tourne court. La séquence est simple et efficace: une scène nue, un micro sans rien derrière et les huées du public déçu, puis le retour sur scène de Ian Brown pour annoncer que Reni, le batteur, a quitté la salle, en profitant pour lui balancer une petite insulte. La suite, c'est une tournée annulée et une énième séparation du groupe. Shane Meadows, avec délicatesse, ne va pas chercher à remuer la mouise en ces temps difficiles et prend un peu de distance avec le groupe, mais cette scène suffit à comprendre beaucoup.


Le point faible découle justement peut-être de cette délicatesse, de ce trop grand respect pour le groupe en tant que fan. Shane Meadows ne veut surtout pas brusquer le groupe, les déranger et filme vraiment à hauteur de fan. Deux problèmes en découlent. Le premier, c'est que cela manque de distance critique. Bien évidemment, Meadows n'est pas là pour critiquer la musique ou l'attitude des Stone Roses, mais quand le documentaire tourne à l'hagiographie, voire au produit dérivé, ça devient un peu gênant.

L'autre souci, c'est que le film manque de ce qui est souvent primordial dans un documentaire: un scénario. Souvent, on s'imagine que parce qu'il y a documentaire, il n'y a pas de scénario. C'est une idée reçue. Bien sûr, il est différent de celui de la fiction, parce qu'il peut évoluer jusqu'au montage final, mais un documentaire se doit tout de même de nous raconter une histoire. Lorsqu'on fait un documentaire, on doit partir avec une idée de ce que cette histoire va être, une intention, disons, même si ce que l'on filme nous permet finalement de découvrir une histoire complètement différente, ce qui est souvent la très bonne surprise d'un documentaire (si vous voulez voir un modèle du genre, je vous conseille vivement An Honest Liar). Mais ici, il semble que la seule intention de Meadows, ce soit d'être payé pour suivre un groupe qu'il aime beaucoup en tournée, et ramener son film de vacances. C'est un peu dommage, parce que ça manque vraiment de récit. Et c'est pour moi là que le bas blesse. Parce que si le film a un vrai intérêt musical (aussi bien les fans que les néophytes pourront s'en foutre plein les tympans), autant j'avoue ne pas lui trouver d'intérêt cinématographique, et c'est bien dommage, parce qu'un groupe aussi mythique que les Stone Roses méritait bien sa mythologie filmée.

Le DVD

Edité par Les films du Paradoxe, et sorti le 15 novembre 2016, le DVD bénéficie d'une jolie pochette cartonnée et d'une bonne qualité sonore (indispensable dans ce cas précis).
Pour les bonus, on est plutôt gâtés, surtout si on est fan des Stone Roses, puisqu'il y en a 1h30: des prises en répètes qu'on ne voit pas dans le film, des moments de concerts inédits, une avant première un peu moins intéressante mais où on apprend que le plus beau moment du producteur était le concert à Fourvière (Lyon) où les spectateurs lançaient leur coussinets sur scène (et là, petite fierté locale).

Outre ce docu, vous trouverez toutes les sorties dvd et vod du moment sur Cinétrafic.






1 commentaire:

  1. J'avoue que j'aime bien les films qui parlent de musique donc ça pourrait m'intéresser :).
    Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!

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